Comme le prouvent les deux bilans publiés jusqu'à présent dans ces pages, Final Space n'a pas su totalement me convaincre, jusqu'à présent : produite par Conan O'Brien et chapeautée par Olan Rogers, la série est trop souvent tiraillée entre les désidératas de la chaîne Adult Swim (qui ont largement influencé la saison 2 du programme pour la rendre plus "commerciale"), un trop plein de personnages, les impulsions youtubesques et immatures de Rogers (qui est un pur produit du web), et des variations de ton assez prononcées, marque de fabrique de la série...
Mais comme je l'ai déjà précisé dans ces mêmes bilans, malgré ses errances, Final Space possède un petit quelque chose qui fait qu'on y revient : visuellement très réussie, la série conserve un fond émotionnel intrigant, qui sous-tend systématiquement les enjeux de taille du programme.
Place donc aux 13 épisodes de la saison 3 du programme, à la diffusion fraîchement terminée aux États-Unis, en espérant quelque chose de plus libéré des impératifs d'Adult Swim...
Final Space, saison 3 (2021) :
Pris au piège dans le Final Space, Gary, Bolo et leur équipe tentent de survivre, traqués par les forces maléfiques d'Invictus. Leur seul espoir : s'allier avec un mystérieux survivant humain, emprisonné comme eux dans l'espace fini...
Et pour le coup, difficile de faire plus différent que les épisodes écrits sous mandat des exécutifs, avec leurs sous-intrigues débiles à l'humour absurde et puéril : ici, pour sa saison 3, Olan Rogers semble avoir le champ libre, et il vire totalement de bord, pour retrouver ce ton si particulier du programme, très premier degré et mélodramatique.
Au point peut-être de surcompenser et d'abuser un peu trop de la formule : à partir de la mi-saison, le récit n'est plus qu'un tout ponctué, à chaque fin d'épisode ou presque, d'un moment tragique et larmoyant, où tel ou tel personnage trouve un sort dramatique après un peu d'introspection.
Les ficelles se voient un peu trop, et la série, par moments, finit par ressemble à une suite d'action spatiale épique, de mélodrame très appuyé, et de scènes supposément plus légères avec Tribore et son fils, Quatro (qui ne fonctionnent toujours pas sur moi, désolé).
Après, il faut bien avouer, que l'action et l'épique, la série sait faire : c'est toujours très réussi visuellement, on a droit à un générique d'ouverture assez spectaculaire, l'essaim de Gary-zombies commandée par Invictus évoque la vague d'Annihilation de Marvel (entre autres), et les concepts utilisés sont, globalement, assez ambitieux (portail interdimensionnel, transformation en titan, combats de déités, terres multiples, etc).
Mais parfois, Olan Rogers a les yeux plus gros que le ventre, et cela se ressent directement dans l'écriture du programme : trop de personnages secondaires finissent par éclipser un peu Gary, qui n'existe plus vraiment que dans sa relation avec Quinn ; les révélations sur Avocato et son fils semblent parfois n'être que survolées ; Ash (qui reste une sous-Raven) bascule vers le côté obscur (et devient le bras droit d'Invictus) de manière trop abrupte et jamais vraiment convaincante ; l'inventeur des KVN est largement sous-exploité, alors que son stagiaire (encore un chat !) est trop envahissant ; les Titans sont passés au troisième plan, et très souvent oubliés ; la maladie qui touche tout le monde n'a pas vraiment de conséquences...
Peut-être conscient que ses personnages deviennent trop nombreux, Rogers commence à en éliminer ici et là, comme autant de jouets qui ne l'intéressent plus : Fox devient l'élément moteur de la transformation d'Ash, Bolo tombe sans vraiment impressionner, Clarence revient brièvement pour passer l'arme à gauche en même temps que la moitié des antagonistes tirés des deux premières saisons...
Le tout, à chaque fois, dans des scènes souvent larmoyantes et solennelles, mais finalement assez peu efficaces. Parce qu'encore une fois, Rogers téléphone un peu ses effets : il multiplie les faux happy ends qui se terminent en tragédie, il force l'émotion et le drame, il revient sur Tribore et compagnie pour mettre en place des deus ex, et surtout, quelque part, à force d'enchaîner les moments touchy feely, on finit par se demander si le showrunner ne profiterait pas de la série pour faire une sorte de thérapie - la relation de Gary avec ses parents (de manière globale, les thèmes de paternité/maternité sont récurrents), avec Mooncake (Olan a perdu son chat en 2019 et lui était très attaché), son anxiété, ses crises existentielles, etc...
Bref. La saison 3, dans son ensemble, devrait plaire aux fans de la série, et convaincre un peu plus que la précédente : plus homogène dans son ton et dans son énergie, elle est plus sombre, plus dramatique, plus sincère et plus spectaculaire, tout en apportant un peu de toutéliage agréable avec la saison 1, notamment.
Cela n'est pas sans débordements grandiloquents, certes, comme je l'ai mentionné, et il reste toujours des défauts récurrents découlant d'un dosage approximatif des éléments de la série, et de choix créatifs auxquels l'on adhère ou pas (j'aime bien le psychogun de Gary, très Cobra - même si l'inspiration est probablement plutôt à chercher du côté de Megaman ; je n'aime toujours vraiment pas Tribore, ou encore le doublage d'Invictus) et de personnages sous-développés... mais ça passe relativement bien, et il serait dommage que le programme se conclue avec cette saison 3 et son cliffhanger assez menaçant...
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