Après près de deux ans et demi d'absence sur ce blog, Sygbab revient en force à l'occasion de la conclusion de la série Supernatural : une épopée de 15 saisons qu'il va passer en revue à raison d'un bilan par semaine...
Supernatural, saison 3 (2007) :
Contraints de traquer tous les démons évadés des enfers, les frères Winchester croisent le chemin de Ruby (Katie Cassidy), démone affirmant être en mesure de libérer Dean du pacte démoniaque qu'il a conclu, et de Bela (Lauren Cohan), une voleuse professionnelle d'artefacts occultes...
Après la magnifique saison 2 et son final annonciateur d'une guerre ouverte entre les Winchester et les démons, les téléspectateurs étaient en droit de s'attendre à un terrible affrontement. Mais ce n'est pas l'orientation prise par les scénaristes : il s'agit plutôt d'une guerre larvée, sans véritable front.
Même si cela peut s'expliquer par le fait que Azazel ne soit plus là pour mener des troupes qui sont désormais désorganisées, cela manque d'ambition dans la mesure où la menace ne se fait sentir que de manière sporadique. De fait, le côté sombre qui avait été développé précédemment est moins présent, alors que c'était devenu une force de la série.
Malgré cela, le fil rouge de la saison prend une place prépondérante et c'est un changement par rapport à la structure des saisons précédentes. Dans le cas présent, la plupart des épisodes comportent une scène faisant référence au marché qu'a passé Dean pour ressusciter Sam, qui lui donne seulement un an à vivre avant d'aller en Enfer.
Son attitude laisse à penser qu'il ne se préoccupe pas le moins du monde de ce qui va lui arriver alors qu'en réalité il refuse de faire face à son funèbre destin. Ce n'est pas sans énerver Sam, qui se démène pour trouver des solutions permettant de sauver son aîné. La relation fraternelle qui les lie est exploitée à bon escient, et propose des moments chargés en émotion puisque le duo fonctionne très bien.
Ce développement des principaux protagonistes est intéressant, mais c'est beaucoup plus brouillon en ce qui concerne ceux que l'on voit moins régulièrement. Pourtant, deux personnages féminins sont introduits, mais leur traitement laisse un peu à désirer. Tout d'abord, les motivations de Ruby sont plus que floues (le tout explicatif n'est jamais une bonne chose, mais rester volontairement vague n'est pas vraiment une meilleure solution) et sert bien trop souvent de Deus Ex Machina.
Quant à Bela, sa personnalité de garce qui joue sans cesse sur la naïveté des Winchester pour mieux les rouler dans la farine ne plaide pas vraiment en sa faveur : cela la rend (au mieux) antipathique. C'est l'un des grands défauts de la série depuis le début : les femmes ne réussissent pas à exister, et ce ne sont pas les quelques tentatives maladroites de les approfondir qui changent la donne, malheureusement.
À l'inverse, Bobby s'impose de plus en plus comme une évidence, dans un rôle bien spécifique puisqu'en plus d'être un puits de connaissances grâce à une expérience immense - et sa dégaine ne fait que mettre en avant le fait qu'il ait bourlingué -, il devient également un père de substitution pour Sam et Dean.
Il n'a pourtant pas du tout la même personnalité : plutôt que d'être un protecteur absent et obsédé par son travail comme John, il est toujours présent pour les Winchester qui savent pouvoir réellement compter sur lui, même s'il a tendance à ronchonner et à les sermonner. C'est une très bonne addition, d'autant que le courant passe entre les acteurs.
Parmi les éléments positifs, les évènements passés ne sont pas oubliés et certaines intrigues sont bouclées. En premier lieu, Gordon revient en force pour éliminer Sam mais se retrouve au passage transformé en vampire, lui qui les chasse avec tant de haine. La menace est évacuée puisqu'il meurt, au terme d'un épisode dont l'ambiance est très glauque mais réussie.
Les démêlés des deux frères avec les autorités trouvent une issue favorable : assiégés par des démons à la solde de Lilith alors qu'ils sont dans un commissariat après avoir été arrêtés par le FBI, leur défense héroïque leur vaut la reconnaissance de l'agent Henriksen qui les laisse partir en promettant de les faire passer pour morts. Ce dernier prend la vérité en pleine tête, et comprend avec violence qu'il est dans l'erreur depuis le début les concernant. Une prise de conscience trop tardive, qui lui sera fatale une fois que Lilith le retrouve avec ceux qui ont aidés Sam et Dean.
Pour notre plus grand bonheur, Ben Edlund se fend également de deux épisodes humoristiques : Bad Day at Black Rock, où les Winchester sont à la poursuite de gredins ayant volé une patte de lapin qui rend chanceux celui qui la possède (mais qui lui fait souvent payer le prix de cette chance puisque l'objet semble être doté d'une volonté propre et changer assez régulièrement de propriétaire) et Ghostfacers, dans lequel ils rencontrent des chasseurs de fantômes amateurs un peu stupides.
C'est l'occasion de s'exercer à une véritable parodie de la série, dans une ambiance bon enfant et hilarante. À côté de cela, il y a des épisodes plus convenus : un épisode sans fin, un épisode de Noël... Cela donne parfois l'impression d'une écriture en mode "pilotage automatique".
La fin de saison va au bout de l'idée en envoyant Dean en Enfer, comme cela était prévu, mais il y a fort à parier que cela ne durera pas longtemps. Il ne s'agit pas d'une réelle prise de risques, mais ça a le mérite d'être moins convenu que s'il avait réussi à échapper à son sort. Néanmoins, les circonstances dans lesquelles cela se produit ne sont pas extrêmement spectaculaires, ce qui reste décevant.
C'est d'ailleurs un mot que l'on peut employer pour la saison dans son ensemble, car les bons moments ne cachent pas certains défauts. Il y a toutefois une circonstance atténuante : réduite à 16 épisodes, cette saison a été perturbée par la grève des scénaristes de 2007.
De quoi laisser le bénéfice du doute à l'égard de cette légère baisse de qualité.
---
Retrouvez aussi toutes les autres séries passées en revue sur ce blog en cliquant ici.
Commenter cet article