The Inventor - Out for Blood in Silicon Valley (2019) :
Documentaire indépendant réalisé par l'auteur de Going Clear (le documentaire sur la Scientologie), et diffusé sur HBO début 2019, revenant sur l'affaire Theranos, une start-up de la Silicon Valley qui, pendant plus d'une décennie, a accumulé les levées de fonds et les promesses révolutionnaires, sans avoir le moindre produit concret à proposer.
Le concept de Theranos était de révolutionner l'industrie des tests sanguins en proposant une machine miracle, de la taille d'une imprimante, capable d'effectuer tous les tests sanguins possibles et imaginables à partir d'une simple goutte de sang. Aucune plausibilité scientifique derrière ce projet, mais le charisme magnétique d'Elizabeth Holmes, une jeune entrepreneuse blonde de bonne famille sans réelle formation médicale, mais dont les grands yeux, la voix travaillée, la tenue à la Steve Jobs et le physique avantageux lui ont permis d'attirer à elle les financements de nombreux investisseurs (tous masculins et d'un certain âge...) séduits par ses promesses et son sourire.
Une Holmes qui s'est rapidement mise en couple avec un millionnaire pakistanais autoritaire, aussitôt devenu président de l'entreprise, et qui faisait régner l'ordre et la terreur au sein de Theranos, permettant à l'entreprise de se débarrasser des éléments les plus méfiants et/ou perturbateurs.
Ce château de cartes s'est, au fil des ans, de plus en plus développé, Holmes trouvant des partenaires et faisant jouer ses nombreux contacts politiques et commerciaux pour s'assurer que Theranos échappe toujours aux vérifications et autres audits trop dangereux...
Jusqu'à ce que tout finisse par s'écrouler, récemment, dans un scandale sanitaire retentissant remettant en question la manière même dont les startups de la tech font leurs affaires.
Un documentaire intéressant et assez bien rythmé malgré ses deux heures, mais qui aurait cependant mérité soit d'étendre sa portée (en mettant tout cela en perspective avec la manière dont Silicon Valley fonctionne, en insistant sur le fait que, de par son sexe, Holmes est un cas à part dans l'univers des startups, ou encore, en montrant que bon nombre de ces startups ne sont construites que sur du vent et du bagout), soit de se concentrer plus sur la personnalité d'Elizabeth Holmes, qui reste étrangement vague et distante.
Alors même que Holmes jouait constamment sur la fibre sensible de ses interlocuteurs, le documentaire reste assez froid et méthodique, refusant l'émotion, ou même de trop s'attarder sur "la personnalité magnétique" de Holmes, telle que la décrivent ses investisseurs.
Résultat : même si le travail d'enquête est intéressant, le spectateur reste un peu sur sa fin, et ignore, in fine, si Elizabeth Holmes croyait naïvement à toutes ses promesses, ou si elle mentait de bout en bout, consciente d'être une sociopathe parmi tant d'autres dans la Silicon Valley...
3.75/6
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