Trois saisons de Black Mirror, et peu d'épisodes totalement convaincants pour moi. De bonnes idées, des approches intéressantes, mais au final, une écriture qui ne m'a jamais paru particulièrement subtile ou inspirée, à une exception ou deux près...
Après un pastiche de Star Trek plutôt amusant, et deux épisodes décevants, l'intégrale de Black Mirror touche à sa fin...
Black Mirror - Saison 4.2 :
4x04 - Hang The DJ :
Dans un monde où les relations amoureuses sont supervisées par une application de rencontre calculant les probabilités de succès d'un couple, et sa "durée de vie", Amy (Georgina Campbell) et Frank (Joe Cole) finissent par comprendre qu'ils sont faits l'un pour l'autre, et que s'ils veulent rester ensemble afin de trouver le bonheur, ils doivent se rebeller contre le système...
Un chouette épisode positif façon comédie romantique, qui utilise le prétexte d'une technologie façon Tinder/OK Cupid/sites de rencontre pour narrer le devenir d'un couple et ses probabilités de succès.
Alors certes, Brooker ne peut pas s'empêcher de laisser deviner à l'avance son retournement final de situation, que ce soit au travers de dialogues ou des ricochets, mais dans l'ensemble, ça fonctionne bien, et le caméo de Gwyneth Keyworth est amusant.
4x05 - Metalhead :
Dans un futur post-apocalyptique, Bella (Maxine Peak) tente d'échapper à un chien de garde robotique qui la poursuit inlassable après qu'elle ait tenté de piller un entrepôt abandonné...
40 minutes de course-poursuite efficace, filmées en noir et blanc (pourquoi ? Allez savoir ! On va dire que c'est pour une meilleure intégration des effets spéciaux...) par David Slade (30 Jours de Nuit, Hard Candy), et reposant intégralement sur les épaules de Maxine Peak, qui s'en sort très bien.
Après, ça reste 40 minutes de simili-slasher/survival très premier degré, avec un rebondissement final maladroit uniquement là pour rajouter une dose de pathos et de déprime au tout (c'est du Brooker, après tout), mais dans l'ensemble, ça fonctionne plutôt bien. Reste le noir et blanc, qui laisse dubitatif.
4x06 - Black Museum :
Dans un musée sinistre, au milieu de nulle part, Rolo Haynes (Douglas Hodge), le propriétaire, raconte à Nish (Letitia Wright), une visiteuse en panne dans le secteur, trois des nombreuses histoires macabres qui peuplent son exposition : un médecin sadique (Daniel Lapaine) qui utilise un implant révolutionnaire pour ressentir la douleur d'autrui, un homme (Aldis Hodge) qui accepte de transférer la conscience de sa femme comateuse (Alexandra Roach) dans son esprit mais trouve rapidement cette expérience insupportable, et le destin de Clayton Leigh (Babs Olusanmokun), un tueur qui accepte, contre finances, de céder son double numérique au musée, pour y être torturé à jamais...
Une sorte de mise en abyme méta de la série, avec un Douglas Hodge dans le rôle d'un simili-Charlie Brooker, qui fait subir à ses personnages les pires atrocités sous le prétexte de tester de nouveaux concepts technologiques.
Ça ressemble forcément beaucoup à White Christmas, avec un fil conducteur qui fait que le moindre élément présenté au cours de ces sous-intrigues ressurgit forcément à la toute fin, et si c'est bien interprété, c'est aussi assez inégal, et un peu trop long.
Le premier segment, sur le médecin sadique, est gentiment sanglant, mais il n'est là que pour le parallèle entre le médecin et Rolo ; c'est assez prévisible, et on aurait pu condenser le tout ; le second est plus amusant, avec une métaphore intéressante sur le souvenir de l'être défunt et sa présence dans la mémoire ; le troisième segment n'est qu'un prétexte, malheureusement, et pose plus de questions techniques qu'il n'en résout.
Globalement, ce n'est pas désagréable, et ça a même un petit côté final pour Black Mirror, comme si Brooker voulait passer à autre chose. Peu probable, cela dit.
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Bilan saisonnier :
Depuis son arrivée sur Netflix, la série a changé, et pas uniquement au niveau de la durée excessive de ses épisodes : les concepts technologiques se répètent un peu, les épisodes surprennent beaucoup moins, mais la production et Brooker compensent en partant dans des directions parfois moins pessimistes et déprimantes.
Ce qui donne des épisodes occasionnellement plus légers, plus humoristiques, plus positifs, et aux fins plus heureuses que d'habitude. Un choix probablement polarisant auprès des fans, mais comme ce sont justement ces épisodes qui m'ont le plus plu, alors même que du Black Mirror "typique", sombre et misanthrope, ça me laisse habituellement totalement de marbre, je ne vais pas m'en plaindre...
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