La Naissance du Dragon (Birth of the Dragon - 2016) :
En 1964, alors qu'il enseigne à San Francisco, Bruce Lee (Philip Wan-Lung Ng) apprend que Wong Jack-man (Xia Yu), un artiste martial rival, est arrivé en ville. Persuadé qu'il est l'envoyé des grands maîtres chinois qui s'opposent à sa volonté d'enseigner le kung-fu aux occidentaux, Bruce défie alors Wong Jack-man en duel singulier, sous le regard désapprobateur de Steve McKee (Billy Magnussen), l'un de ses élèves. Car Steve est intéressé par la philosophie de Wong Jack-man, et commence à être déçu par celle, plus agressive, de Bruce Lee. Pire : l'élue de son cœur est aux mains de la pègre locale, et pour la sauver, il doit convaincre un Wong Jack-man réticent d'affronter Bruce....
J'en parlais hier après mon visionnage de Dragon : j'étais curieux de voir ce Birth of the Dragon de 2016, réalisé par George Nolfi (L'Agence, Spectral), et produit par Blumhouse et la WWE (aïe), afin de savoir s'il allait être plus fidèle à la réalité et plus abouti que le Dragon de Rob Cohen.
Pas de chance, c'est tout l'inverse.
Le problème, en fait, c'est que ce métrage, écrit par le scénariste de Nixon, de Ali et de Gemini Man, prétend faire de Bruce Lee son personnage principal, alors qu'en réalité, il en est l'antagoniste : ici, Bruce Lee est arrogant, vantard, jaloux et abrasif, un bully brutal et mesquin qui ne deviendra la légende et le philosophe pacifique que l'on connaît que grâce à l'influence de l'un de ses élèves, inventé pour l'occasion, un white saviour caucasien blond aux yeux bleus qui s'éprend d'une jeune immigrante retenue prisonnière de la pègre locale.
Une approche qui fait gentiment grincer des dents, et place ce personnage au carrefour de l'évolution de Bruce Lee, et de la rédemption de Wong Jack-man, le célèbre maître qui a affronté Lee en duel singulier, et que le film semble bien décidé à présenter sous le meilleur possible, faisant de lui un combattant supérieur à Bruce Lee, plus sage, plus doué, qui laisse Bruce gagner pour lui apprendre une leçon de vie (et ayant, in fine, contribué à faire voir la lumière à ce dernier).
En soi, pourquoi pas, un film évitant de déifier Bruce Lee aurait pu avoir du bon. Mais en faisant tout tourner autour de "Steve McKee" et de Wong Jack-man, le métrage se retrouve presque à mentir sur la marchandise. Oui, Bruce Lee fait partie du film, mais il n'en est qu'un personnage secondaire, limité à ses traits négatifs, et sa "naissance" est en fait une renaissance philosophique dont les deux autres personnages sont à l'origine.
On est donc loin d'un biopic, et ce qui n'aide pas les choses, c'est que les affrontements (notamment le grand duel Lee/Jack-man) sont filmés à l'aide de multiples gimmicks de réalisation : ralentis matrixiens, angles de caméra improbables, accélérés et floutages, effet "je prédis les coups à venir de mon adversaire en surimposition", sauts câblés à la pseudo-signification métaphorique, etc.
Ça gâche parfois gentiment le spectacle, ce qui est d'autant plus dommage que les acteurs sont plutôt bons, martialement parlant, et que les chorégraphies de Corey Yuen ne sont pas mauvaises.
Et puis je ne parle même pas de la structure globale "film de superhéros", qui voit les héros s'affronter aux 2/3 du film, parvenir à un status quo, et faire ensuite équipe pour aller botter le cul des méchants dans un dernier quart cheesy au possible, façon buddy movie, avec one-liners faiblards, et musique symphonico-électronico-rock (qui vire au métal hors-sujet dans le générique de fin).
Un film bancal ne semble donc pas savoir sur quel pied danser : buddy movie léger et humoristique, biopic sérieux et profond, film d'exploitation, etc.
2.5/6 (pour la chorégraphie des combats, principalement)
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
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