Comme la semaine dernière, je continue de séparer exceptionnellement les critiques de The Orville et de Star Trek Discovery, après une cinquième semaine de diffusion des deux séries qui ne m'avait pas beaucoup plus convaincu que la quatrième. Discovery, notamment, nous avait proposé un épisode honorable, sans plus, qui voyait le retour de la Section 31 et d'un membre d'équipage décédé...

Star Trek Discovery 2x06 - The Sound of Thunder :
Alors que le Discovery suit la trace du phénomène rouge mystérieux, il arrive en orbite de la planète natale de Saru, un Saru qui, désormais transformé, décide de changer la destinée de son espèce...
Alors là, on est pile dans ce qui ne va pas avec Star Trek Discovery, saison 2.
Non seulement on continue dans les épisodes de retcon (cette semaine, on reboote totalement la race de Saru, histoire de se débarrasser de tout ce qui faisait l'essence du personnage), mais en plus, on le fait de manière totalement précipitée : alors qu'on aurait pu se dire, à la fin du 2x04, qu'une sous-intrigue de fond allait avoir lieu dans la seconde moitié de la saison, une intrigue amenant Saru à retourner spontanément sur sa planète contre l'avis de Starfleet, etc, ici, les scénaristes choisissent de nous catapulter tout ça dès ce 2x06, sans même que Saru ne soit à l'initiative de ce choix (puisque la présence du Discovery en orbite est une "coïncidence", motivée par la présence de l'Ange Rouge) ou qu'il n'ait eu le temps de découvrir à quoi ressemblait vraiment sa nouvelle existence "sans peur".
Mouais. Alors je réalise tout à fait que, sans la moindre surprise, les scénaristes font de l'ange rouge un voyageur temporel aiguillant le Discovery sur son chemin (soit tout ce qu'on pouvait deviner dès le tout premier épisode de la saison...), et que par conséquent, ce n'est pas vraiment une "coïncidence", mais reste que c'est bâcler tout un développement dramatique du personnage de Saru pour pouvoir passer à autre chose, et que c'est typique de Discovery.
D'autant plus typique que l'épisode, en lui-même, enchaîne les moments et les raccourcis narratifs grossiers, comme à la grande heure de la saison 1.
Pas la moindre finesse d'écriture ni la moindre subtilité au programme, il faut avancer à tout prix, et tant pis si, pour cela, il faut fracasser la Prime Directive, en renversant l'équilibre des forces en présence sur la planète de Saru, et en rendant aux Kelpiens leur statut d'hyper-prédateurs incontrôlables ayant manqué d'exterminer les Ba'uls (qui sont une sorte de mélange entre Meg Mucklebones de Legend et Armus de STTNG). Le Discovery a peut-être bien condamné les Ba'uls à être de nouveau massacrés à terme, ce n'est pas grave ! Pas le temps de s'attarder là-dessus, ou sur les implications morales des actions de l'équipage, il faut repartir à la poursuite de Spock !
C'est d'autant plus rageant qu'il n'en faudrait pas beaucoup pour que tout cela soit tout à fait honorable : c'est spectaculaire, c'est dynamique, c'est relativement bien interprété (Saru en tête, Burnham nettement moins), mais non, c'est écrit de manière approximative, et ça ne semble pas vraiment se préoccuper du fond, préférant se concentrer sur la forme.
Et même là, on a de nouveau droit à une caméra constamment virevoltante et en mouvement, histoire d'imposer un rythme artificiel à toutes les scènes, et de donner un mal de mer au spectateur. a a de quoi agacer...

Star Trek Discovery 2x07 - Light and Shadows :
Alors que le Discovery, toujours en orbite de la planète de Saru, est confronté à une anomalie spatio-temporelle qui amène Pike et Tyler à l'explorer en navette, Burnham retourne sur Vulcain pour y trouver son frère...
Un épisode qui n'atteint même pas les 40 minutes, et qui semble à la fois précipité/bâclé dans ses avancées, tout en ne faisant que du surplace de transition assez approximatif. Un joli paradoxe, principalement dû au fait qu'une bonne moitié de l'épisode est consacrée à Pike et Tyler à bord de leur navette, une navette qui, forcément, connaît des problèmes, et que l'autre moitié s'intéresse à Burnham sur Vulcain, puis à bord du vaisseau de la Section 31.
Et là, forcément, problème, puisque les problèmes de famille de Burnham sont 90% moins intéressants que les scénaristes ne semblent le penser : un problème que la série a toujours eu, et qui est systématiquement amplifié par le jeu particulier de SMG (yeux écarquillés, air constipé) dès que l'émotion est supposée poindre, un jeu pas aidé par une réalisation en plan serrés et penchés (quand la caméra arrive à ne pas bouger, ce qui est rare) sur son visage.
Bref, toute l'intrigue de Burnham, et surtout la fin de l'épisode, avec la Section 31, était très approximative (je me répète, je sais) au niveau de l'écriture, avec notamment le recours avec cette référence à Alice au Pays des Merveilles, une référence que les scénaristes tentent d'imposer depuis un moment, histoire de se donner des airs de profondeur littéraire et intellectuelle, et qui ne fonctionne pas vraiment tant elle n'apporte rien au récit ou aux épisodes. Et je m'abstiendrai de parler de cette révélation finale au sujet des parents de Burnham... parce qu'honnêtement, ça ne m'intéresse pas du tout.
En face, l'anomalie temporelle, sa description, ses effets, sa résolution, ses conséquences, tout cela était clairement assez brouillon, mais à la limite, peu importe : c'était assez ludique et dynamique (à contrario de Burnham/ses parents), ce qui aide toujours à faire passer la pilule.
On regrettera néanmoins que Airiam n'ai jamais été développée avant d'être infectée ici (un problème récurrent du show), que Stamets serve désormais de couteau-suisse capable de tirer le vaisseau de toute situation périlleuse grâce à ses pouvoirs magiques, ou que Tilly peine à suivre la cadence de Stamets dans les couloirs, alors qu'elle a gagné un marathon à bord il y a quelques épisodes : c'est du pinaillage, certes, mais c'est assez symptomatique de l'approximation globale des scénaristes et de la production.
Cela dit, on commence à en avoir l'habitude, et d'un épisode à l'autre, les mêmes critiques ont tendance à revenir sur le manque de rigueur de l'équipe scénaristique.
En résumé, un épisode de transition indolore à regarder, assez efficace, mais tout sauf mémorable ou maîtrisé.
(tout ce que j'espère, à la vue de cette sonde upgradée et hostile, c'est que la production ne tente pas de recycler la Guerre Froide Temporelle de Star Trek Enterprise...)
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