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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Les bilans de Lurdo : The Twilight Zone, saison 2 (2020) - deuxième partie (2x06-10)

Publié le 25 Juillet 2020 par Lurdo in Anthologie, Review, Critiques éclair, Comédie, Drame, Fantastique, Horreur, Les bilans de Lurdo, Thriller, Télévision, CBS, Twilight Zone, Science Fiction

Suite et fin de la seconde saison du reboot de la Quatrième Dimension, confié à Jordan Peele et Simon Kinberg, après une première moitié toujours aussi inégale et moyenne mais qui, à contrario de la saison 1, semble avoir fait le choix de laisser de côté le militantisme woke et les messages engagés, pour laisser la place à quelque chose de plus classique et de moins polarisant...

The Twilight Zone : la Quatrième Dimension, saison 2 - deuxième partie (2x06-10) :

- 2x06 - 8 : En Antarctique, une équipe de scientifiques internationaux (Joel McHale, Michelle Ang...) aux motivations suspectes découvre une pieuvre appartenant à une espèce inconnue, plus intelligente - et meurtrière - que la norme...

Un bon gros bof que cet épisode horrifique pourtant signé Glen Morgan : en 30 minutes à peine, le récit peine à développer des personnages très basiques, à justifier leurs réactions, et à proposer des rebondissements naturels et crédibles, qui sortiraient de l'hommage dérivatif à The Thing.

Un peu une sensation de bâclage, à vrai dire, entre le message ultra-classique ("l'arrogance de l'homme lui coûtera sa place au sommet de la chaîne alimentaire", rien de neuf sous le soleil), l'exécution inégale (le plan de fin assez laid sur la pieuvre numérique clignotante), l'écriture bavarde bourrée d'exposition, et les moments improbables (la pieuvre qui vole le smartphone, se connecte aux systèmes de la base, déchiffre les séquences génétiques avec ses tentacules, et réécrit son propre ADN en quelques minutes... mouais)...

- 2x07 - A Human Face : Parents endeuillés par la mort de leur fille Maggie (Tavi Gevinson), Robert (Christopher Meloni) et Barbara (Jenna Elfman) tentent de passer à autre chose. Mais l'apparition, dans leur sous-sol, d'un extraterrestre métamorphe qui adopte l'apparence de Maggie va tout remettre en question...

À nouveau un épisode de 30 minutes, et à nouveau un résultat vraiment bancal : pas forcément parce qu'il est dénué de rebondissement final ou de véritable morale, mais plus parce que les personnages sont frustrants, leurs réactions peu naturelles (ou forcées par le format court de l'histoire), et qu'au final, on finit par se dire "tout ça pour ça".

Il faut dire que les kilos d'exposition maladroite débités par l'extraterrestre n'aident pas, tout comme l'écriture qui place d'office le spectateur du côté de Robert (alors que Barbara est immédiatement convaincue par l'alien, quitte à en être énervante), lui donne totalement raison, avant de le démolir en en faisant un père indigne, et de le faire succomber à son tour. Vraiment pas convaincu.

- 2x08 - A Small Town : Depuis la mort de son épouse, maire de la ville de Littleton, Jason (Damon Wayans Jr.) peine à faire son deuil, et à accepter la désertification de la bourgade, sous la direction de l'ex-adjoint au maire, le fourbe, manipulateur et menteur Conley (David Krumholtz). Jusqu'à ce que Jason découvre, dans l'église où il travaille, un modèle réduit de la ville aux pouvoirs étranges, qui répercute dans le monde réel les modifications qu'il y apporte : Jason commence alors à rénover en secret la communauté, mais Conley reçoit le crédit de ces changements miraculeux...

Un épisode qui renoue un peu avec la dénonciation sociale de la première saison, mais le fait de manière suffisamment légère et caricaturale (Krumholtz est un véritable Scrooge en puissance) pour ne pas sombrer dans la moralisation agaçante.

Alors certes, ce n'est pas forcément ultra-original ou surprenant (l'idée de base est même assez commune), certains personnages sont nettement sous-exploités (Keegan Connor-Tracy doit avoir une réplique, au mieux), le monologue final de Peele est toujours aussi peu convaincant, et le tout reste gentillet, mais dans l'ensemble, c'est encore ce qui se rapproche le plus d'un Twilight Zone old-school.

Ce qui est loin d'être désagréable, compte tenu du reste de la série, étrangement plus orientée horreur et thriller, cette saison.

- 2x09 - Try, try : Lorsque Marc (Topher Grace) sauve Claudia (Kylie Bunbury) d'un accident de bus, cette dernière tombe sous le charme de cet homme apparemment parfait, qui semble toujours savoir quoi dire et faire au bon moment. Mais Marc finit par lui avouer qu'il est pris au piège d'une boucle temporelle et qu'il revit sans cesse la même journée...

Une relecture façon horreur/slasher d'Un Jour Sans Fin, mais du point de vue d'Andie McDowell, et prenant pour hypothèse que le personnage de Bill Murray est un pur produit de la toxicité masculine patriarcale, arrogant, menteur, cynique et détestable en tous points, prêt à tout pour réussir à conquérir sa proie féminine, même à la violer.

On le voit, le tout retombe dans une certaine dénonciation sociale pas très subtile et télégraphiée (à partir du moment où Marc commence à employer des mots comme "cancelled" et "triggered" sur un ton goguenard, on comprend vite dans quelle direction l'on se dirige), surtout que l'épisode en rajoute une couche en faisant du personnage un couard qui jette l'éponge au premier signe de rébellion de sa victime. Ça se regarde une fois, c'est compétent, mais pas sûr qu'il y ait vraiment un intérêt intrinsèque dans une telle relecture.

- 2x10 - You Might Also Like : Hantée par le souvenir du bébé qu'elle a perdu, Mrs. Warren (Gretchen Mol) n'attend qu'une chose : l'Oeuf, un mystérieux objet révolutionnaire bientôt sur le marché, et qui promet de résoudre tous les problèmes du quotidien. Mais en parallèle, Mrs. Warren s'aperçoit qu'elle est enlevée, chaque nuit, par des extraterrestres...

Aïe. Pour finir la saison, il y avait mieux. Largement mieux. Une pseudo-suite à l'épisode Pour Servir l'Homme de la série de Serling, cet épisode ultra-stylisé est le fruit du travail de Oz Perkins, le fils d'Anthony Perkins, déjà réalisateur des discutables et maniérés The Blackcoat's Daughter et I'm The Pretty Thing That Lives In The House ; un Perkins qui, pour l'occasion nous livre un récit satirique, surréaliste, outré, où tout le monde surjoue, et qui tente de concilier critique de la société consumériste américaine, hypnotisée par la télévision et les publicités, avec un hommage à l'épisode de la série originale.

Sauf que tout est ultra-forcé, ultra-bancal, souffre d'une exposition laborieuse et pataude, d'extraterrestres volontairement kitschs (l'un d'eux est même doublé par George Takei), et d'une conclusion assez similaire à celle de l'épisode A Human Face (avec ce personnage endeuillé qui accueille à bras ouverts une invasion extraterrestre en échange de la promesse d'un bonheur retrouvé et d'un manque affectif comblé). Je n'ai vraiment pas aimé, donc.

--- Bilan saisonnier ---

Bonne nouvelle : dans l'ensemble, cette saison 2 de The Twilight Zone évite l'écueil global de la série woke militante donneuse de leçons maladroites, qui plombait totalement la saison 1 du programme.

Mauvaise nouvelle : cela ne fait pas de cette saison 2 une réussite, loin de là. Récits convenus et téléphonés, rebondissements assez plats, direction globale bien trop orientée vers l'horreur (au point de ressembler plus à un remake de la série Night Gallery, anthologie plus sombre et horrifique de Rod Serling, qu'à la Quatrième Dimension) - la série de Peele souffre toujours de son écriture, une écriture qui est, globalement, le produit de scénaristes souvent novices, notamment dans le genre.

Guère surprenant de constater, ainsi, que l'épisode le plus agréable (A Small Town) est écrit par un vétéran du genre, récompensé pour un épisode d'Au-delà du Réel. L'expérience, ça compte... même si l'épisode raté de Glen Morgan semble prouver le contraire.

Bref. La saison 2 de The Twilight Zone frustre plus qu'elle ne convainc, alourdie par un format toujours très peu maîtrisé : avec ses épisodes à la durée fluctuant entre 30 et 50+ minutes, le programme reste très inégal, les épisodes les plus courts paraissant parfois bâclés, et les plus longs interminables. Et les thématiques globales sont trop peu probantes ou intéressantes pour justifier l'existence de ce reboot.

Allez, courage, peut-être qu'une saison 3 trouvera enfin un ton, des sujets et une écriture dignes du titre The Twilight Zone...

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(retrouvez les critiques des épisodes de la saison 1 en cliquant ici et toutes les autres critiques de séries publiées sur ce blog en allant ...)

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