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SeaQuest DSV - Saison 3 (a.k.a SeaQuest 2032 - Saison 1) :
La note d'intention pour cette ultime saison est contenue dans le titre remanié : nous avons droit à un reboot de la série, qui part dans une toute autre direction. Pour cela, l'équipe scénaristique n'hésite pas à employer les grands moyens en éludant complètement le catastrophique cliffhanger du final de la saison 2. En effet, tout l'équipage se retrouve sur Terre dix ans plus tard, grâce à une explication assez risible et qui est bien commode pour justifier la disparition de deux membres.
Le contexte politique a bien changé : pendant que le SeaQuest était sur une autre planète, la géopolitique a subi de profondes modifications et a vu l'émergence de la confédération Macronésienne - dirigée par le président Bourne - et de l'Alliance, sa force militaire. Grâce à ses liens étroits avec ce nouveau leader, Deon a également pu étendre son empire économique par le biais de son entreprise Deon Industries. L'UEO s'en trouve donc fragilisée, et la paix n'est plus à l'ordre du jour tant une troisième guerre mondiale menace d'éclater à tout instant.
Le retour du sous-marin tombe donc à point nommé pour devenir un atout indispensable dans l'arsenal de guerre de l'UEO, sous la main de fer du Capitaine Hudson. Exit Bridger, qui a décidé d'aller à la recherche de son fils qui serait toujours en vie. Un prétexte fallacieux qui trahit le personnage, dont les fondements étaient liés à son deuil suite au décès de sa femme et la perte de son fils au combat. Passons...
Cette nouvelle orientation offre donc une saison centrée sur de la géopolitique guerrière, mais le postulat de départ est assez grossier. Lors de l'ouverture de la saison, le capitaine Hudson explique que la disparition du SeaQuest a entraîné un manque de contrôle du commerce de la part de l'UEO, ce qui a permis à Deon de s'imposer mondialement et de financer l'armée de Bourne, qui n'aurait sinon pas pu contrôler un territoire marin si important dans un laps de temps aussi court.
Or, le SeaQuest a toujours été un sous-marin utilisé pour la recherche scientifique, et dans un second temps comme une force pacificatrice. Il n'a jamais été question d'intervenir dans la régularisation du commerce. Ce n'est donc pas crédible un seul instant.
Ce parti-pris a des conséquences fâcheuses, car les missions confiées au SeaQuest sont constamment associées à des magouilles de Deon Industries ou à un possible conflit avec la confédération Macronésienne, ce qui donne un côté répétitif et sans surprise puisque les épisodes se suivent et se ressemblent. La caractérisation des antagonistes n'est pas non plus des plus subtiles : Deon est un requin, Bourne un dictateur fasciste, et tous deux sont prêts à n'importe quoi pour renforcer leur pouvoir.
Cependant, la soi-disante menace que devrait représenter ce dernier ne se fait jamais réellement sentir. Et c'est bien dommage, car en plus d'avoir posé des bases au mieux bancales, les scénaristes n'exploitent même ce qu'ils ont mis en place. Mieux traité, l'aspect politique aurait pu être intéressant, et l'aspect guerrier aurait donné lieu à des batailles sous-marines explosives.
C'est néanmoins l'occasion de voir évoluer un Capitaine Hudson taillé pour la situation et caractérisé de manière convaincante, incarné par un Michael Ironside impeccable. Les rapports avec ses officiers sont très formels, et il n'accepte pas les civils. C'est la raison pour laquelle Dagwood et Lucas s'enrôlent, et dans le cas de ce dernier, cela lui donne plus de responsabilités,qui l'amènent à faire des erreurs mais également à gagner en maturité puisqu'il en tire des leçons.
La discipline imposée par Hudson rejaillit sur tout l'équipage et, chose étonnante, Piccolo en devient presque attachant - son apprentissage de la lecture étant plutôt bien géré. Les scénaristes ont enfin compris que le mettre en avant de manière excessive le rendait irritant, et appliquent le même raisonnement à Dagwood qui est moins présent. Mais c'est gênant de constater que leur temps d'antenne doit être réduit pour les apprécier : c'est bien qu'il y a un problème d'écriture.
Autre symptôme de cette incapacité à traiter les thèmes de cette saison : le meilleur épisode, dans lequel Bridger s'oppose au SeaQuest - reprend des éléments qui fonctionnaient à merveille dans la première saison, et notamment la relation père/fils entre Bridger et Lucas dont les opinions sont divergentes. L'utilisation de Darwin fait également plaisir, car le pauvre dauphin en est réduit à un rôle faire-valoir alors qu'il était dans la premère saison un élément essentiel ainsi qu'une des originalités de la série.
Mais c'est bien le seul épisode où Bridger est bien écrit : on apprend qu'il a supervisé plus jeune des expérimentations menées sur les GELF, alors qu'il était profondément choqué dans la saison 1 lorsqu'il découvrait avec son équipage qu'un savant fou avait créé ses propres enfants, en les dotant de branchies. Encore une trahison impardonnable du personnage...
Si par moments on s'ennuie ferme, cette saison reste largement supérieure à la précédente. Ce qui n'est pas un exploit en soi, mais parfois il faut savoir niveler par le bas... Évitons les mauvais jeux de mots, mais c'est un sacré gâchis d'avoir torpillé cette série qui avait un véritable potentiel. Bien exploité, cela aurait donné lieu à quelque chose de plus mémorable. Mais avec des si...
Retrouvez aussi le bilan de la saison 3 de Seaquest DSV publié sur ce même blog par Lurdo !
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