Hellboy :
À la fin de la Seconde Guerre Mondiale, désespérés, les Nazis - menés par Raspoutine (Karel Roden) et son homme de main Kroenen (Ladislav Beran) - tentent d'ouvrir un portail vers un autre monde, pour en faire venir des créatures de cauchemar. Interrompus par les alliés, ils ne peuvent cependant invoquer qu'un bébé démoniaque, qui deviendra Hellboy (Ron Perlman), et finira par grandir au sein du BPRD, un bureau de défense contre les menaces paranormales. Là, aux côtés d'Abe Sapien (Doug Jones), et de Liz Sherman (Selma Blair), tous deux dotés de pouvoirs étranges, et sous la supervision de son père d'adoption (John Hurt), Hellboy protège l'Amérique contre le Mal... jusqu'à ce que Raspoutine refasse surface et menace à nouveau la Terre.
Amusant comme le temps peut altérer notre perception d'un film : je n'avais pas vu Hellboy depuis une petite dizaine d'années, et j'en gardais le souvenir d'un métrage dynamique, excentrique et très réussi, mêlant super-héroïsme et horreur lovecraftienne, et où l'on retrouvait les obsessions habituelles de Guillermo Del Toro pour les rouages, les horloges, etc.
Et en fait, ce n'est que partiellement vrai, puisque je dois bien dire que Hellboy a un peu vieilli, et ne s'est pas forcément amélioré avec le temps.
Les bons points indubitables, tout d'abord : la direction artistique, comme toujours excellente chez Del Toro. Les créatures sont superbes, les maquillages convaincants, les décors somptueux, etc, etc, etc. Ron Perlman fait ainsi un très bon Hellboy, et Abe Sapien est formidable.
La musique, ensuite : le score de Marco Beltrami est excellent, ses thèmes mémorables (le thème de Broom est à pleurer lors de son enterrement), et tout au plus pourra-t-on regretter qu'ils ne soient pas totalement exploités à leur juste valeur ; le thème héroïque d'Hellboy, que l'on devine par bribes durant le film, et qui explose durant le générique de fin, aurait ainsi mérité d'être plus mis en avant.
Et le tout est clairement inventif, ludique, et agréable à suivre, là n'est pas la question. Le problème du film, en réalité, c'est qu'il est plein de petits défauts insignifiants, mais qui s'accumulent pour tirer le résultat final vers le bas.
À commencer par les effets spéciaux, qui trahissent fréquemment le budget limité du film : les sauts, tous câblés, sont affreusement artificiels ; la main droite de Hellboy est soit trop rigide et factice lorsqu'elle est animatronique, soit mal finalisée lorsqu'elle est numérique ; idem pour Samael, qui selon les plans alterne créature en CGI ultra-mobile, et homme en costume aux déplacements patauds ; etc... Les effets du film restent tout à fait honorables (surtout vu le budget), mais ponctuellement, on tombe sur une scène qui coince, et qui ne convainc pas.
Ajoutez à cela un rythme un peu bancal (les 2h15 de la version longue sortie directement chez nous n'aident pas vraiment), une post-synchronisation assez inégale (encore un problème de budget, ou bien de direction d'acteurs ?), une résolution précipitée manquant un peu d'ampleur, et surtout une approche du monde de Hellboy qui peut frustrer.
Guillermo choisit en effet d'approcher le monde du BRPD au travers des yeux d'un débutant, qui arrive au Bureau et découvre ses excentricités. Problème : Men In Black est passé par là, et se rappelle fréquemment au spectateur, mais en plus, le débutant en question a le charisme d'un poulpe mort, et n'est guère intéressant (il est sous-développé, comme le sont les méchants du film, d'ailleurs).
Ce débutant, Myers, n'est en fait là que pour servir dans un pseudo-triangle amoureux assez quelconque, avec Liz et Hellboy... malheureusement, Del Toro a toujours été un peu maladroit dans son écriture des relations/émotions humaines et sentimentales : il fait de son Hellboy un amoureux transi un peu niais, un adolescent attardé jaloux, bref, un personnage souvent plus comique qu'héroïque.
Et comme en face, on a une Selma Blair qui ne m'a jamais vraiment convaincu au cinéma, notamment en love interest, tout ça se combine pour donner lieu à une sous-intrigue amoureuse pas très probante, qui a eu nettement plus de mal à passer durant ce visionnage qu'à l'époque.
Malgré tout, et compte tenu du fait que ce Hellboy était un projet qui tenait cher au cœur de GDT, tourné avec moins de 70M de $ (une broutille !), le résultat est tout à fait honorable et divertissant. Ce n'est pas le classique instantané que l'on pouvait couvrir de louanges à l'époque, mais c'est un métrage d'aventure solide et amusant, qui a le mérite de donner vie à un héros atypique, et de le faire affronter des créatures toujours plus étranges.
C'est généreux, et c'est toujours ça de pris.
3.75 + 0.25 pour la musique = 4/6
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...
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