Il y a un peu plus d'un an, au terme du visionnage de la première saison de cette Santa Clarita Diet, une sitcom fantastique décalée signé Victor Fresco (Better Off Ted, Le Monde Merveilleux d'Andy Richter, Earl), j'avais conclu que si ce programme zombiesque était plutôt amusant et agréable à suivre (car la distribution y mettait vraiment du sien), il était aussi assez anecdotique ; de plus, paradoxalement, le show me paraissait manquer de mordant, pour se reposer sur les lauriers de son postulat de départ ("et si on faisait une comédie sur une famille dont la mère est une zombie ?") finalement pas si frais que ça...
Santa Clarita Diet, saison 2 :
Après avoir réussi à interrompre la détérioration de l'état de Sheila, la famille Hammond (et Eric) tente de trouver l'origine de ce qui semble être une épidémie zombiesque en train de se propager...
Au terme de cette seconde saison de la Santa Clarita Diet, une expression me vient à l'esprit : potentiel inexploité.
En effet, si, à son niveau fondamental, la série est une sitcom sympatoche centrée sur une vie de couple et de famille improbable, avec la "zombification" comme élément perturbateur et comme catalyseur de changement chez les personnages, quels qu'ils soient, le programme en lui-même semble peiner à trouver son chemin, ainsi qu'une structure solide et cohérente.
Difficile de vraiment développer ce qui se produit durant cette saison au delà des deux lignes de résumé ci-dessus : en effet, l'intrigue de fond se limite plus ou moins à cela, et la "mythologie" de la série reste ainsi en suspens pendant le plus clair de la saison, ne progressant qu'au compte-gouttes, par à coup, la série s'empressant aussitôt de repartir dans des sous-intrigues secondaires pas particulièrement indispensables.
C'est clairement assez frustrant, et ce dès le début de la saison : les cliffhangers de la saison précédente sont résolus en quelques minutes ; toute la sous-intrigue de Ramona est évacuée avant la fin de la mi-saison ; tant la tête coupée de Gary (Nathan Fillion) que la boule sur pattes sont plus ou moins oubliées en cours de route, et ne servent pas à grand chose ; les Chevaliers de Serbie (Zachary Knighton !) font de la figuration-éclair et disparaissent avant la fin ; le problème des palourdes serbes est réglé en deux épisodes ; etc, etc, etc...
Bref : le tout est un étrange mélange de pistes potentielles catapultées et bâclées, et de sous-intrigues de sitcom mollassonnes, aux rebondissements particulièrement classiques et trop souvent prévisibles. Ce qui provoque des ventres mous regrettables, durant lesquels on attend que telle ou telle mini-intrigue trouve sa conclusion (sans la moindre conséquence sur le reste du show) pour que le tout avance un peu.
Par exemple, les deux adolescents (par ailleurs parmi les très bons points du show, et plutôt attachants) passent une bonne moitié de la saison totalement déconnectés du reste des personnages, puisque embarqués dans une sous-intrigue de manifestations et d'activisme anti-fracking. Une sous-intrigue qui, à en juger par la conclusion de la saison, n'était pour les scénaristes qu'une énorme mise en place pour une punchline explosive, mais étrangement télégraphiée.
Cette sous-intrigue est assez symptomatique de la saison dans son ensemble : puisqu'elle refuse de vraiment faire avancer son intrigue de fond, SCD se rabat sur les relations entre les personnages : ce qui est loin d'être désagréable, et donne une véritable cohésion à cette famille (ainsi qu'à leurs proches), mais est néanmoins desservi par un surjeu parfois outré et caricatural du couple vedette, à la limite du théâtre de Guignol (comme en saison 1, le rictus constamment goguenard de Timothy Olyphant n'aide pas vraiment).
On finit par se trouver, avec SCD, devant une sitcom qui ne semble pas savoir sur quel pied danser, refusant (ou incapable ?) de prendre trop au sérieux sa mythologie et son intrigue de fond, et préférant s'intéresser à du relationnel et à des sous-intrigues un peu éventées, quitte à donner l'impression de survoler son sujet.
Autrement dit, malgré ses nombreux moments amusants et décalés, sa distribution qui se donne totalement aux personnages, et ses idées improbables, malgré son ton ouvertement déconneur et ses quelques notes sanguinolentes (un peu en retrait, cette saison), Santa Clarita Diet reste étrangement peu mémorable, dans son ensemble, une série poids-léger au rythme nonchalant, et qui, si elle est plaisante à suivre... laisse un peu sur sa faim (sans mauvais jeu de mots).
Commenter cet article