L'Halloween Oktorrorfest touche aussi le petit écran, avec chaque week-end, de mi-Septembre à début Novembre, des critiques de séries fantastiques et horrifiques...
Channel Zero, saison 2 - No-End House :
Lorsque trois amis - Margot (Amy Forsyth), Jules (Aisha Dee), & J.D. (Seamus Patterson) - reçoivent une invitation pour la No-End House, une maison hantée mythique et introuvable, ils n'hésitent pas un seul instant, et s'y rendent en compagnie de Seth (Jeff Ward), récemment rencontré. Mais la maison a des règles précises, et lorsqu'ils en ressortent, les quatre adolescents se retrouvent pris au piège d'une réalité étrange, où les souvenirs prennent corps et dévorent d'autres souvenirs...
La première saison de Channel Zero se démarquait du tout venant par son imagerie étrange, sa réalisation travaillée, ses protagonistes adultes, et son atmosphère très lourde et pesante ; en abandonnant totalement le creepypasta d'origine dès son second épisode, pour partir dans quelque chose de différent, Candle Cove n'était pas dénuée d'ambition... ce qui fonctionnait plus ou moins bien.
Ici, pour cette seconde saison, Channel Zero opte pour une approche similaire, s'inspirant du postulat de départ du creepypasta No-End House pour s'en détacher en cours de route, et la développer dans une direction un peu différente : les scénaristes créent ainsi un monde parallèle à l'intérieur de la maison, une réalité emplie de "zombies", des entités créées à partir des souvenirs des visiteurs de la maison, et dévorées par d'autres souvenirs qui ne veulent pas disparaître.
En soi, pourquoi pas. Mais le problème, à vrai dire, c'est que cette seconde saison de CZ échoue totalement à créer le moindre malaise ou frisson. Ponctuellement, certains visuels étranges et absurdes peuvent troubler, mais dans l'ensemble, l'intrigue principale est cousue de fil blanc, et il en va de même pour ses thématiques sur l'oubli, le pardon, la responsabilité parentale, l'amour et le sacrifice d'un père dévoué, etc.
L'écriture est donc assez transparente, et cela a un impact direct sur l'intérêt de la saison, qui semble souffrir de beaucoup de remplissage contemplatif : l'intention est clairement d'instaurer un malaise, une atmosphère pesante, et de créer des moments abstraits (toute la sous-intrigue de Jules tourne ainsi à vide, sans la moindre explication, car, de leur propre aveu, les scénaristes voulaient rester "mystérieux") mais comme le tout est nettement plus balisé et plat, visuellement parlant, cela ne fonctionne pas autant qu'en première saison.
Et le fait que les protagonistes soient de jeunes étudiants (avec des problèmes de leur âge, et un accent mis sur la romance de Seth et Margot) a l'inconvénient supplémentaire de donner à ce récit de faux-airs d'un Fais-moi peur ou Chair de Poule un peu friqué, un peu artistique et un peu plus adulte (pas de beaucoup, cela dit). En fait, c'est typiquement le genre de récit qui aurait été à sa place, au format 45 minutes, dans une anthologie comme Fear Itself.
Au final, on se retrouve donc avec une seconde saison une nouvelle fois applaudie plus que de mesure par la critique (m'enfin bon, on parle de ces mêmes critiques qui, tous les six mois, parlent de "nouveau meilleur film d'horreur de la décennie" à propos d'une nouvelle production Blumhouse, d'un film indépendant vaguement arty ou de Ça, et qui vénèrent Stranger Things comme un chef d’œuvre, donc...), mais qui semble perpétuellement jouer la carte du remplissage, prolongeant à plusieurs reprises son récit au delà de points qui auraient pourtant fait de très bonnes conclusions naturelles.
Pas particulièrement troublant, pas particulièrement effrayant, pas particulièrement tendu, pas particulièrement joli (visuellement) ni bien filmé (la manière dont les souvenirs et l'esprit des personnages sont représentés est très laide), pas particulièrement innovant ou original... bof, donc.
Mais au moins, c'est plutôt bien joué par Forsyth, Dee et John Carroll Lynch.
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