Vintage Tomorrows :
Un documentaire d'à peine une heure s'intéressant au mouvement steampunk, à ses origines, à ses intérêts, à son futur, et à ce que cette tendance peut apporter au reste de la société...
Au programme, de nombreux intervenants, artistes, auteurs, musiciens, inventeurs, couturières, tailleurs, etc, qui expliquent leur passion du genre steampunk, et les raisons de cette passion, ainsi que leurs motivations philosophiques et idéologiques.
Et alors que le documentaire se veut une exploration positive du mouvement, un métrage supposé montrer au monde toutes les qualités du steampunk, ce que j'en retire, c'est que le steampunk (du moins, celui qui est présenté dans le film, très californien) est bourré de contradictions, incapable de se définir, et qu'il n'est, au final, pas si éloigné que ça des ren-fairs, les renaissance fairs américaines très à la mode dans les années 60-80.
Comme dans les ren-fairs, ces steampunkers (steampunks ?) sont attirés par l'idée de s'immerger dans un monde imaginaire, dans une autre époque qu'ils n'ont pas connue, et qui leur est étrangère ; une époque qu'ils revivent au travers de costumes, de jeux-de-rôles, de projets artistiques, et qu'ils s'approprient en se livrant à une bonne dose de révisionnisme historique.
La composante raciale du mouvement est ainsi assez problématique : 98% des intervenants du documentaire sont blancs, libéraux (dans le sens américain du terme), et semblent vraiment hésiter à assumer pleinement le caractère discutable de cette vénération d'une époque coloniale pleine d'injustices (certains intervenants militent pour un steampunk réécrivant l'histoire par le prisme du politiquement correct actuel, d'autres trouvent que c'est une aberration) ; une intervenante afro-américaine aborde justement ce point, pour expliquer pourquoi elle n'est pas à l'aise avec le steampunk tel que beaucoup le pratiquent.
Comme bon nombre de participants aux ren-fairs, la composante artisanale est importante, tout comme le confort nostalgique d'une époque plus simple : les amateurs de steampunk adorent la technologie, mais pas celle d'aujourd'hui, trop compliquée ; ils veulent une technologie plus basique, qu'ils sont en mesure de démonter et de comprendre.
Un retour aux choses simples, un désir de fabrication manuelle, de reprise de contrôle sur son existence, etc... qui passe par la construction d'un monde imaginaire idéalisé ; une recherche d'une technologie personnalisée et d'un style unique... qui passe par l'intégration à un mouvement où tout le monde a tendance à coller des rouages sur tout ce qui bouge, et à aimer les mêmes choses/livres/œuvres, etc.
Et il y a aussi cette sorte de prétention qui se dégage des "intellectuels" du mouvement, une prétention artistique qui refuse l'appellation "simpliste et méprisante" de cosplay, impose et invoque à sa place une philosophie de vie, un mouvement révolutionnaire et contestataire pouvant changer l'avenir du monde, comme le Flower Power l'a fait à son époque.
C'est cette intellectualisation du mouvement qui domine ici, et qui a la parole. Une intellectualisation qui, lorsque l'on se renseigne un peu, a clairement divisé le mouvement steampunk américain il y a quelques années, entre les "artistes & philosophes" voulant associer au mouvement des valeurs progressistes, de justice sociale, et de révolution sociétale, et les participants lambda, des amateurs voulant prendre part à un fandom un peu différent des autres, avec son esthétique particulière, sa communauté, ses fêtes, etc.
Avec sa petite heure de métrage, Vintage Tomorrows ne semble pas vouloir explorer toutes les contradictions et tous les courants de pensée du mouvement steampunk ; c'est bien dommage, et on ressort du documentaire avec une impression d'inachevé.
Cela dit, pour une introduction à ce milieu (ou du moins, à une partie de ce qu'était ce milieu il y a 5 ou 6 ans), Vintage Tomorrows devrait faire l'affaire.
3.75/6
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