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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Les bilans de Lurdo - Halloween Oktorrorfest 2018 : The Haunting of Hill House (2018)

Publié le 9 Novembre 2018 par Lurdo in Critiques éclair, Review, Télévision, Halloween, Horreur, Oktorrorfest, Fantastique, Netflix, Les bilans de Lurdo, Drame, Flanagan

L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, du 1er octobre à début novembre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...

The Haunting of Hill House (2018) :

En 1992, alors qu'ils vivent dans la Hill House, un manoir racheté par leurs parents (Carla Gugino & Henry Thomas) pour le rénover et le revendre, les enfants Crain (Paxton Singleton, Lulu Wilson, Julian Hilliard, Mckenna Grace, Violet McGraw) sont traumatisés par des phénomènes surnaturels qui s'amplifient, et qui culminent par une tragédie coûtant la vie à leur mère. 25 ans plus tard, désormais adultes (Michiel Huisman, Elizabeth Reaser, Oliver Jackson-Cohen, Kate Siegel, Victoria Pedretti), ils restent tous marqués à vie par leur expérience. Et bientôt, leur passé se rappelle à eux, alors qu'une nouvelle tragédie les force à retourner une dernière fois à Hill House...

Je l'ai suffisamment mentionné sur ce blog, à l'occasion de ses nombreux films - Absentia, The Mirror, Pas un bruit, Ne t'endors pas, Ouija - Les Origines ou encore Jessie - mais cela mérite d'être répété : année après année, film après film, Mike Flanagan se fait lentement, mais sûrement, une place au panthéon des réalisateurs marquants de l'horreur cinématographique.

Pas tant pour d'éventuels chefs d’œuvre incontournables du genre, mais plus par sa capacité à produire des films réussis, d'une qualité assez homogène, à la réalisation et à l'écriture maîtrisées, et qui ne déçoivent jamais vraiment.

Flanagan est un artisan du genre, et s'il continue ainsi, il ira probablement loin... mais pour le moment, il est sur Netflix.

Et après un Jessie/Gerald's Game plutôt convaincant, Flanagan s'est essayé pour Netflix à un exercice inédit pour lui (la série télévisée), en se mesurant au roman de 1959 de Shirley Jackson, pour en livrer une nouvelle adaptation.

Adaptation très libre, il faut bien l'avouer, et qui n'a pas énormément non plus en commun avec l’œuvre originale (ou avec ses adaptations précédentes, de 1963 et de 1999) : ici, Flanagan (à la réalisation de tous les épisodes, à l'écriture de certains, et au poste de showrunner) ne garde principalement que le cadre (la maison) et certains événements, pour construire et déconstruire 10 épisodes de 50-55 minutes, centrés autour du thème du deuil et du traumatisme.

Le traumatisme de ces enfants devenus adultes dysfonctionnels, incarnant chacun l'un des fameux stages du deuil - le déni, la colère, le marchandage, la dépression et l'acceptation - et de leur père, témoin d'événements des plus improbables, des événements narrés au travers de deux chronologies principales qui s'entremêlent et se répondent tout au long de la série.

À Hill House, le présent et le passé sont en effet intrinsèquement liés, et s'influencent directement : visions, fantômes, actions et conséquences, les deux époques présentées à l'écran se déroulent de manière volontairement déstructurée, révélant progressivement leurs secrets aux yeux d'un spectateur parfois déboussolé par ces transitions et ces sauts temporels constants.

C'est clairement voulu par Flanagan, qui place ainsi le spectateur dans la même position que ses personnages : confrontés à des éléments qu'ils ne comprennent pas, à des échos du passé, à des mystères qui se dévoilent petit à petit...

D'ailleurs, formellement, le tout est particulièrement maîtrisé de bout en bout, que ce soit à l'écran, ou sur le papier. Outre la structure probante du scénario (chacun des premiers épisodes est consacré à l'un des enfants Crain, qui se retrouvent ensuite et retournent au manoir en fin de saison), Flanagan se refuse aux effets les plus faciles du genre : ici, pas de terreur alimentée à grands coups de jump scares et autres déchaînements de gore, mais plutôt une approche minimaliste de l'horreur, entièrement basée sur la suggestion et sur l'ambiance pesante du manoir (et de son architecture).

Partout, dans chaque épisode, des silhouettes menaçantes se trouvent en arrière-plan, floues et mal cadrées : statues parfois mobiles, fantômes observant les occupants de la maison, membres blanchâtres ne semblant pas avoir de corps, Flanagan ne souligne jamais tous ces effets (qui échapperont probablement à la plupart des spectateurs au premier visionnage), et il en résulte une ambiance de menace constante. Comme les protagonistes, le spectateur ne sait jamais vraiment s'il a bien vu ce qu'il a vu, et reste donc constamment sur ses gardes : simple mais efficace pour imposer de la tension.

Mais tous ces efforts ne seraient rien sans la distribution de la série, qui est son plus grand succès : tous les personnages sont bien interprétés, le plus souvent attachants (les enfants, notamment, sont impeccables), et cela permet de rendre leurs problèmes relationnels (qui constituent une grande partie de la série) compréhensibles et touchants.

La série fonctionne donc très bien dans son ensemble, et s'avèrerait une réussite incontestable à ajouter au CV de Flanagan... sauf qu'elle s'essouffle un peu sur la fin de saison.

C'est le problème Netflix, une fois de plus : les cinq premiers épisodes sont intéressants, le sixième est une performance technique (l'heure de métrage se compose de quatre ou cinq plans séquences... et c'est tout) qui voit les frères et sœurs se retrouver enfin, mais ensuite, la série freine des quatre fers sur ses quatre derniers épisodes, des épisodes qui auraient facilement pu être résumés en deux heures de métrage (pour une saison de 8 épisodes, à l'anglaise).

Une surabondance de temps d'antenne qui amène Flanagan à succomber occasionnellement à un travers de sur-écriture de ses dialogues : ses personnages ont ponctuellement tendance à se lancer dans des tirades assez verbeuses, bien écrites, mais presque trop littéraires et désuètes pour vraiment fonctionner en tant que dialogues modernes.

Peut-être un parti-pris de Flanagan, pour renvoyer aux origines littéraires du récit, allez savoir.

Et puis il faut bien avouer que plus la série s'approche de son dernier épisode, plus elle a tendance à se montrer démonstrative, une tare que Flanagan avait plus ou moins su éviter jusque là. La série a une conclusion assez développée, qui rentre dans les détails du pourquoi et du comment, et cela tranche relativement avec la subtilité et la mesure du reste de la saison.

Cela dit, ces défauts sont loin d'être rédhibitoires, et dans l'ensemble, The Haunting of Hill House est une réussite pour Netflix, l'une de ses productions récentes les plus homogènes et maîtrisées, et une œuvre dans la droite continuité de ce que Mike Flanagan produit habituellement au cinéma : ce n'est pas parfait, mais il y a là de quoi être largement satisfait.

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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de toutes les séries passées en revue dans le cadre de l'Oktorrorfest dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien...

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