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Invasion Planète Terre (Earth : Final Conflict) - Saison 2 :
Il serait tentant de faire un parallèle avec la déliquescence observée dans beaucoup de séries dont la seconde saison détruit les espoirs générés après une première saison prometteuse. C'est le cas ici, puisque la qualité entrevue auparavant n'est réitérée qu'à de rares occasions. La faute en partie à la disparition de William Boone, remplacé par un nouveau personnage dont l'introduction est la conséquence d'une énorme ficelle scénaristique qui demande une grosse suspension d'incrédulité.
Liam Kincaid est un hybride qui prend la forme humaine d'un jeune homme d'une trentaine d'années dans les heures qui suivent sa conception. Il n'y aura pas plus d'explications, mais le personnage est cependant doté du shakarava, pouvoir perdu par les Taelons et provenant des Chimeras, avec lesquels ils avaient fusionnés. Malheureusement, si son statut d'être exceptionnel - à la fois plus évolué que les Taelons et les humains - a un énorme potentiel, celui-ci n'est pas du tout exploité car le traitement qui lui est accordé ne se centre que très peu sur les questions qui l'entourent. Ce qui n'aide pas non plus, c'est un acteur qui peine à faire passer des émotions avec les trois expressions qu'il possède à son répertoire. Comparé à Boone qui était attachant grâce à un acteur subtil, le changement est brutal.

De subtilité il n'y a plus, puisque la part belle est donnée à l'action, avec des scènes qui ne sont que rarement crédibles et dont les effets spéciaux font souvent mal aux yeux. Si on a encore en tête les dialogues teintés de philosophie et de métaphysique entre Da'an et Boone, on ne peut que déplorer ce changement de direction.
Il en va de même pour les intrigues proposées dans la majorité des épisodes, qui s'acharnent à explorer toutes les possibilités liées aux recherches génétiques des Taelons, constamment détournées de leur but initial par Zo'or pour servir ses intérêts.
Cela aurait pu être passionnant si les épisodes étaient écrits intelligemment, mais les scénarii se suivent et se ressemblent avec un tic plus qu'agaçant : la plupart des personnages introduits le temps d'un épisode ne survivent pas. De fait, malgré toutes les bonnes idées qu'elle développe, cette saison souffre énormément de ce manque de finesse dans les scripts.

Pourtant, le nombre d'informations données est assez dense. On apprend que les Taelons se sont séparés des Juridiens à un moment donné de leur évolution afin de poursuivre leur quête spirituelle, dans le but ultime d'accéder à une forme de vie purement composée d'énergie. Ce faisant, ils ont abandonné le shakarava car ils ne pouvaient pas contrôler son côté noir, et ont créé la communalité pour compenser (par conséquent, tout Taelon qui en est séparé retrouve une forme atavique), mais ont surtout sacrifié leur reproduction.
C'est pour cette raison que leur race est proche de l'extinction et qu'ils se joignent à d'autres civilisations pour survivre. Il s'avère également que les sondes entrevues - comme celle de la première saison - sont envoyées par les Juridiens, et que les Taelons sont en guerre avec eux. En découle l'opposition entre Da'an et Zo'or : le premier pense que les deux races doivent fusionner, le deuxième veut à tout prix génétiquement modifier les humains pour en faire des super soldats aptes à combattre.
Pour autant, ces révélations importantes sont gérées à l'emporte-pièce, mais la fin de saison propose de nouvelles voies qui pourraient donner de l'espoir aux humains. En effet, certains dissidents Taelons ainsi que les Juridiens cherchent à entrer en contact avec la résistance afin de combattre l'occupation de plus en plus étouffante du Synod ,qui n'est pas arrangée par un Sandoval en roue libre et dont les plans sont très flous.

Une résistance moins présente, dont le leader Jonathan Doors se lance sur la scène de la politique afin de concurrencer le président Thompson qui souhaite entamer un deuxième mandat. Un formidable forum public pour dénoncer les pratiques Taelons... Et une véritable opportunité pour les scénaristes de réduire son temps d'antenne, puisque cette campagne présidentielle est traitée par-dessus la jambe sauf dans le final où Doors, trahi par son fils, perd toute crédibilité et promet des jours dangereux pour les résistants. C'était judicieux d'aborder le thème de la politique, mais l'exécution n'est pas au rendez-vous.
L'un n'allant pas sans l'autre, le traitement des intrigues se répercute sur le traitement des personnages. Outre la rivalité entre Da'an et Zo'or - ce dernier devient leader du Synod, ce qui a pour conséquence de transférer la majorité des scènes de l'Ambassade de Da'an au vaisseau-mère - et l'ambiguïté toujours aussi exacerbée du premier cité (qui reste le personnage le plus complexe), le reste est sans grand intérêt.
Lily Marquette n'est pas plus passionnante que ça, et Augur ne reste que le geek de service, hacker de génie mais ne dépassant jamais ce statut. La palme revient à Maya, contrepartie d'Isabel - soeur cachée du Capitaine Marquette - dans un monde parallèle, dont les scénaristes se sont encombrés pour ensuite la faire disparaître purement et simplement. C'était bien la peine d'introduire ces histoires d'autres dimensions pour y accorder un tel crédit...
Voir de telles idées si mal exploitées et injectées pêle-mêle au milieu d'épisodes laborieux donne quand même un sentiment de gâchis. Au risque de se répéter, un peu plus d'intelligence et de finesse auraient pu conférer à tout cela un aspect plus reluisant et un intérêt plus vif. Ça n'inspire pas non plus une grande confiance en ce qui concerne la gestion de la suite de la série.
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