Série en 10 x 25-30 minutes de Greg Daniels, l'une des deux têtes pensantes de The Office et de Parks & Recreation (avec Michael Schur parti créer The Good Place), ce programme diffusé sur Amazon Prime se propose de nous présenter un futur proche, dans lequel la mort n'est plus qu'un transfert de conscience vers un monde virtuel géré par des entreprises privées...
Upload, saison 1 (2020) :
Dans un monde où, moyennant finances, la conscience des mourants peut être transférée dans un univers virtuel pour y mener une seconde vie, Nathan (Robbie Amell), arrive à Lakeview, une résidence virtuelle de luxe, après avoir trouvé la mort dans un accident impossible. Là, il s'attache rapidement à Nora (Andy Allo), son "ange-gardien" - la responsable clientèle en charge de son dossier dans le monde réel - et le duo va commencer à se rapprocher, malgré les interdits et malgré les souvenirs manquants de Nathan, qui semblent cacher une mort suspecte...
Une satire SF un peu étrange, en cela qu'elle semble souvent être au carrefour de plusieurs autres séries déjà existantes, tentant d'en mêler les thématiques et les approches pour former un tout cohérent, sans jamais y parvenir de manière totalement satisfaisante.
De The Good Place, on a tout un propos sur la mort, l'après-vie, le changement et la rédemption, ainsi qu'une romance entre l'un des protagonistes et son assistante virtuelle. De The Office, on a la comédie de bureau et la relation "impossible", pleine de regards alanguis, entre les deux personnages principaux. De Weird City, l'anthologie d'anticipation de Peele, on a l'opposition des classes face à la technologie et le futur proche hypra-connecté, ainsi que le ton global du programme.
On pourrait aussi citer Altered Carbon, avec laquelle Upload flirte brièvement (le temps d'un caméo explosif de Creed Bratton), ou encore tout le côté enquête et conspiration technologique, premier degré, et qui prend de plus en plus de place au fil de la saison... et puis bien sûr, Black Mirror, et en particulier son épisode San Junipero, qui traitait d'une histoire d'amour improbable dans un au-delà virtuel.
Attention : je ne dis pas que Upload manque d'idées. Au contraire, même, la série déborde d'idées plus ou moins improbables et décalées, qui sont mises en image de manière convaincante et amusante. Malheureusement (et malgré le fait que le projet soit en gestation dans l'esprit de Daniels depuis les années 90), le tout paraît trop souvent dérivatif et familier.
Pris épisode par épisode, ce n'est pas trop gênant, principalement parce que la distribution est attachante et sympathique (Andy Allo, l'ex-guitariste de Prince, est une excellente découverte), avec de nombreux visages familiers dans les seconds rôles (Kevin Bigley, William B. Davis, Teryl Rothery, Chris Williams, Chloe Coleman...), et que le format du tout est suffisamment maîtrisé pour que l'on ne s'ennuie pas.
Mais dans sa globalité, les différents angles de la série se parasitent gentiment, l'enquête sur la conspiration n'ayant vraiment qu'un intérêt très limité, et certains personnages finissant par être assez lassants (je pense notamment à Ingrid, trop souvent une caricature insupportable, ou encore Aleesha, la collègue de Nora, jamais particulièrement intéressante ou drôle).
Dans l'ensemble, Upload se regarde sans problème : Greg Daniels est un professionnel qui maîtrise bien son domaine, et il sait généralement comment y faire pour impliquer le spectateur dans ses séries. Cependant, il manque tout de même quelque chose pour parvenir à véritablement imposer une identité propre à cet Upload, dont la triple orientation de comédie romantique, de satire d'anticipation et de techno-thriller est trop déséquilibrée pour vraiment convaincre.
À voir si la saison 2 parviendra à une meilleure harmonie tonale, ou, au contraire, continuera dans une direction trop sérieuse et dramatique pour son propre bien.
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