Avec déjà deux saisons au compteur, Santa Clarita Diet faisait, début 2019, figure d'outsider parmi les nombreuses séries exclusives à Netflix. Discrète et passant totalement sous le radar de la plupart des critiques, cette comédie signée Victor Fresco (Earl, Better off Ted, Andy Richter, etc...) continuait de surfer sur la vague de popularité (pourtant quasi-agonisante) des zombies, en proposant une sitcom familiale un peu décousue, pas toujours maîtrisée, et pourtant assez sympathique, portée par l'interprétation décomplexée de Drew Barrymore et de Timothy Olyphant....
Santa Clarita, saison 3 :
Influencée par Anne (Natalie Morales), qui s'invite de plus en plus dans leur vie, Sheila (Drew Barrymore) remet son existence en question, et se cherche une vocation. Pendant ce temps, les Chevaliers de Serbie se rapprochent de Santa Clarita, à la recherche de morts-vivants, alors que les autorités, elles, mènent l'enquête sur l'acte écoterroriste causé par Abby (Liv Hewson) et Eric (Skyler Gisondo)...
À la fin de la saison 2 de SCD, j'avais un avis un peu mitigé sur la série. La faute à une saison pleine de pistes inexploitées - ou mal exploitées - séparant les Hammond du duo de jeunes pendant toute la saison, s'éparpillant dans des directions pas toujours convaincantes, et peinant à équilibrer le mélange sitcom familiale et fil conducteur surnaturel.
Au vu de la saison 3, je pense qu'on peut dire que Fresco & compagnie n'avaient tout simplement pas vraiment eu le temps de planifier leur seconde saison, et l'avaient peut-être écrite dans la précipitation. En troisième année, ils corrigent bon nombre de ces erreurs, et structurent nettement mieux le tout : les éléments délaissés de la saison précédente reviennent sur le devant de la scène (Mr Ball-Legs, la tête de Nathan Fillion - désormais décomposée et méconnaissable, ce qui permet à la production de remplacer l'acteur par Alan Tudyk - , les Chevaliers de Serbie, Anne, Ramona), Abby finit par réintégrer la cellule familiale, la maladie zombiesque se propage... bref, ça évolue dans une direction intéressante.
Cela ne se fait cependant pas sans quelques heurts : les traits sont toujours plus gros et forcés, au point de donner parfois l'impression que tous les personnages féminins de la série sont impulsifs, autoritaires et castrateurs (et, réciproquement, que les personnages masculins sont tous émasculés, incapables et névrosés) : ce n'est pas forcément délibéré de la part de la série, mais c'est parfois assez agaçant, notamment au niveau de Sheila, de plus en plus égocentrique et énervante.
À l'identique, on retrouve certains des défauts des saisons précédentes : Anne disparaît tout simplement de la série après quelques épisodes (pour permettre à Natalie Morales de tourner sa sitcom ?), les adolescents passent encore la moitié de la saison à se tourner autour, embarqués dans une sous-intrigue totalement détachée des autres personnages, et les trois Serbes (menés par Goran Visnjic) font à peine plus que de la figuration dans cette saison, dont ils étaient pourtant présentés comme les méchants.
Heureusement, la série multiplie les idées excentriques, les guest stars motivées (Ethan Suplee de Earl, qui prend la succession de Zachary Knighton ; Malcolm Barrett, de Better Off Ted...), et finit par placer Sheila à la tête d'une armée grandissante de "disciples" voués à la protéger.
Au terme de cette saison 3 , il y avait donc là le potentiel d'une quatrième année intéressante, partant dans une direction intrigante... pour peu que la série réussisse à ne pas trop partir dans la caricature grossière et forcée, et à conserver un certain équilibre qu'elle peine pourtant déjà trop souvent à atteindre.
Cependant, avec l'annulation du programme, la question ne se posera pas vraiment. Ce que l'on peut se demander, par contre, c'est si la série manquera vraiment dans le paysage audiovisuel des séries tv/en streaming.
Pas sûr, car en plus d'arriver un peu après la bataille des séries de zombies, et malgré son approche plus légère et caricaturale du genre, Santa Clarita Diet n'a jamais semblé trouver son rythme de croisière, tiraillée entre un format sitcom, un désir de continuité et d'intrigues de fond, et une diffusion en mode binge watching, qui s’accommodent mal les uns des autres.
In fine, SCD n'est guère plus qu'une série amusante et divertissante, qui se regarde d'un oeil, mais qui manque un peu trop de rigueur, de structure et de direction pour être vraiment convaincante. Sympathique, mais loin d'être indispensable.
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