Alors j'aurais clairement pu publier cette critique dans le cadre de l'Oktorrorfest fraîchement terminée, tant l'orientation horrifique du tout correspondrait parfaitement à Halloween, ou j'aurais pu attendre la Christmas Yulefest pour l'intégrer à mon marathon de Noël (puisqu'une grosse partie de ce récit tourne autour de Noël et de tous ses codes)... mais non.
J'ai préféré opter pour une publication "entre deux", qui reflète bien le côté "postérieur entre deux chaises" de cette série AMC en 10 épisodes de 45 minutes, adaptée du roman de Joe Hill, le fils de Stephen King.

NOS4A2, saison 1 (2019) :
Tiraillée entre ses parents séparés, en conflit permanent, la jeune Vic McQueen (Ashleigh Cummings) ne rêve que d'une chose : faire des études artistiques. Mais elle n'a ni l'argent, ni les contacts pour y parvenir, et lorsqu'elle découvre qu'elle a des capacités étranges (au guidon de sa moto, elle est capable de créer, sous la forme d'un pont délabré, un portail instantané vers ce qu'elle recherche le plus à un moment donné), sa vie est totalement bouleversée. D'autant qu'un autre être surnaturel, Charlie Manx (Zachary Quinto), un vampire psychique qui kidnappe des enfants pour les enfermer dans son parc privé, Christmasland, est sur les traces de la jeune femme, fasciné par son pouvoir. Vic ne peut compter que sur elle-même et sur l'aide de Maggie Leigh (Jahkara J. Smith), une médium excentrique, pour espérer empêcher Manx de faire encore plus de dégâts...
Et par "postérieur entre deux chaises", j'entends que NOS4A2 n'est ni particulièrement convaincant dans le registre de l'horreur, ni dans celui des festivités de fin d'année, que ce soit au niveau thématique ou visuel. Je préfère préciser tout de suite que je n'ai jamais lu le roman de Hill : tout au plus ai-je survolé les comic-books dérivés du livre, sans jamais être convaincu par ce que je lisais.
J'ai donc abordé cette série avec une certaine curiosité, mais très rapidement, j'ai déchanté.
Car l'essentiel des problèmes de la série peut se résumer en quelques points, voire en quelques mots : "parti-pris artistique". Sous la direction de son showrunner Jami O'Brien (Hells on Wheels, Fear the Walking Dead, Flesh and Bone), la série propose dix épisodes au formatage très particulier, un peu comme si l'on avait pris un drame intimiste indépendant sur une jeune apprentie-artiste tentant d'échapper à sa condition sociale, et qu'on y avait incorporé quelques touches de surnaturel, en guise de garniture.
En effet, le drame intimiste indépendant constitue l'essentiel de ces 10 épisodes, dix épisodes visuellement délibérément ternes et fades, sans grande fantaisie ni inspiration, y compris au niveau des scènes illustrant Christmasland.

Tout est filmé de manière "réaliste", ce qui est assez logique compte tenu de l'orientation du scénario : une réalité terne, insipide, malheureuse et sinistre, où le surnaturel s'invite progressivement, pour offrir à son héroïne une échappatoire et un nouveau futur. Et donc, pendant le plus clair de ces 10 épisodes, la série se concentre sur la vie de Vic, sur ses problèmes familiaux, sur son père alcoolique et infidèle, sur sa mère pleine de défauts, sur ses amies plus riches qu'elle, sur sa romance naissante, sur ses aspirations artistiques, etc, etc, etc.
En filigrane, il y a bien un peu de surnaturel, un Zachary Quinto menaçant, quelques scènes plus tendues, mais c'est dilué dans la réalité du quotidien de Vic, au point de perdre la majeure partie de son impact, et de rendre les cinq ou six premiers épisodes assez peu engageants.
C'est dommage, car le monde surnaturel créé par Joe Hill, bien qu'évoquant fortement les œuvres de son père (de manière directe ou indirecte, d'ailleurs - clins d'oeil à Pennywise...), n'est pas inintéressant. Et à l'identique, l'interprétation (notamment de ses deux acteurs principaux) est globalement tout à fait solide et convaincante.
Mais malheureusement, alourdi par les choix créatifs de la production, et par son aspect "mélodramatique", le programme ne décolle jamais, chaque moment potentiellement captivant étant rapidement noyé dans un retour assez frustrant à la réalité et à la médiocrité d'un quotidien délavé.

D'autant plus frustrant que, lorsqu'il se passe quelque chose (vers la fin de saison), l'intérêt remonte notablement, et le ton et la direction de la série semblent devenir plus homogènes.
Mais même là, l'écriture est assez maladroite, téléphonant ses effets et ses rebondissements (tous les problèmes sentimentaux de l'héroïne, les choix faits par celle-ci, par la médium, par le petit-ami de Vic...), et forçant ses personnages dans des situations dramatiques assez agaçantes (tout l'incendie de la maison de Manx est à ce titre un beau moment narratif très artificiel).
Un bon exemple étant cet ultime épisode de la saison, qui, en un petit quart d'heure (à la réalisation assez laide en gros plans serrés) montre Vic en train de s'échapper, d'être secourue par des inconnus qui la croient instantanément et deviennent ses sidekicks, résout le conflit Vic/Manx, et la plupart des enjeux de la saison... puis la série repart dans le mélodrame familial, pour une grosse demi-heure de protagonistes qui se parlent, qui se réconcilient, qui découvrent une grossesse inattendue (pourtant un véritable cliché bien honteux, à ce point) et qui, pour finir, se remettent en route, via un flash-forward de plusieurs mois, histoire de relancer la machine pour une nouvelle saison déjà commandée.
Honnêtement, alors que je retrouvais un peu d'espoir à l'approche de la conclusion, celle-ci a achevé de me détourner du programme.
Je suppose que si l'on adhère à la vision artistique de la série, ou si l'on se retrouve dans le personnage de Vic, il est possible de vraiment adhérer à la proposition de NOS4A2.
Ce n'est pas le cas en ce qui me concerne. Pire, d'un point de vue formel, je reste persuadé que, sous la plume de quelqu'un de plus compétent et de plus concis (car l'immense majorité des scènes "réalistes" sont particulièrement redondantes), la plupart des épisodes de la saison pourraient être résumés en quelques scènes, une quinzaine de minutes chacun, tout au plus, et réunis sous forme de mini-série de 2x90 minutes... ça n'aurait pas été parfait, mais ça aurait été, sans nul doute, nettement plus efficace.
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