Derrière ses atours de série blockbuster friquée racolant sur tous les plans, à la nudité généreuse et souvent gratuite (n'en déplaise aux showrunners, qui avaient alors passé des interviews entières à tenter de la justifier comme "égalitaire et faisant partie intégrante de la vision créative de la série et de son propos thématique" - j'en ris encore) et aux effets visuels spectaculaires, Altered Carbon ne m'avait pas particulièrement convaincu, en saison 1 (bilans ici et là).
Une série gentiment creuse, bourrée de clichés, et souffrant d'une écriture pas à la hauteur de l'univers et du genre, pas aidée par une mise en images peu inspirée (illustration musicale hors-sujet, action souvent moyenne) et par une distribution très inégale.
Heureusement, qui dit nouvelle saison dit aussi nouvelle distribution, nouveaux scénaristes, nouveau format (8 épisodes seulement)... et nouvelle direction ?
Altered Carbon, saison 2 (2020) :
Trente ans après l'affaire Bankcroft, Takeshi Kovacs découvre que Quellcrist Falconer (Renée Elise Goldsberry) est toujours en vie, et qu'elle semble avoir pour objectif d'abattre un à un les Fondateurs. Armé d'un nouveau corps aux capacités de combat optimisées (Anthony Mackie) et aidé par sa fidèle intelligence artificielle Poe (Chris Conner), Kovacs reprend du service, mais se heurte aux manigances politiques de Danica Harlan (Lela Loren) et de ses commandos...
Pour la saison 1, j'avais opté pour un découpage de la saison en deux parties, histoire de développer un peu mon avis sur le contenu de la série... là, avec 8 épisodes seulement, j'ai préféré me limiter à un seul et unique bilan, d'autant que pour être franc, je n'ai pas énormément de choses à dire sur cette nouvelle fournée d'Altered Carbon.
Pas énormément, si ce n'est que j'ai eu beaucoup de mal à venir à bout de cette seconde année, à commencer par ses deux premiers épisodes, assez symptomatiques des problèmes de cette saison 2 : c'est lent, c'est mou, c'est faussement profond et solennel (certains échanges sont sur le mode une réplique/trois secondes de pause/une réplique/trois secondes de pause, pour donner une impression de serious business), et surtout, ça s'oriente dans des directions particulièrement peu intéressantes à mes yeux.
Je le disais en saison 1, Quellcrist Falconer (Renée Elise Goldsberry), la meneuse révolutionnaire, ne m'a jamais convaincu. Gros manque de charisme et de présence, pas grande alchimie avec Kinnaman, personnage qui débite des platitudes pseudo-philosophiques insipides, c'était à mes yeux l'un des éléments les plus faibles de la saison 1.
Et donc, forcément, comme elle devient l'un des points centraux de cette saison 2, j'ai eu bien du mal à m'intéresser à toute cette intrigue, qui voit Quell, amnésique, ressurgir dans la vie de Kovacs, lequel découvre qu'elle abrite en elle l'âme d'un Elder, dont la libération sème le chaos en fin de saison.
Le problème principal étant qu'une grosse partie de la saison s'axe ainsi autour de la romance impossible Falconer/Kovacs : c'est plat, c'est générique, c'est dépourvu de la moindre tension (sexuelle ou autre), bref, ça n'a pas fonctionné un seul instant à mes yeux. D'autant que, pour ne rien arranger, Anthony Mackie est particulièrement décevant et transparent en Kovacs : trop souvent passif, il sous-joue et grommelle la majorité de ses scènes, s'avère assez peu convaincant dans les scènes d'action (de toute façon montées et filmées de manière peu probante), et finit par faire une impression encore plus faible que Kinnaman en saison 1.
Bon, j'avoue, il n'est pas aidé par une série qui erre un peu sans direction, privée de l'angle "cyberpunk néo-noir" de sa saison 1, et dépouillée de sa nudité gratuite qui, au minimum, rendait le tout mémorable. Là, on se retrouve avec des intrigues politiques peu intéressantes (Lela Loren n'est pas très marquante, son personnage de méchante est assez classique), avec un commando aux tenues un peu cheap mené par un soldat revanchard (Torben Liebrecht, compétent mais guère plus remarquable), une chasseuse de primes (Simone Missick, qui ne fait pas grande impression) qui cherche son frère...
Bref, c'est particulièrement terne et insipide, sur tous les plans. Faut-il y voir là le résultat du départ de Steve Blackman, parti chapeauter The Umbrella Academy ? Les conséquences d'une baisse de budget (une bonne partie de la saison fait du surplace et est assez fauchée, visuellement, notamment toute la fin de saison dans des grottes et en forêt, ou encore le passage dans la retraite spirituelle virtuelle, assez immonde à l'écran) ? Un problème de world-building évident cette année, une année qui, dès son premier épisode, balance tous ses termes, ses noms, ses événements, sans jamais chercher à les expliquer ou à les rendre accessibles à de nouveaux spectateurs (ou à des spectateurs ayant oublié la saison 1) ? Le fruit de ces affrontements mal filmés, cadrés de loin et dans l'obscurité, pour ne pas montrer à quel point Mackie n'est pas doué en ce domaine (à contrario d'Hiro Kanagawa, meilleur sur tous les plans) ?
Difficile à dire. C'est un peu de tout, je dirais. Un tout gentiment brouillon et décousu, qui ponctuellement semble vouloir capitaliser sur son potentiel sans y parvenir (Kovacs vs Kovacs, c'est sympa, mais ça ne se concrétise jamais vraiment), qui sous-utilise bon nombre de personnages secondaires (Neal McDonough fait un caméo éclair, et c'est bien dommage), qui souffre de quelques passages de technoblabla forcé et en pilotage automatique...
Reste heureusement Poe (Chris Conner) qui, cette saison, s'avère le seul vrai vecteur d'émotion, opposé à un Mackie à 95% impassible. Poe qui peine à se remettre des événements de la saison 1, qui souffre de problèmes de corruption de son code, et qui s'éprend d'une autre intelligence artificielle, qui finit par l'aider dans son combat. En comparaison du reste de la saison, les aventures de Poe sont une bouffée d'air frais, et probablement la seule chose qui m'ait vraiment plu/intéressé cette saison.
Altered Carbon 2 m'a ainsi paru étrangement soporifique, bizarrement prude, avec une écriture et un rythme défaillants (qui démarre toutefois un peu sur la fin de saison)... une saison un bon cran en-dessous de la première au niveau de l'intérêt et du rendu à l'écran, mais une saison qui, étrangement, bénéficie une nouvelle fois de l'indulgence des critiques outre-atlantique.
Pas sûr cependant qu'il y ait une saison 3 au programme (surtout compte tenu de la conclusion de ces 8 épisodes), mais dans l'intervalle, il faudra compter sur Altered Carbon : Resleeved, un téléfilm animé narrant une aventure de Kovacs, et diffusée sur Netflix en mars dernier.
Critique dans ces pages dès lundi.
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