Après une première saison qui assumait fièrement ses influences, et jouait avec ces dernières pour le meilleur et pour le pire, Future Man, chapeautée par Seth Rogen et Evan Goldberg, et écrite par les scénaristes de Sausage Party, est revenue pour deux saisons, dont une première en 2019, au même format de 13 x 25 minutes. Mais comme on va très vite le voir, le programme a radicalement changé de direction, quitte à se perdre en chemin...

Future Man, saison 2 (2019) :
Après avoir détruit l'œuvre de Kronish, Josh (Josh Hutcherson) est désormais en prison, considéré comme un terroriste mondialement connu. Jusqu'à ce qu'il réalise qu'il est dans un futur bien différent, où Stu (Haley Joel Osment) tente d'envoyer l'humanité sur Mars, et où une résistance anti-technologie vit retranchée, accueillant Wolf (Derek Wilson) à bras ouverts...
C'est bien simple : la première saison de Future Man reposait sur une intrigue de fond, une mission (arrêter Kronish), autour de laquelle se brodaient des digressions comiques, au gré des sauts temporels et des nouvelles époques visitées. Là, pour cette saison 2, les scénaristes ont pris le contrepied total de cette approche : il n'y a qu'une époque, et en lieu et place d'une intrigue de fond, la saison n'est qu'une grosse digression, durant laquelle chacun des membres du trio évolue dans son coin, séparé des deux autres.

Ce qui pose tout de suite problème, étant donné que l'alchimie et les interactions du trio Josh/Tiger/Wolf formaient l'un des intérêts principaux de la saison 1. D'autant qu'ici, une fois qu'ils se retrouvent, les personnages ont des rapports très conflictuels et relativement dénués d'humour : en saison 1, je parlais d'un équilibre précaire entre le sérieux et la parodie ; en saison 2, le sérieux domine clairement - même si la série n'est pas dénuée d'idées absurdes.
Tiger est probablement le personnage qui souffre le plus de cette nouvelle direction : confrontée à une vie de famille recomposée avec un Stu holographique et sa fille (aussi interprétée par Coupe, avec une voix délibérément insupportable), le personnage se cherche, et finit par prendre des décisions étranges, qui contrastent avec la caractérisation habituelle de Tiger. Pas particulièrement convaincant, à vrai dire.
Wolf, lui, est plongé dans une relecture (là aussi) familiale d'Idiocracy, où il est placé à la tête d'une cellule familiale complexe, et en profite pour réinventer (littéralement) la roue, en même temps qu'il se réinvente une nouvelle fois. Plutôt amusant, parfois touchant, mais aussi occasionnellement redondant et répétitif.

Quant à Josh... mieux vaut ne pas en parler. Il passe la saison en retrait, à passer d'humiliation en humiliation, à souffrir et... ce n'est tout simplement pas très drôle. À se demander si Hutcherson n'était pas totalement disponible, cette saison, et si les scénaristes ont dû broder autour de son personnage...
Quoiqu'il en soit, pour une série intitulée Future Man, le programme passe, en saison 2, énormément de temps centré sur Tiger et Wolf, qui n'ont plus vraiment de direction, dans la vie, et doivent se réinventer. Soit. Le tout culmine même en une fin de saison qui fonctionne à peu près, car retrouvant une énergie, un but et une mission... à défaut d'être très cohérente dans son utilisation des voyages temporels.
Mais pour le reste, c'est un peu l'encéphalogramme plat. Pas forcément mauvais, pas forcément inintéressant, mais jamais très hilarant, jamais rythmé, et souvent délayé.
Les guests sont peu nombreux (Kurtwood Smith, Kristen Schaal), peu mémorables, les parodies sont brèves et semblent manquer de motivation (les cop-shows façon Law & Order, les sitcoms 80s, un numéro de comédie musicale, un peu de cyberpunk), le budget semble plus faible qu'en saison 1 (mais c'est peut-être dû au fait que l'on passe énormément de temps dans l'Idiocracie médiévale boueuse, dans le désert californien et dans la demeure aseptisée de Stu), bref, cette saison 2 laisse de marbre.

Une saison 2 finalement assez laborieuse et qui effectue des choix créatifs (et budgétaires ?) malheureusement souvent dommageables - adieu les multiples sauts temporels, les époques variées, la comédie parfois graveleuse mais décomplexée, le fanservice évident, etc, place à une saison statique, dans une réalité terne, et qui décide de séparer ses trois protagonistes pendant le plus clair de ses 13 épisodes.
La fin de saison ouvre la porte à une future fournée d'épisodes façon Running Man, avec un Seth Rogen en garde-chiourme/animateur d'un jeu télévisé dont les candidats sont nos trois protagonistes, accusés d'avoir bouleversé le continuum espace-temps avec leurs conneries : pourquoi pas, si cela permet au programme d'être plus nerveux, plus décomplexé, et de moins jouer la carte de l'émotion forcée...
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