The Predator (2018) :
En mission au Mexique, Quinn McKenna (Boyd Holbrook), un sniper de l'armée, assiste au crash d'un vaisseau extraterrestre, et il y trouve des armes et un équipement de pointe. Décidé à garder une preuve de l'incident, il expédie alors ses trouvailles à son domicile, aux USA, où son fils autiste, Rory (Jacob Tremblay), réceptionne le paquet. Mais rapidement, alors que McKenna est arrêté et maintenu en détention aux côtés d'une bande d'ex-militaires excentriques (Trevante Rhodes, Keegan-Michael Key, Thomas Jane, Alfie Allen, Augusto Aguilera), un chasseur extra-terrestre débarque sur Terre, bien décidé à détruire les restes du vaisseau écrasé, à récupérer l'équipement dérobé, et à éliminer le seul survivant du crash, l'un de ses semblables, désormais entre les mains des savants du gouvernement (Olivia Munn, Sterling K. Brown)...
Dernière incarnation en date de la franchise Predator, ce métrage a bénéficié, durant sa gestation, d'une indulgence certaine, principalement due à la présence de Shane Black aux commandes du projet. Un Shane Black déjà dans le Predator original, et scénariste et réalisateur confirmé (la saga Arme Fatale, The Monster Squad, Iron Man 3, Kiss Kiss Bang Bang, The Nice Guys), très apprécié des cinéphiles malgré des résultats assez mitigés, et des motifs récurrents assez envahissants.
Ici, donc, Black a décidé de relancer la franchise en piochant çà et là dans les œuvres existantes, et en enrobant le tout de son sens habituel du dialogue et de l'humour - pas forcément ce à quoi l'on s'attend lorsque l'on évoque le Predator, mais bon, pourquoi pas.
Malheureusement, dans les faits, le film peine à convaincre : si Black fait preuve d'une certaine retenue dans le recyclage de ses figures imposées (enfant, période festive), il s'inspire d'idées pas forcément judicieuses, issues d'autres métrages de la franchise : on a ainsi l'impression de revoir des morceaux de Predators, avec ces chiens de chasse extra-terrestres, et cette opposition entre deux types de Predators aux gabarits différents.
En parallèle, Black développe la mythologie des Predators de manière peu convaincante (modifications génétiques, autisme présenté comme étant le futur de l'évolution humaine, etc), d'autant moins convaincante que le film apparaît constamment précipité et décousu : les quelques idées que Black apporte à la franchise sont catapultées au détour d'un dialogue, et n'ont pas le temps d'être assimilées, puisque le film est déjà passé à trois autres idées différentes.
C'est d'ailleurs le vrai problème du film : son montage/son rythme. On sent clairement que les ciseaux du monteur sont passés par là, et ont fait des ravages. Outre un troisième acte totalement repensé après le tournage principal (et donc retourné suite à des projections tests négatives), le film semble décidé à arriver le plus vite possible à sa conclusion, en coupant le moindre moment de développement ou de caractérisation qui ne serait pas indispensable au récit.
Résultat : on a constamment l'impression qu'il manque plein de moments de transition, et d'innombrables scènes expliquant le raisonnement et les déductions des personnages, ou tout simplement établissant un lien logique entre les scènes et les rebondissements du récit.
Ajoutez à cela des Loonies sous-développés (Allen ne sert à rien et ne doit avoir que trois lignes de dialogue dans le film, les autres ne servent qu'à s'échanger des vannes), des personnages féminins peu intéressants ou cohérents (Yvonne Strahovsky fait de la figuration, Olivia Munn - de plus en plus méconnaissable - passe de scientifique intellectuelle experte en évolution à guerrière chasseuse d'alien en trois secondes et demi, sans explication, et sans être réellement crédible), un protagoniste fade et insipide, un über-Predator numérique assez laid et à la posture de catcheur, un chien extra-terrestre lobotomisé, et une bande originale de Henry Jackman, qui se contente de singer Silvestri et de lui rajouter quelques envolées claironnantes héroïques relativement hors-sujet...
... et voilà : un The Predator immédiatement oublié, ressemblant plus à un brouillon de film qu'à une renaissance de la franchise, et qui se permet de se terminer par une scène totalement plate et pitoyable, dans laquelle Shane Black recycle Iron Man à la sauce dreadlocks.
Peut-être que le film gagnera à être revu dans une éventuelle version longue, qui permettrait au récit de respirer et aux personnages d'exister... mais en l'état, c'est le moins bon de la franchise.
2.5/6
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