Chez les Téléphages Anonymes, d'octobre à début novembre, on fête Halloween et l'Oktorrorfest, un marathon quotidien de cinéma fantastique et d'horreur...
Ça - Chapitre 2 (It - Chapter Two - 2019) :
27 ans après les événements de leur enfance, qu'ils ont tous mystérieusement oubliés, le groupe des Losers (Jessica Chastain, James McAvoy, Bill Hader, Jay Ryan, James Ransone) revient à Derry, motivés par un appel téléphonique de Mike (Isaiah Mustafa) : Ça (Bill Skarsgård) est de retour, et le moment est venu de mettre un terme à cette menace indicible, quitte à y laisser la vie...
Bien que souffrant de défauts inhérents au texte originel, et à certains choix d'adaptation, le premier volet de It s'était avéré une bonne surprise, et le haut du panier en matière d'adaptation de King : en choisissant de n'utiliser que la partie "enfance" du roman originale, et en jouant fortement la carte de la nostalgie 80s, le premier film parvenait à être une expérience contenue, agréable à suivre, une sorte de Stand By Me horrifique et très bien casté, où Pennywise restait une menace sinistre, sans jamais trop virer au grand-guignol.
Malheureusement, ces choix artistiques et créatifs sont précisément ce qui fait que ce Chapitre 2 ne fonctionne pas vraiment : en séparant ainsi les périodes enfance et âge adulte, la production s'est coupée d'une grande partie de ce qui faisait l'intérêt et la force de ce récit (d'autant plus que, déjà dans le livre, toute la partie enfance est clairement la plus intéressante et réussie).
It 2 se retrouve donc à marcher dans les pas de son prédécesseur, à retracer son chemin, mais avec des personnages adultes et amnésiques, qui doivent retrouver leurs souvenirs, retrouver la cohésion de leur groupe, réapprendre à affronter Pennywise, etc...
Un récit qui s'étale ici (sans raison) sur près de trois heures et qui fait tout son possible pour compenser tout ce qui manque à cette moitié de roman, dans une sorte de fuite en avant où chaque solution apportée par le film à ses problèmes narratifs et créatifs amène d'autres problèmes à régler : les acteurs (plutôt bien choisis, à nouveau - Jay Ryan excepté) n'ont jamais le temps de développer la moindre alchimie, ou de faire exister leurs personnages au-delà de ce que l'on connaît déjà d'eux (pauvre Jessica Chastain/Beverly, réduite à paraître angoissée pendant tout le film, et guère plus) ? Pas grave, insérons des flashbacks (pas très utiles) avec les jeunes acteurs du premier film, rajeunis numériquement pour tenter de coller au Ça de 2017. Les péripéties sont mécaniques et redondantes vis à vis de ce que les personnages ont déjà vécu, les thématiques sont les mêmes ? Pas grave, faisons de ce Ça 2 une comédie horrifique, avec un Bill Hader sarcastique qui a toujours le bon mot pour désamorcer la tension, et des manifestations de Pennywise toujours plus grotesques et risibles. La menace de Pennywise est nettement diminuée par le côté décomplexé et caricatural des monstres, et par leur rendu tout-numérique peu convaincant (araignée-tête exceptée) ? Pas grave, insérons quelques meurtres forcés, totalement détachés de l'histoire des Losers, mais qui rajoutent au bodycount (bien faiblard) du clown meurtrier...
Et il en va de même pendant tout le métrage : le film tente d'être à la fois de l'horreur sérieuse à la King, avec une bande originale grandiloquente, un background improbable à base de tribu indienne, d'entité cosmique, de boîte magique, de rituel, de l'angoisse, etc, mais la plupart des scènes "horrifiques" sont plus amusantes ou forcées que tendues, ce qui affaiblit grandement l'intrigue.
D'autant que cette dernière n'est pas aidée par quelques tentatives de rectifier des erreurs du premier film : dans ce dernier, Mike était tout simplement inexistant, et c'était Ben qui était féru d'histoire... ici, Ben a tout oublié, et Mike est redevenu l'historien de la bande. Pourquoi ? Parce que. Stanley, déjà un personnage en retrait dans le premier film, est ici évacué (comme dans le livre) dès le début du film, suite à son suicide... un suicide qui est ici présenté, de manière assez étrange, comme un acte héroïque, une sorte de sacrifice nécessaire pour unir les Losers et les motiver à reprendre le combat.
Des décisions créatives qui ne fonctionnent pas vraiment, et qui trahissent les rouages grinçants de ce deuxième volet de Ça : ce n'est pas un film désastreux, et c'est même amusant à regarder si l'on adopte le même point de vue que le personnage de Bill Hader, mais le tout est vraiment un gros cran en dessous du premier film, jamais vraiment angoissant ou malsain, jamais vraiment bien développé, et incapable de bien conclure son récit.
Une occasion ratée, qui n'est pas forcément bien meilleure que la partie "adulte" de la mini-série de 1990.
3.75 - 1 = 2.75/6
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