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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Un film, un jour (ou presque) #1153 : Cats (2019)

Publié le 2 Mars 2020 par Lurdo in Cinéma, Critiques éclair, Drame, Fantastique, Musique, Review, USA

Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus. ​​

Cats (2019) :

Lorsque Victoria (Francesca Hayward), une jeune chatte, est abandonnée dans la rue par ses maîtres humains, elle trouve refuge au sein de la communauté des Jellicle Cats, des chats dirigés par Old Deuteronomy (Judy Dench) et qui, en cette nuit magique, vont décider de quel membre de leur troupe va pouvoir accéder au paradis de la Jellicosphère, et obtenir le droit à une vie meilleure. Mais le machiavélique Macavity (Idris Elba) est prêt à tout pour obtenir cet récompense...

Il faut être franc : déjà, à la base, Cats est loin d'être la comédie musicale la plus facile à adapter du répertoire d'Andrew Lloyd Webber. Basé sur de la poésie semi-abstraite de TS Elliott, le show n'a pas de véritable trame narrative, mais un enchaînement de chansons/présentations des divers félins présents : il possède des chansons très inégales dominées par le morceau Memories, et sa renommée s'est principalement faite sur ses costumes et ses chorégraphies scéniques... franchement, sur le papier, adapter Cats au cinéma, c'était déjà particulièrement casse-gueule.

Donc forcément, quand Tom Hooper, un réalisateur déjà responsable des Misérables, et possédant une vision très particulière de la réalisation des comédies musicales, s'attelle au projet, et décide de repenser à la fois les chorégraphies (pour les confier au chorégraphe de Hamilton, plus orienté hip-hop) et les costumes (ici intégralement numériques), forcément... ça se casse la gueule.

Pourtant, ce n'est pas un désastre intégral : tout le monde, à l'écran, semble y croire, notamment Francesca Hayward, au visage de jeune féline ingénue assez charmant ; ponctuellement, l'alchimie opère, et les décors, les mouvements et la musique parviennent à retranscrire la vision de Webber et de Hooper ; et çà et là, on se dit que ça aurait pu fonctionner, si par exemple Hooper avait opté pour un film intégralement en motion capture, et pas pour un métrage bâtard mi-numérique, mi réel.

Car c'est bien là le problème principal du film : son aspect visuel brouillon, son monde tout-numérique approximatif, où les proportions des objets n'ont aucun sens, où les visages humains des chats semblent constamment mal proportionnés et mal incrustés sur des corps félins lisses et asexués, où la physique n'a pas sa place, et où les danseurs semblent souvent à peine être présents dans les décors (puisque filmés sur fond vert).

Un monde filmé sans inspiration par Hooper, qui monte ses chorégraphies de manière trop découpée, sans jamais les mettre en valeur ; un Hooper qui tente de répliquer le numéro larmoyant d'Anne Hathaway dans les Misérables avec le Memory de Jennifer Hudson, et qui semble s'amuser (beaucoup plus que le spectateur, je dois dire) à filmer le slapstick des personnages de Rebel Wilson et de James Corden (honnêtement, le film ne me dérangeait pas... jusqu'à ce que Rebel Wilson débarque et fasse son numéro habituel - c'est là que ça a commencé à coincer).

Pour son film, Hooper a donc choisi de faire passer Victoria (une danseuse secondaire du show scénique) au premier plan, pour en faire le référent du spectateur et expliquer l'univers du film ; il a changé un peu le personnage de Macavity, grand méchant kidnappant les autres candidats à l'ascension, et dont Bombalurina (Taylor Swift) devient une "adepte" ; pas de transformations véritablement bouleversantes au programme, donc, et une tentative de structurer un peu la comédie musicale... mais ça ne fonctionne pas vraiment : il aurait fallu que le scénariste (aussi derrière Rocketman et Cheval de Guerre) structure encore plus le tout, et développe un véritable récit de cinéma.

Ces efforts disparaissent en effet derrière la succession épuisante des chansons très inégales, derrière les effets spéciaux vraiment bancals (les souris et les cafards sont immondes et donnent l'impression de n'avoir jamais été finalisés), derrière la sensualité bizarre de ces chats qui devraient plaire à bon nombre de furries, et derrière certains de ces choix créatifs qui laissent perplexe, comme ce grand final laid au possible, au petit matin, avec une Judy Dench qui s'adresse face caméra au spectateur.

Il serait trop simple de dire que cette adaptation est un plantage total : en réalité, c'est bien plus mitigé, et par certains aspects, c'est même plutôt intéressant (le numéro de McKellen, par exemple). Mais il reste un véritable problème de direction artistique et de mise en images, à la fois inhérent aux choix effectués par Hooper, et à la qualité des effets spéciaux.

2/6

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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...

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