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Spartacus, saison 1 : Le Sang des Gladiateurs (Spartacus : Blood and Sand) :
Avant que ce projet ne se concrétise, la liste des séries produites par Sam Raimi et ses fidèles collaborateurs - tel Rob Tapert - était déjà éloquente. Parmi elles, Hercules et Xena sont les plus connues, et celles qui se rapprochent le plus de Spartacus si on se focalise uniquement sur la réécriture d'évènements historiques ou mythologiques. Mais le parti pris n'est pas le même : le second degré des deux premières citées contraste avec le premier degré de l'histoire du gladiateur Thrace.
Pour autant, Xena avait parfois un ton plus sérieux, mais cela ne coïncidait pas avec les meilleurs moments de la série. D'ailleurs, contrairement à la qualité intrinsèque de leurs productions déjantées (Cleopatra 2525, Jack of All Trades), celles qui ont été abordées sous un angle plus sérieux ne sont pas de grandes réussites (American Gothic est le parfait exemple : les bonnes idées y sont noyées par une écriture mal maîtrisée).
Ce passif peut donc laisser dubitatif au vu de la note d'intention de cette énième version de la rébellion des gladiateurs contre l'Emprie Romain, et le pilote ne fait que renforcer la défiance vis-à-vis de ce projet. Débilitant à souhait, celui-ci dévoile les ingrédients d'une recette simpliste : entre le gore grand-guignolesque des batailles - avec des gerbes de sang numériques de mauvais goût - et la dépravation sexuelle, l'aspect outrancier prend le dessus.
Par conséquent, la présentation des personnages est bâclée, comme si le seul contexte historique servait à les connaître. Une fainéantise extrême qui rebute, et qui est presque rédhibitoire.
Fort heureusement, le tir est rectifié assez rapidement, si toutefois le second épisode n'a pas achevé les plus exigeants. Que cela soit volontaire ou non, l'arrogance initiale de Spartacus le rend presque insupportable, et cela permet à d'autres personnages de tirer leur épingle du jeu grâce à un temps de présence bien réparti.
Que ce soit la brute Crixus, le charismatique doctore, cet enfoiré de Batiatus ou bien d'autres encore, chacun prend de l'épaisseur au fur et à mesure. C'est d'ailleurs une nécessité : l'action se déroulant principalement au Ludus Magnus, il faut bien que la vie qui y est décrite soit un tant soit peu intéressante.
L'histoire commence à prendre corps, et l'univers dépeint dénote par sa violence et sa brutalité extrêmes, même si la manière de le montrer est souvent exagérée. Il vaut mieux occulter également le côté soap de la série, parfois trop développé.
Pourtant, les scénaristes réussissent également à trouver un certain équilibre pour traiter les différents aspects de la série : états d'âme des protagonistes, machinations politiques, relations tumultueuses, combats dans l'arène qui deviennent mieux chorégraphiés au fil du temps sans l'emporter sur le reste, le programme est chargé. Ces éléments sont utilisés à bon escient, notamment dans l'épisode Revelations qui s'avère être une véritable démonstration dans le fameux exercice du toutéliage.
Un autre moment intéressant se situe dans l'épisode Mark of the Brotherhood : à l'occasion de l'arrivée nouvelles recrues fraîchement achetées par Batiatus, Œnomaüs effectue le même discours que lors de l'arrivée de Spartacus, qui se faisait rosser par Crixus en guise d'exemple.
Mais cette fois-ci, les rôles sont inversés puisque le Thrace est désormais le champion de Capula et donne la leçon à son rival diminué mais rongé par l'orgueil et déterminé à prouver de nouveau sa valeur. L'ascension de l'un et la déchéance - provisoire - de l'autre sont la conséquence directe du combat contre le géant Theokoles, qui tient en haleine par son intensité et ses rebondissements.
Être un champion octroie certains honneurs, qui ne sont malheureusement qu'illusoires. Les gladiateurs combattent pour la gloire au péril de leur vie, sont adulés, et vivent certes dans de bien meilleures conditions que certains misérables qui bénéficient de leur liberté, mais ils restent des esclaves, dont la vie n'a aucune importance pour leurs maîtres du moment que leurs performances rapportent énormément d'argent.
Spartacus s'en aperçoit lorsqu'il découvre dans quelles conditions sa femme a été tuée, et rendu fou de rage par les machinations de Batiatus (un bel enfoiré dans toute sa splendeur, parfaitement interprété), il décide alors de mener ses compagnons dans une révolte sanglante.
Si ses raisons sont parfaitement valables, cet élément déclencheur accélère l'intrigue trop brutalement. En dehors de Crixus qui en veut à Lucretia, les autres gladiateurs n'ont jamais vraiment rejeté leur nouvelle vie. Les voir subitement prêt à suivre le Thrace dans ce qui peut être considéré comme une folie rend donc ce soulèvement peu crédible.
On retrouve là la fainéantise entrevue dans le pilote : les scénaristes ont tendance à se reposer sur le contexte historique mais semblent oublier que même en connaissant les grandes lignes de cette histoire, le téléspectateur a besoin d'être impliqué. Cela nécessite donc une plus grande rigueur dans l'écriture.
Malgré ces scories, la série a une véritable identité, aussi bien au niveau visuel - malgré des choix discutables déjà évoqués auparavant - que dans le ton, et brosse le portrait de personnages qui finissent par s'avérer intéressants. C'est inégal, mais respectable.
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