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Gilmore Girls, saison 6 :
La justesse étant un atout depuis ses débuts, à quelques exceptions près, une question s'impose au visionnage de cette saison : les scénaristes auraient-ils perdu leur bon sens ? Cela peut paraître dur d'emblée, mais les choix effectués sont le plus souvent discutables, quand ils ne vont pas à l'encontre de l'esprit de la série. Les rebondissements commencent à être éculés, et la psychologie des personnages devient aléatoire pour satisfaire un semblant de suspense qui devient presque néfaste.
Comme si l'inspiration s'était tarie d'un coup, tout ce qui fait l'originalité de Gilmore Girls disparaît, et le téléspectateur a la désagréable surprise d'être devant un drama plutôt classique. Difficile de l'accepter quand les standards sont habituellement un peu plus élevés.
Au lieu d'influencer les principaux fils rouge, les intrigues secondaires deviennent de plus en plus sporadiques et donnent droit à des évolutions pour le moins étonnantes. Passons Kirk et ses facéties habituelles, qui apporte toujours une nécessaire dose d'humour en étant toujours à côté de la plaque, pour en venir à Sookie et Jackson : leurs enfants sont tout bonnement invisibles, et c'est un petit peu gênant.
Il aurait été intéressant de se pencher un peu plus sur leur vie familiale, étroitement liée à la relation professionnelle que les deux époux entretiennent toujours. Au lieu de ça, ils doivent se débarrasser de la marijuana que Jackson découvre avec stupeur parmi ses plantations. Certes, c'est décalé, mais c'est surtout un aveu d'impuissance concernant leur développement quasi inexistant.
Cela concerne tout aussi bien Lane, dont la relation avec Zack ne colle pas vraiment. D'autant que Mrs Kim semble l'accepter sans plus de difficulté que cela, alors qu'elle menait la vie dure à un Dave bien plus attrayant à ses yeux. Dur d'avaler le fait qu'elle abandonne ses traditions et ses idéaux si rapidement, alors qu'elle a toujours été inflexible. Que dire quand elle s'invente experte dans le domaine de la musique en donnant des avis tranchés sur ce que fait Zack et qu'elle l'aide à écrire un hit...
Ce n'est pas très sérieux, et surtout pas vraiment crédible. Tout au plus, cela permet d'organiser le mariage de Lane, pour qu'une Lorelai complètement ivre s'y ridiculise en annonçant à tout le monde qu'elle ne se mariera pas à son tour. C'est bien là l'enjeu principal : il faut à tout prix empêcher cette fameuse union tant attendue entre Luke et Lorelai. Tous les moyens sont bons pour y parvenir, notamment la dispute qui oppose cette dernière à Rory. En effet, rien ne sera possible tant qu'elles ne seront pas réconciliées.
Par ailleurs, la jeune fille apprend à ses dépens que vivre avec ses grands-parents n'est pas une sinécure, et elle se retrouve confrontée à l'ingérence compulsive d'Emily, à tous les niveaux. Cela a au moins le mérite de remettre en perspective ce que sa mère a enduré pendant sa jeunesse. Le parallèle n'est pas inintéressant, d'autant que Rory pousse l'expérience un peu plus loin en participant pleinement aux réceptions que donne sa grand-mère, avant de s'apercevoir qu'elle prend le mauvais chemin.
Peut-être fallait-il qu'elle en passe par là pour trouver la même force intérieure que sa mère, qui l'autorise à se rebeller et à croire en ses capacités comme jamais auparavant. Il est juste dommage qu'elle ne s'en rende pas compte seule et qu'elle ait besoin d'un bon coup de pied aux fesses de la part de Jess, qui réapparaît ici ou là histoire de dire qu'il s'en sort et qu'il va devenir quelqu'un de bien.
Quel trublion ce Jess, tout de même. Sa venue ne manque pas de créer une énorme dispute entre Rory et Logan, car il fallait bien ajouter un peu de piment dans une relation qui se déroulait un peu trop bien, alors qu'elle est quelque part assez incongrue. Rory est toujours irrésistiblement attirée par Logan alors qu'il est la représentation d'un monde qu'elle n'apprécie pas.
Et ce dernier a beau justifier son attitude en prétextant qu'il doit profiter de sa vie avant qu'elle ne soit finie car son avenir lui est imposé, il reste tout de même un fils à papa désinvolte et le plus souvent irresponsable. C'est surtout un goujat, qui va se réfugier dans les bras d'autres filles à la moindre difficulté, et qui rachète l'amour avec son argent. Il n'y a guère que Christopher pour le trouver cool, finalement.
Celui-ci réapparaît encore et toujours, cette fois-ci parce qu'il est devenu riche. Une richesse tombée du ciel, bien commode pour qu'il vienne de nouveau jouer les trouble-fêtes tout comme Jess. Les fantômes du passé ne disparaissent jamais, et cela commence à devenir un peu trop répétitif. La ficelle est un peu trop grosse, et dégage Emily et Richard de toute responsabilité puisque Chris va désormais payer pour Yale.
Cela aurait dû sonner le glas des friday night dinners, mais Lorelai est prise de culpabilité et réussit à convaincre sa fille de continuer à y aller. Après tout ce qui s'est passé entre elle et ses parents, notamment l'hébergement de Rory sans avoir été consultée au préalable, cela sonne assez faux de la voir pardonner les multiples trahisons dont elle a été victime. Au moins cela mène-t-il à un dîner assez extraordinaire dans le 6.13 Friday Night's Alright For Fighting, alternant avec brio séquences de rires et de confrontations emplies de ressentiment.
Tout cela n'est rien en comparaison du véritable impair : April. Sans fustiger le personnage - au demeurant plutôt sympathique -, ce nouveau rebondissement imposé après la réconciliation entre Luke et Lorelai est presque une insulte tant cette manoeuvre est digne d'un mauvais soap. Qui plus est, cela rend Luke absolument détestable. Il a attendu Lorelai pendant des années, il lui a reproché de lui cacher ses entrevues avec Christopher, mais au final il fait exactement la même chose, quitte à la perdre.
Ce n'est pas dans l'esprit du personnage, il perd tout sens de la raison alors qu'il est d'un naturel pragmatique. De ce fait, le fossé qui se creuse dans le couple est complètement artificiel, et franchement malvenu. Plus encore quand la discorde pousse Lorelai à poser un ultimatum et à se retrouver dans les bras de Chris car Luke refuse de se laisser imposer quoi que ce soit. Ce qui la rend détestable aussi, par ailleurs.
Heureusement que Liz et TJ nous sont épargnés la majeure partie du temps, il ne manquerait plus que leur présence vienne phagocyter l'écran pour ajouter un soupçon d'antipathie à un show qui prend un bien mauvais tournant. La magie n'opère plus, à tel point que le final de la saison comporte une intrigue totalement secondaire autour d'une invasion de chanteurs de rue consécutive au départ en tournée du troubadour officiel de la ville.
À croire qu'il s'agit d'une tentative désespérée de rappeler le charme de Stars Hollow, dont les habitants deviennent de plus en plus shallow. Le plus malheureux, c'est que cette histoire emporte facilement l'adhésion au détriment du fil rouge : il faut sans doute y voir un signe sur la nécessité de redonner de la légèreté à l'ensemble.
Ceci étant, they will always have Paris, pour faire référence à une réplique de Lorelai dans la saison 4. Sa franchise est toujours autant dépréciée par ses pairs et appréciée par les téléspectateurs, et sa prise de conscience à propos de son incapacité à gérer une position de leader est bénéfique pour la suite. Enfin une évolution qui va dans le bon sens, ce qui n'est pas non plus suffisant pour faire de cette saison une réussite. Loin de là.
(voir aussi le bilan de Lurdo de la saison 6 de la série, publié sur ce blog en 2012)
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