Halloween approche lentement, et comme tous les ans, c'est l'heure de l'Oktorrorfest sur le blog des Téléphages Anonymes, avec au programme un marathon de cinéma fantastique et d'horreur pendant un peu moins de deux mois, de mi-Septembre à début Novembre...
Ça (It) :
À Derry, dans le Maine, une bande de sept jeunes mis à l'écart (Jaeden Lieberher, Wyatt Oleff, Jeremy Ray Taylor, Sophia Lillis, Finn Wolfhard, Jack Dylan Grazer, Chosen Jacobs) sont confrontés, le temps d'un été, à une créature maléfique qui, tous les 27 ans, sort des égoûts de la ville pour s'en prendre à ses habitants. Et cette fois-ci, c'est après la petite bande qu'il en a, sous l'apparence terrifiante de Pennywise le clown (Bill Skarsgård)...
Je préfère prévenir tout de suite : sans pour autant détester, je ne suis pas très grand fan de Stephen King en tant qu'auteur. Je n'ai en effet jamais rien ressenti de particulier en lisant ses ouvrages, si ce n'est un semblant d'agacement devant la répétition de ses thèmes, de ses personnages, de ses ressorts dramatiques, etc.
À l'identique, je suis loin d'être fan de Stephen King en tant que scénariste ou source d'adaptation, tant ses récits se prêtent mal à des films/téléfilms généralement exécutés par des faiseurs pas très doués (Mick Garris, si tu nous regardes !) ; quand un bon réalisateur de la trempe d'un Carpenter ou d'un Kubrick s'attaque à du King, c'est déjà autre chose... mais ce sont des exceptions plutôt que la règle.
Et, pour finir, je n'ai jamais trouvé la mini-série "Il" est revenu particulièrement réussie, malgré sa place désormais très spéciale dans le cœur des trentenaires nostalgiques qui semblent peupler le web : elle est assez ratée, notamment dans sa partie adulte, et comprend beaucoup trop de passages ayant trop mal vieilli pour rester efficaces aujourd'hui... si tant est qu'elle l'ait déjà été sur quiconque ayant été âgé de plus 15 ans à l'époque de sa diffusion.
(mais j'aime beaucoup Pennywise-Curry)
Ah, et j'ai failli oublier : je n'ai jamais eu peur des clowns. :p
Bref, j'étais assez indifférent à l'idée de ce remake... tout en reconnaissant qu'il y avait là une grosse opportunité de produire une adaptation nettement moins fauchée et télévisuelle.
Mais l'idée de diviser en deux films le récit de King, de le confier au réalisateur de l'anecdotique Mamá (2013 - film fantastique espagnol produit par Guillermo Del Toro, et dont je ne garde absolument aucun souvenir), et de déplacer le récit dans les années 80 (ce qui rapproche d'autant l'ambiance globale de celle de Stranger Things, qui partage déjà un acteur avec ce Ça), pouvait laisser dubitatif.
Surtout que l'accueil dithyrambique reçu par le métrage outre-Atlantique (à rapprocher de l'accueil reçu là-bas par Wonder Woman) incitait à la méfiance...
Mais en fait, non : Ça 2017 est un film sympathique, une adaptation de King plutôt réussie, et un moment plutôt agréable à passer en salles.
Bon, soyons tout de suite très clairs : ce n'est pas le chef d’œuvre du cinéma d'horreur que le web applaudit à tout va (en même temps, une dose de fanservice 80s, ça suffit pour que le web s'emballe, donc...), et c'est très loin d'être parfait (la structure assez répétitive du récit de King - un enfant, une manifestation de Pennywise, etc, etc - est ici encore plus visible privée des renvois à l'époque adulte, les scènes d'exposition sont assez maladroites, la réalisation abuse un peu des effets faciles de caméra penchée, et le métrage connaît en plus un petit coup de mou au moment d'entamer sa dernière ligne droite), mais c'est néanmoins tout à fait honorable.
Et une grande part du succès du film, il le doit à son excellente distribution : les enfants sont tous impeccables, attachants et justes (on regrettera que Mike soit à ce point sous-développé et sous-utilisé) ; et cette incarnation de Pennywise parvient à être mémorable, malgré une petite overdose d'effets numériques et une certaine surexposition du personnage.
On pourrait aussi reprocher au film sa longueur inutile (20/25 minutes de moins auraient permis de dynamiser un peu tout ça), sa bande originale peu mémorable, et son incapacité à faire peur (malgré toutes les grosses ficelles techniques des films d'horreur modernes, les déformations numériques, etc, Pennywise ne fait pas particulièrement peur... surtout pas lorsque ses yeux partent dans des directions opposées, ce qui lui donne un aspect plus comique qu'autre chose). Ou encore regretter que la maison où se terre Pennywise semble à ce point trancher avec le reste de la direction artistique, et faire vraiment décor de cinéma (ou maison hantée de parc d'attraction).
Mais ce n'est pas bien grave, au final. Compte tenu de l'histoire peu glorieuse des adaptations de King au cinéma et à la télévision, on est obligé de reconnaître que cette version de Ça est une assez bonne surprise, thématiquement plutôt pertinente et bien emballée.
Maintenant, le plus dur reste à faire : réussir le casting des versions adultes de ces personnages, et parvenir à rendre intéressant le Chapitre 2 de Ça, qui n'aura pas la béquille de la nostalgie années 80 pour l'aider.
3.75/6 (une note qui sera probablement revue à la hausse ou à la baisse en fonction de sa suite)
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