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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Halloween Oktorrorfest 2020 - 63 - Sacrées Sorcières (2020)

Publié le 31 Octobre 2020 par Lurdo in Cinéma, Comédie, Critiques éclair, Fantastique, Halloween, Horreur, Jeunesse, Oktorrorfest, Review, USA, HBO Max

Chez les Téléphages Anonymes, de fin septembre à début novembre, on fête Halloween et l'Oktorrorfest, un marathon quotidien de cinéma fantastique et d'horreur...

Sacrées Sorcières (The Witches - 2020) :

En 1968, dans l'Alabama, un jeune garçon (Jahzir Kadeem Bruno) accompagne sa grand-mère (Octavia Spencer) pour un séjour dans un grand hôtel de luxe, où il découvre un couvent de sorcières dirigées par la Grande Sorcière (Anne Hathaway). Leur objectif : distribuer une potion à l'échelle mondiale, et transformer tous les enfants en rongeurs...

Robert Zemeckis. Guillermo Del Toro. Alfonso Cuaron. Kenya Barris : quatre créateurs de talent, dans leurs genres respectifs, auxquels s'ajoute Alan Silvestri à la musique. Roald Dahl et Sacrées sorcières : un roman pour enfants mondialement connu et apprécié et dont la première adaptation (Les Sorcières, 1990), nostalgie aidant, est devenue un semi-classique, globalement salué pour ses effets spéciaux et pour son ton macabre.

Avec tant de talents derrière la caméra, et tant de potentiel, comment expliquer alors que ce remake cette nouvelle adaptation du récit soit à ce point plate et insipide ?

Parce que j'ai beau ne pas forcément être le plus grand fan de la version de 1990, mais je reconnais sans peine que les maquillages et effets signés Jim Henson étaient mémorables (de quoi donner des cauchemars aux plus jeunes), qu'Anjelica Huston faisait une sorcière glaçante et menaçante, et que le tout avait un charme typiquement british plutôt sympathique (et Mr Bean !).

Mais là, rien ne fonctionne vraiment. Déjà, évacuons tout de suite la contribution de Kenya Barris (Black-ish) : je vais peut-être m'avancer, mais je dirais que sa contribution a largement été évacuée au fil des révisions, et qu'il ne reste plus de son apport que le cadre du film (l'Alabama des années 60) et l'ethnicité du héros et de sa grand-mère. Deux facteurs qui auraient pu donner lieu à un propos sur le racisme de l'époque, etc... mais qui n'est pas exploité un seul instant, si ce n'est peut-être en filigrane, pendant quelques secondes, dans les regards du personnel de l'établissement, étonné de voir une afro-américaine avec de l'argent.

Mais c'est tout : peut-être que le premier jet du scénario était plus engagé socialement, et que ça s'est perdu en cours de route... car sinon, il n'y a absolument aucun intérêt dans la transposition du récit dans le sud des USA, dans les 60s. Pire : cela enlève tout le charme british et le flegme du récit original, qui se retrouve bien plat et générique.

Toute la mise en place du récit, avant l'arrivée dans l'hôtel, est ainsi laborieuse et mécanique ; pour ne rien arranger, le film a droit à une narration ponctuelle assez joviale de Chris Rock, totalement en décalage avec le ton du film, et qui ressemble plus à son travail sur Tout le monde déteste Chris qu'à autre chose (là aussi, un reste de l'influence de Kenya Barris ?).

Et puis, une fois dans l'hôtel, le film devient le show d'Anne Hathaway. Que l'on ne s'y méprenne pas : Hathaway est l'un des points forts du film, avec Octavia Spencer. Les deux actrices dominent le film dans des genres très différents, l'une en cabotinant, l'autre en mode grand-mère tendre et attachante.

Mais, un peu comme dans la version de 1990, les mésaventures des enfants-souris à l'hôtel ne sont pas des plus intéressantes, pas aidées par des effets spéciaux assez médiocres : depuis le chat d'Hathaway jusqu'aux souris, en passant par les transformations en rongeurs et par le maquillage des sorcières (au sourire carnassier façon Vampire, vous avez dit vampire ou monstre asiatique), tout est numérique et très approximatif, avec un rendu bien trop caricatural et forcé pour convaincre.

Dépourvu de ses effets, de son atmosphère et de son humour, Sacrées sorcières est affreusement anonyme, et n'a donc d'intérêt que pour la prestation d'Hathaway, qui s'amuse, ainsi que pour la présence de Spencer. On pourra aussi citer la fin douce-amère, qui était absente de la version 1990... pas de panique, cependant : si elle est bien présente ici, elle est aussi désamorcée par une scène finale sur les souris en train de danser sur We are family de Sister Sledge.

Ouaip. À se demander si le studio n'a pas passé son temps à fourrer son nez dans le projet original, jusqu'à le vider de sa moelle.

2/6

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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue dans le cadre de l'Oktorrorfest dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien...

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