Chez les Téléphages Anonymes, du 1er octobre à début novembre, on fête Halloween et l'Oktorrorfest, un marathon quotidien de cinéma fantastique et d'horreur....
Sans un Bruit (A Quiet Place) :
En 2020, alors que la Terre est envahie par des prédateurs implacables et aveugles, sensibles au moindre bruit, les Abbott (Emily Blunt, John Krasinski, Millicent Simmonds et Noah Jupe) tentent de survivre dans leur ferme de l'état de New York sans attirer l'attention de ces créatures. Mais les Abbott attendent un bébé, et l'accouchement est proche...
Film réalisé et co-écrit par John Krasinski (avec les scénaristes de Nightlight), et qui bénéficie, depuis sa sortie en début d'année, d'un buzz improbable parlant de "meilleur film d'horreur de ces cinq dernières années, un chef d'oeuvre du genre", etc.
Pas forcément surprenant en soi (chaque année, les médias américains s'emballent comme ça pour un film d'horreur ou un autre, censé renouveler totalement le genre, ou bénéficiant du capital sympathie de son réalisateur/scénariste - cf Get Out), mais une réputation forcément démesurée qui, au final, fait plus de mal que de bien à ce qui aurait pu être une agréable surprise horrifique.
En l'état, si tout le dispositif et le parti-pris de tourner un film en grande partie silencieux est intéressant, si la réalisation de Krasinski est compétente, et si tout le monde est juste, ça s'arrête plus ou moins là.
Déjà, parce que le film n'est guère différent, conceptuellement parlant, d'un screamer YouTube (ou de "la porte de chambre" de Paranormal Activity) : à force de faire régner un silence de plomb et de placer le spectateur en position d'attente et d'écoute, le moindre bruit devient source de sursaut et de réaction purement instinctive (souvent confondus par les spectateurs comme étant "de la peur").
Ce qui, certes, crée une certaine tension naturelle, mais n'est pas non plus forcément signe de talent ou d'une écriture exceptionnelle : on finit par n'avoir que des réactions physiques qui s'émoussent progressivement au fil du film, plutôt qu'une réelle crainte, un intérêt ou une compassion pour les personnages qu'on nous présente.
C'est vraiment sur le front de l'écriture que le bât blesse. Je n'ai jamais vraiment totalement réussi à adhérer au postulat de départ, et à l'univers présenté par les scénaristes : il y a en effet, dans ce qu'on nous présente à l'écran, trop de détails qui ne fonctionnent pas, qui semblent incongrus, illogiques, trop de points qui amènent le spectateur à se demander "Mais pourquoi est-ce qu'ils ont fait ça ? Pourquoi est-ce qu'ils se sont installés là ? Pourquoi ceci ? Pourquoi cela ? Comment est-ce que X ou Y est possible ?".
Autant de zones d'ombre et de problèmes de cohérence interne qui font qu'il est préférable d'éteindre son cerveau au début du film si l'on ne veut pas passer son temps à se poser ces questions de logique et de vraisemblance du film.
D'autant qu'une fois le postulat de l'histoire bien posé, des péripéties assez discutables (et parfois assez forcées) se succèdent, avec des enfants qui n'en font qu'à leur tête malgré la menace, un accouchement qui arrive forcément au pire moment possible, un clou franchement de trop, des créatures assez quelconques qui m'ont évoqué Stranger Things, et bien sûr, cette solution technologique au problème des monstres, une solution particulièrement téléphonée par l'écriture, et qui m'a aussitôt renvoyé aux verres d'eau de Signes de Shyamalan (ce qui n'est pas vraiment une bonne chose).
Ce n'est pas mauvais, loin de là, et si l'on se laisse porter, ces 90 minutes sont assez agréables, mais trop de facilités, trop de grosses ficelles (le grand final dramatique à base de sacrifice sur fond de musique triste *soupir*), trop de problèmes de logique interne, font qu'au final, je suis tout de même resté sur ma faim.
3/6
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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue dans le cadre de l'Oktorrorfest dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien...
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