L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, tout le mois d'octobre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...
A Discovery of Witches, saison 1 (2018) :
Sorcière orpheline refusant d'utiliser ses pouvoirs, Diana Bishop (Teresa Palmer) enseigne l'histoire à Oxford. Jusqu'au jour où elle découvre, dans la bibliothèque de l'Université, un vieux grimoire ancestral qu'elle est la seule à pouvoir lire, et qui révèle l'origine des vampires, des démons, et leurs liens avec les sorcières. Aussitôt, toute la communauté des êtres surnaturels se rapproche agressivement de Diana, pour tenter de découvrir la vérité, et la jeune femme fait la connaissance de Matthew Clairmont (Matthew Goode), un vampire séduisant bien décidé à la protéger...
Adaptation en 8 épisodes du roman Le Livre Perdu des Sortilèges de Deborah Harkness, cette série anglaise diffusé sur Sky TV évoquera sans nul doute des choses familières au spectateur amateur de littérature de genre : on est en effet en plein dans le genre de la bit-lit (la romance vampirique), avec tout ce que ça comporte de clichés et de défauts.
Difficile en effet de ne pas remarquer à quel point ces clichés sont présents : entre l'héroïne, élue aux pouvoirs extraordinaires et centre du monde surnaturel, jolie mais réservée, aux origines tragiques, et à la profession intellectuelle qui renvoie directement au métier et à la passion de Deborah Harkness (historienne et universitaire : on est à deux doigts du self insert façon Laurel K Hamilton) ; son prétendant vampire, mystérieux et séduisant mais proche de sa famille et noble de naissance, dirigeant d'un ordre spécial et secret ; les deux tantes excentriques que l'on dirait tout droit sorties de Sabrina l'apprentie sorcière, les luttes de clans entre les différents peuples surnaturels (ici surnommées créatures), la romance impossible et interdite façon Roméo et Juliette du pauvre, sans oublier le concept de voyage temporel qui semble gentiment surfer sur la vague Outlander, on devine tout de suite quelle est la tranche démographique visée par cette série et par le roman qu'elle adapte.
Et malheureusement, difficile de trouver beaucoup d'intérêt au programme tant il regorge à ce point de clichés, d'une réalisation et d'une esthétique assez froide (presque publicitaire), et d'un script maladroit qui tente d'adapter un ouvrage en y faisant des coupes peu judicieuses. Du moins, c'est ce que je suppose, puisque, n'ayant pas lu le roman, je ne peux que supposer qu'il était plus développé qu'ici : en effet, A Discovery of Witches a le malheureux problème de tenter d'établir un univers en huit épisodes à peine, ce qui est insuffisant.
La série se retrouve ainsi à présenter trois peuples principaux (les vampires, les sorcières, et les démons) sans jamais expliquer ou définir chacun de ces peuples. Passe encore pour les vampires et sorcières, assez communs, mais les démons souffrent ici de n'être jamais développés correctement : le spectateur ne sait donc jamais vraiment ce qu'est un démon dans cet univers, quels sont ses pouvoirs, et pourquoi certaines règles arbitraires interdisent le mélange des races, et semblent poser problème aux autres personnages.
D'ailleurs, il y a énormément de moments scientifiques qui n'apportent pas grand-chose à la série, une série clairement pensée comme une introduction à quelque chose de plus développé, et donc une série qui ne se suffit pas à elle-même. Paradoxalement, en 8 épisodes, il ne se passe pas grand-chose : l'héroïne est traquée des le premier épisode, et cela ne change pas jusqu'à la fin ; tout juste subit-elle une formation accélérée chez ses tantes, des tantes par ailleurs inutiles pendant les trois quarts de la saison, ce qui est un bien mauvaise utilisation de leurs actrices (Alex Kingston et Valarie Pettiford).
En multipliant les points de vue, par ailleurs, la série peine à intéresser. En effet, la particularité de la bit-lit, bien souvent, est d'adopter le point de vue de son héroïne, ce qui permet à la lectrice de s'identifier plus facilement au personnage, et de découvrir l'univers présenté par l'auteur. Seul problème : ici, le scénario passe autant de temps auprès des antagonistes (vampires et sorcières) et personnages secondaires (qui d'ailleurs ne débordent pas vraiment de charisme), qu'auprès de l'héroïne et de son vampire.
Le résultat, c'est un déficit de capital sympathie de l'héroïne (à l'interprétation inégale - et pourtant, habituellement, j'apprécie Teresa Palmer, mais ici, elle est terne) et un manque certain d'alchimie avec son vampire, raide comme un piquet et peu charismatique (j'ai bien conscience que ton nombre de spectatrices me contrediront, mais peu importe).
Et donc, entre ce couple principal franchement insipide (qui a même droit à une scène de sexe au ralenti et tout public, bien risible), leurs antagonistes assez peu engageants ou réussis, ces personnages secondaires sous-exploités ou inintéressants, ces effets spéciaux assez médiocres, et cette ambiance globale totalement glaciale, il y a bien trop peu de choses à se mettre sous la dent si l'on n'est pas conquis d'avance par le côté bit-lit et romance impossible entre deux êtres surnaturels.
J'avoue avoir abordé cette série sans attentes particulières, et je dois donc dire que je n'ai pas été déçu. A Discovery of Witches, à l'image de son monologue d'ouverture d'épisode répété jusqu'à plus soif, m'a laissé totalement de marbre, m'a lassé, et je crois que je vais m'arrêter là.
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de toutes les séries passées en revue sur ce blog en cliquant directement sur ce lien...
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