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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Un film, un jour (ou presque) #1298 : Feels Good Man (2020)

Publié le 14 Septembre 2020 par Lurdo in Animation, Cinéma, Critiques éclair, Documentaire, Review, USA, Politique, Biographie

Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus. ​​

Feels Good Man (2020) : 

Documentaire sur la création du personnage Pepe the Frog, récupéré par l'alt-right et la fachosphère après avoir été popularisé dans le comics indépendant underground Boys Club, un projet à l'humour stoner et post-universitaire assez représentatif de son créateur, Matt Furie.

On y suit donc ce dernier alors qu'il retrace la création du personnage, la popularisation de sa catchphrase ("Feels Good Man") sur les forums de bodybuilding, puis sur 4chan. À partir de là, tout commence à dégénérer, lorsque les channeurs, incels et social rejects assumés, en font le symbole de leurs sentiments et de leur trollage... un symbole qui s'est progressivement radicalisé, notamment en réponse à la récupération mainstream de Pepe par les internautes normaux (en particulier par de jeunes filles).

La suite, on la connaît : sur 4chan, Pepe est devenu un symbole de rébellion contre le système, un emblème de politiquement incorrect aussitôt coopté par l'alt-right et étroitement associé à Trump à l'occasion des élections de 2016.

Une récupération qui a accompagné le virage à droite de 4chan, qui voyait alors en Trump une sorte de bulldozer nihiliste capable de faire exploser le système - soit tout ce qu'un bon troll recherche.

Outre cet historique de la radicalisation d'un personnage de comics, le documentaire s'intéresse aussi aux réactions de Matt Furie, un artiste un peu déconnecté et bro, qui vit en colocation avec sa copine, leur fille et son meilleur copain, un stoner à cheveux longs.

Cet artiste naïf, qui a trop longtemps laissé les channeurs faire ce qu'ils voulaient de Pepe, a désormais décidé de se réapproprier le personnage, et l'on suit ainsi ses tentatives légales et créatives visant à empêcher des gens comme Alex Jones (ou d'autres individus aussi peu fréquentables) de se faire de l'argent en exploitant l'image d'un Pepe raciste et haineux. De manière assez ironique, c'est grâce à l'Asie, et de manière organique, que le blason de Pepe est redoré, lorsque ce dernier devient l’emblème des manifestants pro-démocratie à Hong-Kong...

Dans sa forme, ce documentaire est loin d'être inintéressant, associant la narration documentaire à des séquences d'animations signées Matt Furie ; le fond du métrage, lui, retrace de manière assez complète l'histoire de Pepe, une création détournée de ses origines par des internautes immatures qui n'avaient qu'un seul désir : troller la planète.

Reste qu'on ne peut s'empêcher de se dire qu'en intervenant plus tôt, à un niveau ou un autre, toute cette dérive aurait pu être (au moins partiellement) évitée... et qu'on se demande à quel point le témoignage d'un "occultiste" est vraiment pertinent, même pour analyser la "religion" que les channeurs ont construite autour de Pepe.

3.75/6

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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...

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