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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Halloween Oktorrorfest 2018 - 56 - Terror Tract (2000) & Ghost Stories (2017)

Publié le 30 Octobre 2018 par Lurdo in Critiques éclair, Cinéma, Review, Oktorrorfest, Fantastique, Horreur, Halloween, UK, Anthologie, Comédie

Chez les Téléphages Anonymes, du 1er octobre à début novembre, on fête Halloween et l'Oktorrorfest, un marathon quotidien de cinéma fantastique et d'horreur....

Terror Tract (2000) :

Anthologie horrifique indépendante très axée humour noir et satire mordante de la vie de banlieue américaine, notamment par le biais de John Ritter, dans le rôle d'un agent immobilier faisant visiter à un jeune couple plusieurs maisons aux antécédents sanglants...

- Nightmare : lorsque son époux businessman (Fredric Lehne) est assassiné par son amant (Carmine Giovinazzo), une femme (Rachel York) se persuade que son mari est revenu d'entre les morts pour se venger d'elle...

Un postulat de départ et une chute assez classiques, un montage pas toujours maîtrisé et des bruitages parfois un peu fauchés, pour un segment prévisible et peu mémorable, un peu longuet, répétitif et racoleur. Rien de dramatique, cela dit, et le caméo de Wade Williams fait toujours plaisir.

- Bobo : Ron Gatley (Bryan Cranston), père de famille, ne sait plus quoi faire : Bobo, le petit singe que sa fille (Katelin Petersen) a trouvé dans un arbre, s'avère intenable et agressif dès qu'il se trouve seul avec lui, mais personne ne le croit. Et lorsque le chien de la famille est retrouvé mort, Ron commence à s'énerver... mais rien n'y fait, pas même l'intervention d'un agent de la fourrière animalière (Buff Bagwell).

Un segment pour lequel j'ai toujours eu de la sympathie, malgré son côté outrancier et pas ultra-crédible : probablement parce que Cranston est sympathique (et se donne à fond sans tomber dans le surjeu goguenard), que la petite Katelin Petersen est adorable, qu'un catcheur se fait massacrer, ou que la dangereuse créature de cette histoire n'est qu'un pauvre capucin qui passe son temps à hurler. Ce n'est pas forcément exceptionnel ou très surprenant, mais c'est divertissant.

- Come to Granny : Un soir, le Dr. Helen Corey (Brenda Strong) reçoit la visite  de Sean (Will Estes), un adolescent troublé par des visions étranges : depuis peu, il assiste mentalement aux meurtres commis par le Granny Killer, un tueur en série portant un masque à l'effigie d'une grand-mère...

Un segment qui tente très fort de jouer la carte de la fausse piste, et y parvient presque. Dans l'ensemble, la distribution est sympathique (mention spéciale à Shonda Farr, dans un petit rôle, et qui a malheureusement disparu des écrans depuis près de 10 ans), l'atmosphère est menaçante, la montée en tension honorable, le tueur a un masque efficace, et la toute fin fonctionne.

- Fil conducteur : Bob Carter (John Ritter), agent immobilier, tente de convaincre Allen et Mary Ann Doyle (David DeLuise et Allison Smith), un jeune couple, d'acheter l'une de ses maisons, et de lui éviter ainsi un sort funeste...

Un fil rouge plutôt amusant, avec trois acteurs qui s'amusent vraiment à réagir aux trois segments du métrage, et qui sont au diapason les uns des autres. Et puis, bien entendu, le grand final, où tout vire au grand-guignol déjanté, avec tout le quartier qui part en vrille de manière très très réjouissante.

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Dans l'ensemble, une anthologie assez moyenne, qui trahit facilement ses origines de DTV, et qui ne déborde pas forcément d'originalité, mais paradoxalement, ça fonctionne tout de même assez bien : la distribution est, globalement, assez convaincante et bien choisie, et surtout, le métrage parvient à constamment garder cet équilibre précaire entre grosse farce caricaturale, humour noir mordant, et suspense horrifique.

Ajoutez à cela une bande originale symphonique très réussie d'un tout jeune Brian Tyler (peut-être même trop réussie pour le film, mais bon), et voilà :

3.5/6

Ghost Stories (2018) :

Universitaire et animateur d'une émission télévisée au cours de laquelle il démasque les pseudo-médiums et autres charlatans, Phillip Goodman (Andy Nyman) est contacté par son idole de toujours, Charles Cameron, qui a mystérieusement disparu de la vie publique il y a plusieurs décennies. Mais lorsqu'il le rencontre enfin, Cameron a changé : cloîtré dans une caravane miteuse, Cameron semble désormais persuadé de l'existence du paranormal, et désespéré, il confie à Goodman trois affaires non résolues, pour le convaincre de leur caractère surnaturel...

Film anglais, écrit et réalisé par Andy Nyman (acteur/réalisateur/scénariste et fréquent associé de Derren Brown) et Jeremy Dyson (le membre "invisible" du Club des Gentlemen), qui adaptent là leur pièce de théâtre sous forme d'une anthologie en trois segments + un fil conducteur.

(attention, SPOILERS)

- Tony Matthews : Goodman rencontre Tony Matthews (Paul Whitehouse), un veilleur de nuit, qui a vécu une expérience terrifiante dans un asile pour femmes désaffecté.

Un segment assez quelconque, malheureusement, avec une banale histoire d'asile délabré et de gardien qui croise le fantôme d'une fillette : pas assez tendu, le fantôme est plutôt générique, l'ambiance est faiblarde, bref, un bon gros bof.

Et la transition vers le segment suivant est bien trop abrupte à mon goût.

- Simon Rifkind : Goodman se rend chez Simon Rifkind (Alex Lawther), un adolescent fébrile qui affirme avoir renversé le diable alors qu'il roulait de nuit au volant de la voiture de son père, dans une forêt...

Là encore, un résultat très mitigé. Très mitigé, car d'un côté, Alex Lawther (déjà excellent dans Howards End et dans l'épisode Shut Up and Dance de Black Mirror) se donne à fond, à la limite du surjeu... mais c'est voulu, puisque le segment est semi-humoristique et grotesque, avec une musique lorgnant sur La Malédiction, une caméra flottante à la Evil Dead, etc

C'est donc assez sympathique, avec une ambiance étrange dès que Goodman arrive dans la maison de Rifkind. Malheureusement, un peu comme dans le segment précédent, tout se termine en queue de poisson, de manière bien trop abrupte, sans vraie résolution. Dommage.

- Mike Priddle : Goodman rencontre Mike Priddle (Martin Freeman), un trader de la City victime d'un poltergeist à son domicile durant la grossesse de son épouse hospitalisée.

Rien de vraiment passionnant non plus, puisque Freeman se contente de narrer le tout, et de vaguement réagir à quelques phénomènes paranormaux, et au fantôme de son épouse. Pas grand suspense, pas grand intérêt... mais une fin de segment surprenante et efficace.

- Fil conducteur - Goodman & Cameron :

Et là, dès le début du film, problème. Car non seulement le concept du sceptique debunker qui est confronté à des phénomènes paranormaux réels, et change alors radicalement d'avis, est déjà assez convenu (sur le coup, j'ai même pensé au raté Red Lights), mais en plus, dès que l'on aperçoit Charles Cameron à l'écran, on se doute qu'il y a anguille sous roche.

Que ce soit dans la vidéo flashback, ou en face à face dans sa caravane, on comprend très vite qu'on a affaire à un acteur déguisé sous un masque en latex. Et quand bien même le spectateur ne reconnaîtrait pas la voix de ce dernier (grâce à l'épais accent dont il s'affuble), le simple fait que le personnage ne soit crédité nulle part (et s'il l'est, c'est à un acteur inconnu et sans la moindre photo ou présence en ligne) met la puce à l'oreille. Tout de suite, on réalise que le film essaie de nous piéger, et se prépare à révéler l'identité du personnage de manière spectaculaire, à un moment ou à un autre.

Et c'est le cas, après 75 minutes de film - c'est bien Freeman sous le masque (on s'en doutait), et le fait qu'il soit encore en vie a une explication toute simple : tout le film n'est qu'une variation très dérivative d'une astuce scénaristique maintes et maintes fois exploitée dans le registre de l'horreur, le "tout ça n'était qu'un rêve".

Le rêve d'un Goodman dans le coma, sur son lit d'hôpital, et dont les trois "enquêtes" étaient une manière pour son cerveau d'analyser et de gérer ses angoisses, ses regrets, sa culpabilité (suite à une expérience traumatisante durant son enfance) et les stimuli sensoriels du monde extérieur.

Pour le spectateur attentif, ou qui a déjà une certaine expérience du genre, pas de surprise : les indices étaient assez transparents (il y a un certain manque récurrent de subtilité et de finesse dans les dialogues, avec des répliques bien appuyées pour faire comprendre au spectateur leur double-sens évident), et les manifestations surnaturelles, entre chaque segment, laissaient deviner que quelque chose ne tournait pas rond chez Goodman.

Pas de surprise, mais pas grand intérêt non plus, tant ce ressort narratif est éventé et basique. D'autant que le film développe en longueur le traumatisme de Goodman, par le biais d'un segment-flashback assez plat, et sans grande tension. On retiendra néanmoins quelques effets de transition très efficaces et bien trouvés, qui permettent une réalisation onirique assez sympathique (l'illustration musicale, par contre, est un peu envahissante).

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Une anthologie vraiment décevante, surtout compte tenu de la présence d'un membre de la League à l'écriture et à la réalisation : tout en étant un hommage sincère, professionnel et bien produit à tout un pan du cinéma britannique (les anthologies Amicus, principalement), le film manque cruellement d'originalité, de subtilité, et peut-être même d'humilité, tant il semble parfois persuadé de la pertinence, de l'originalité et de la subtilité de ses métaphores, de son script et du tour de passe-passe sur lequel ils reposent.

2.25/6

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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue dans le cadre de l'Oktorrorfest dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien...

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