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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Les bilans de Lurdo : Good Omens, saison 1 (2019)

Publié le 9 Mai 2020 par Lurdo in Aventure, Comédie, Critiques éclair, Fantastique, Les bilans de Lurdo, Religion, Review, Science-Fiction, Télévision, UK, Amazon

Adaptation en 6 épisodes de 55-60 minutes du roman De Bons Présages de Terry Pratchett et de Neil Gaiman, produite et chapeautée par Neil Gaiman lui-même pour la BBC et Amazon Studios, Good Omens était attendue avec une certaine impatience par les amateurs d'un certain style d'humour décalé, et de ces auteurs réputés. Un peu moins d'un an après sa diffusion sur Amazon, fin mai 2019, passage en revue d'un programme vraiment très british...

Good Omens, saison 1 (2019) :

Depuis l'aube des temps, Crowley (David Tennant), un démon, et Aziraphale (Michael Sheen), un ange, veillent d'un œil bienveillant sur l'humanité, trop attachés aux humains et à leur amitié réciproque pour vraiment se livrer le combat éternel qui oppose le Paradis à l'Enfer. Jusqu'au jour où l'Apocalypse frappe à la porte du monde, lorsque Crawley reçoit la mission de livrer l'Antéchrist à une famille humaine : c'est là le début d'un concours de circonstances improbables qui va voir d'innombrables forces aux intérêts contraires s'opposer, et déboucher sur un conflit que les deux amis immortels vont tout faire pour saboter...

Difficile pour moi de critiquer l'adaptation des Bons Présages de Gaiman et Pratchett, tant ce livre a fait partie de mes jeunes années (avec la trilogie du Concours du Millénaire de Zelazny et Sheckley) et tant j'ai énormément de sympathie pour l'équipe derrière cette adaptation - Gaiman, Tennant, Sheen, David Arnold, la BBC, etc - et pour le format adopté, celui de la mini-série britannique de 6 épisodes d'une heure.

Et pourtant, il faut bien que je l'écrive, cette critique. D'autant qu'il y a des choses à en dire, de cette adaptation.

Une adaptation assez fidèle du roman original (heureusement), drôle et so british, baignée de l'écriture absurde mais structurée de Pratchett, du sens de la fantaisie anarchique de Gaiman, et de la musique de Queen... mais aussi une adaptation un peu brouillonne et bordélique, qui trahit régulièrement le manque d'expérience, en tant que showrunner, de Neil Gaiman.

Être showrunner est en effet un métier à part entière : c'est ainsi que d'excellents scénaristes font des showrunners médiocres, et vice-versa. Il faut savoir maîtriser le rythme global d'une saison, l'avancée de ses arcs narratifs, il faut choisir judicieusement ses acteurs, ménager les susceptibilités de chacun, etc, etc, etc. Et dans le cas d'une adaptation de ce type, il faut savoir jongler entre la fidélité absolue à l’œuvre originale, et un apport original nécessité par le support télévisé.

C'est un peu à ce niveau que le bât blesse. Très fidèle, la série adopte ainsi bon nombre des atours du roman, pour le meilleur et pour le pire, notamment une narration intermittente en voix off (effectuée par "Dieu"), qui intervient ponctuellement, de manière pas totalement utile ou convaincante. À l'identique, le script se permet beaucoup de digressions excentriques assez amusantes, mais à nouveau pas forcément indispensables au récit global, et qui ont tendance à alourdir et embrouiller le tout.

Rien de rédhibitoire, soyons clairs : la série reste très sympathique de bout en bout, et est totalement portée par le charisme, l'alchimie et le talent de David Tennant et de Michael Sheen, parfaits dans les rôles d'Aziraphale et de Crowley.

À un point tel, en fait, que le reste du cast est un bon cran en-dessous, voire deux, et que la mini-série perd nettement en intérêt dès que les deux têtes d'affiche ne sont pas à l'écran : si les occasionnels caméos sont plutôt amusants (Nick Offerman, Jon Hamm, David Morrissey, La League of Gentlemen, Derek Jacobi, la voix de Cumberbatch...), et si Adria Arjona campe une sorcière assez charmante (mais à l'intrigue et à la romance sous-développées), le reste de la distribution ne fait pas forcément grande impression, que ce soit pour des raisons d'interprétation (les enfants sont assez moyens/transparents), de direction artistique (les démons souffrent de visuels un peu cheaps et ternes), de charisme (les cavaliers de l'Apocalypse manquent un peu de présence, tout comme Jack Whitehall, en fait), ou plus simplement d'écriture (tout ce qui tourne autour des Chasseurs de Sorcière, et de la relation entre Michael McKean et Miranda Richardson, ne fonctionne pas aussi bien que cela le devrait).

Et puis, bien sûr, le souci global de structure est assez perceptible, notamment vers la fin : alors que la tension monte progressivement, que l'Apocalypse se rapproche, le tout semble perdre en énergie, à mesure que Gaiman s'éloigne un peu du roman pour improviser et que les limites du budget se font sentir, et la fin du monde finit par être réglée de manière un peu plate en une petite vingtaine de minutes, dans le dernier épisode. Viennent ensuite vingt-cinq autres minutes de "conclusion", avec un échange de visage assez téléphoné, et une fin appropriée... mais un peu faiblarde.

Dans l'ensemble, cependant, cette adaptation de De Bons Présages sait rester toujours sympathique et amusante, à défaut d'être particulièrement maîtrisée. Un petit 4/6 global, en somme, qui aurait probablement bénéficié à prendre un peu plus de distance via à vis de l’œuvre d'origine. Voire même, pour un résultat optimal, peut-être aurait-il mieux valu que Gaiman se limite à un rôle de co-showrunner, accompagné de quelqu'un ayant fait ses preuves à ce poste sur le petit écran britannique (du côté de Doctor Who, par exemple... ou avec l'un des Python).

TL;DR : Assez bien, mais peut mieux faire.

(le générique d'ouverture et la bande originale de David Arnold sont excellents, cela dit)

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