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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Les bilans de Sygbab - Invasion Planète Terre : Saison 1 (1997-1998)

Publié le 1 Avril 2017 par Sygbab in Critiques éclair, Review, Télévision, Les bilans de Sygbab, Science-Fiction, EFC

Sygbab regarde (beaucoup) la tv, Sygbab écrit (parfois) des bilans : retrouvez-les sur le blog des Téléphages Anonymes !

Invasion Planète Terre (Earth : Final Conflict) - Saison 1 :

Œuvre posthume reprenant l’héritage de Gene Roddenberry et développée par  sa veuve Majel Roddenberry, le postulat de départ est le suivant : une race extra-terrestre a atterri sur Terre, mais au lieu d’envahir la planète par la force, la méthode des Taelons est plus insidieuse. Ils font dans un premier temps bénéficier les humains de leur technologie bien plus avancée en permettant des progrès faramineux dans des domaines aussi cruciaux que la science et la médecine, et s'installent au plus haut de la hiérarchie en introduisant un conseiller appelé Compagnon au sein des gouvernements de chaque grand pays.

Même si ces Compagnons ne sont pas à la tête de l'exécutif, il est pourtant très clair que le pouvoir est entre leurs mains et cette manière de procéder évoque le thème de l'occupation. En effet, ces aliens sont beaucoup trop généreux pour que leurs motivations ne soient pas suspectes, ce qui n'est pas sans rappeler V. À la différence près que celles des Taelons sont très floues : en parallèle de tout ce qu'ils ont apporté à la race humaine, ils développent également un panel de recherches ayant pour but de mieux comprendre la physiologie de leurs "hôtes", et dont l'objectif ultime serait une hybridation entre les deux races.

En effet, quand ils ne testent pas la régénération des membres humains ou qu'ils n'implantent pas d'embryons lors des transports interdimensionnels, ils injectent à l'un de leurs membres des séquences d'ADN ne comportant que les gènes de la violence pour constater les conséquences sur leur métabolisme complètement différent du nôtre (leur corps n'est constitué que d'énergie pure, le libérant ainsi de toute contrainte physique, soit une idée chère à Roddenberry).

Lorsque ces expérimentations échouent, ils font le maximum pour étouffer l'affaire et préserver l'agenda mis en place par le Synod, sorte de conseil de sages qui est voué à sauver sa race de l'extinction. Malgré ces indices qui laissent penser que les Taelons ne pourront survivre que si cette hybridation fonctionne - ce qu'ils ont déjà fait auparavant avec une autre race qu'ils ont ensuite éradiquée - il est difficile de comprendre pourquoi, et ce qui a pu les mener là.

Il y a donc une ambiguïté permanente qui plane au-dessus de la série, renforcée par le personnage fascinant qu'est Da'an, le Compagnon américain. Composé par une actrice dont les attitudes et les gestes - étudiés au millimètre - confèrent au personnage une aura énigmatique, son désir de compréhension de la race humaine le met souvent en position de contester les décisions du Synod ou de s'opposer ouvertement à Zo'or, qui n'a lui aucun scrupule. Sa relation avec William Boone est significative de cette curiosité. Il semble plus apprécier sa présence que celle de Sandoval, certainement parce qu'il remet souvent en question les positions des Taelons et représente un défi à la fois spirituel et intellectuel. Leurs dialogues sont teintés d'une réflexion permanente sur le bien-fondé des actions des aliens.

Boone est également très intéressant, malgré une caractérisation bâclée dans le pilote : deux minutes après son introduction, sa femme est tuée dans une explosion orchestrée par Sandoval. Cela le le pousse à rejoindre le mouvement libératoire qui lutte contre les aliens, mais la ficelle scénaristique est assez grossière. Nommé chez de la sécurité de Da'an, il se voit doté d'un CVI (Cyber Viral Implant) que la résistance a modifié afin d'en retirer l'impératif visant à ne servir que les intérêts des Taelons. L'amélioration cérébrale que cela entraîne lui sert notamment à justifier des actions parfois suspicieuses en développant des points de vue inédits et crédibles. Sa position l'amène à être partagé entre son devoir de protection envers Da'an et son rôle d'espion en faveur d'une organisation avec laquelle il n'est pas toujours en accord.

Ce n'est pas une série centrée sur l'action, malgré la présence de la résistance menée par le milliardaire Jonathan Doors qui a maquillé sa mort pour n'en être que plus redoutable en travaillant dans l'ombre. Leur QG donne un cachet différent et tranche avec les réunions du Synod; ce qui donne la possibilité de varier les intrigues. Mais généralement, le rythme est plutôt lancinant, voire presque contemplatif par moments.

L'univers proposé est également assez fourni et certains éléments ne demandent qu'à être développés : les Skrills, organismes génétiquement modifiés par les Taelons qui en ont fait une arme vivant en symbiose avec son hôte, la communalité qui est relie tous les esprits des la race alien, le fait que ces derniers avaient déjà envoyé un émissaire 2000 ans auparavant qui aurait donné aux humains des capacités psychiques leur permettant de s'y introduire, une sonde répliquant l'ADN à l'envie...

Il y a tout de même des défauts, comme les effets spéciaux qui sont régulièrement d'une profonde laideur, ou le côté "enquête de la semaine" des investigations de Boone. L'utilisation des caractéristiques du CVI est également agaçante, notamment en ce qui concerne sa capacité à donner à celui qui le porte une mémoire illimitée : au lieu de faire référence à des événements antérieurs au détour d'un dialogue, les images défilent de nouveau à l'écran. Rien de très subtil, donc.

Mais dans l'ensemble, la balance penche vers le positif puisque cette première saison est de bonne facture.

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