Suite de cette anthologie anglaise conçue, écrite et supervisée par Charlie Brooker, une anthologie devenue culte pour beaucoup, mais dont la première saison, étrangement, m'avait laissé particulièrement dubitatif...
Trop de personnages antipathiques, un trait trop forcé, j'avais trouvé que la saison 1 manquait cruellement de subtilité. Espérons que la saison 2, à nouveau entièrement écrite par Brooker, saura rectifier un peu le tir...
Black Mirror - Saison 2 :
2x01 - Be Right Back :
Après la mort de son compagnon Ash (Domhnall Gleeson) dans un accident de voiture, Martha (Hayley Atwell) découvre qu'elle est enceinte. Ravagée par le chagrin, elle se tourne alors vers un service révolutionnaire, qui utilise une intelligence artificielle pour analyser tous les messages sociaux du défunt pour simuler sa présence virtuelle. Mais lorsque Martha décide de pousser l'expérience plus loin, et de faire transférer cette conscience dans un clone cybernétique de Ash, les choses se compliquent...
Un épisode de 48 minutes qui joue nettement moins la carte de la satire pataude, pour aborder un sujet plus sobre, celui du deuil, se reposant ainsi sur la performance de ses deux acteurs pour rendre le tout touchant et crédible.
Dans l'ensemble, ce n'est pas désagréable à suivre, même si cela reste néanmoins un peu inégal, tant au niveau de l'écriture (c'est toujours du Brooker, et il a la main un peu lourde sur la mise en place et le foreshadowing, que ce soit au niveau de la conclusion, ou des rapports intimes du couple) que de l'exécution (la fin manque étrangement de punch, et était probablement plus efficace à l'écrit qu'à l'image).
Malgré un étrange sentiment de déjà vu (le simulacre de l'être aimé que l'on ramène à la vie par le biais de la technologie ou de la sorcellerie, et qui s'avère problématique, c'est un classique), cet épisode me réconcilie un peu avec la série. Espérons que la suite de la saison soit du même acabit.
2x02 - White Bear :
Totalement amnésique, Victoria (Lenora Crichlow) se réveille dans une maison inconnue, et découvre bientôt que tout son voisinage la filme sans lui adresser la parole. Lorsqu'elle rencontre Jem (Tuppence Middleton), elle apprend qu'un signal étrange et omniprésent touche tous les humains du voisinage, et qu'ensemble, les deux femmes doivent tout faire pour désactiver l'émetteur, tout en échappant à d'étranges chasseurs masqués qui les poursuivent...
Mouais. Un épisode assez brutal qui tente d'être plein de choses à la fois : critique de la Loi du Talion, satire de la société de divertissement, critique d'une justice cruelle et populaire, tentative d'établir un parallèle entre les voyeurs qui filment et observent cette torture et le téléspectateur qui regarde l'épisode, etc...
Mais au final, cela se résume à 30 minutes de Lenora Crichlow qui court dans tous les sens en grimaçant, en étant perturbée et en ayant des visions, poursuivie par des chasseurs trop grotesques pour être menaçants, et le tout se concluant par un rebondissement façon The Game, visuellement un peu fauché.
Dans l'absolu, ce n'est pas forcément mauvais, mais j'ai toujours eu énormément de mal avec Lenora Crichlow, et par conséquent, je n'ai pas ressenti la moindre empathie pour elle, à aucun moment. Ce qui est problématique, puisque tout l'épisode repose finalement sur les sentiments ambigus que le téléspectateur est supposé ressentir face aux événements de l'épisode.
(par contre, content de voir passer Tuppence Middleton)
2x03 - The Waldo Moment :
Comédien raté participant à une émission de deuxième partie de soirée, Jamie (Daniel Rigby) y anime un ours vulgaire et insultant en images de synthèse. Rapidement, cependant, son producteur (Jason Flemyng) l'incite à se présenter à une élection locale, et à faire campagne : une campagne au cours de laquelle l'ours, par son franc-parler contestataire et son je-m'en-foutisme complet, finit par se démarquer...
Le fameux épisode Waldo, qui est à la fois considéré comme l'un des plus faibles de la série, mais aussi, depuis l'élection de Trump, comme un épisode prémonitoire et génial... Dans les faits, ce côté supposément prémonitoire et visionnaire est franchement surfait tant, à part un bref moment de discours populiste et anti-politiciens, Waldo (dans sa forme originale) n'a aucune des positions de Trump, ni aucun de ses traits de caractère.
Peu importe, de toute façon, tant l'épisode est assez quelconque et inabouti. Le premier problème, en fait, c'est que l'ours en question, son image numérique, tout ça, est particulièrement insipide et peu inspiré. Il n'est pas drôle, il n'est pas vraiment corrosif, bref, on est loin de la répartie d'un Triumph the Insult Comic Dog, et autres créations de ce genre.
Même d'un point de vue esthétique, Waldo est passe-partout, et peu mémorable. Difficile de croire qu'il devienne (même avec son discours populiste) viral en un clin d’œil, au point d'arriver en seconde place d'une élection, après une campagne minimaliste.
Ajoutez à cela un Daniel Rigby assez peu charismatique, lui aussi, une intervention de la CIA, et un post-générique particulièrement forcé et too much, avec Waldo érigé en emblème d'un futur dystopien, et on retombe vite dans une satire pataude et ratée, qui donne l'impression de ne pas avoir vraiment été travaillée en amont.
(par contre, un peu comme pour l'épisode précédent, content de voir passer Christina Chong et Jason Flemyng)
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Bilan :
Une saison 2 qui m'a semblé inégale, principalement pour les mêmes raisons que la première année : un manque de finesse dans la satire, et des épisodes qui semblent limités à un concept de base intéressant, fréquemment développé de manière inaboutie, et enveloppé d'une bonne dose de cynisme et de misanthropie.
Après, Black Mirror continue de bénéficier d'une production efficace et d'une distribution très pertinente... mais de mon côté, je continue d'avoir beaucoup de mal avec l'approche et le ton particulier de Brooker, qui m'agacent plus qu'ils ne me séduisent.
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