Noël est passé, mais comme tous les ans, la Christmas Yulefest continue sur le blog des Téléphages Anonymes, avec au programme un marathon de cinéma festif pendant toutes les fêtes de fin d'année, et ce jusqu'à l'arrivée des Rois Mages...
Love Actually :
L'amour sous toutes ses formes est ici examiné au travers de neuf sous-intrigues qui s'entrecroisent, avec pour cadre les fêtes de Noël et des Londoniens qui tous se connaissent : David (Hugh Grant), le nouveau Premier Ministre, qui s'éprend de l'une de ses subordonnées (Martine McCutcheon) ; sa soeur Karen (Emma Thompson), dont le mari (Alan Rickman) est tenté par l'une de ses secrétaires ; l'une des collègues de ce dernier, Sarah (Laura Linney), dont la vie amoureuse est inexistante, car elle se consacre à son frère dépressif ; Daniel (Liam Neeson), un ami de Karen, qui élève seul Sam (Thomas Sangster) après la mort de sa mère ; Jamie (Colin Firth), un auteur de romans policiers, qui part pour la France après avoir été trompé, et y tombe amoureux d'Aurelia (Lucia Moniz), sa gouvernante portugaise ; Mark (Andrew Lincoln), amoureux de Juliet (Keira Knightley), qui vient d'épouser son meilleur ami ; John (Martin Freeman) et Judy (Joanna Page), deux doublures, qui se rencontrent sur un tournage ; Colin (Kris Marshall) un serveur anglais qui part pour les USA, persuadé que son accent le rendra irrésistible ; et Billy Mack (Bill Nighy), rockstar décatie qui tente un retour avec une chanson de Noël miteuse, et qui est bien décidé à saboter sa campagne promotionnelle...
Archétype même de la comédie romantique chorale, qui a profondément influencé le genre depuis sa sortie, il y a 13 ans, et qui est signée Richard Curtis, excellent scénariste s'il en est dans ce genre. Un film tellement apprécié par le grand public qu'il est devenu un classique de Noël outre-Atlantique, sur la seule force de son casting quatre étoiles... un film qui se définit lui-même comme "the ultimate romantic comedy" sur son affiche... et qui, il faut bien l'avouer, mérite ce titre, tant il accumule fidèlement tous les clichés du genre. Ou presque.
Parce que oui, je dois bien l'avouer, maintenant que j'ai survécu aux 2h15 de ce Love Actually (facilement 30 minutes de trop), je peux le dire : Love Actually est un film très très moyen, pour ne pas dire médiocre (au sens premier du terme).
C'est un film qui semble trop souvent résumer l'amour romantique à une caricature, et qui, à vrai dire, n'est pas vraiment une comédie romantique.
C'est une comédie sur l'idée de la romance, et sur ce qui précède la romance à proprement parler : en effet, de toutes les intrigues du film, la seule où le couple se fréquente, apprend à se connaître, apprend qu'il a des choses en commun, etc, et dépasse le stade de l'attraction physique, c'est Freeman/Page, l'une des sous-intrigues les moins développées du lot.
Les autres intrigues se limitent toutes, elles, à l'attraction physique des personnages les uns pour les autres : Hugh Grant flashe sur son assistante ; Rickman se fait allumer par sa secrétaire ; Sangster a un faible pour la jolie fille de l'école à qui il n'a jamais parlé ; Firth a le coup de foudre pour sa gouvernante lorsqu'il la voit en petite tenue (avec ralenti en prime) ; Lincoln est obsédé par Knightley, à qui il n'a jamais parlé ; Linney fantasme sur un collègue qui l'ignore ; et Marshall n'a qu'une envie : coucher avec des américaines.
Ainsi, d'un point de vue romance, Love Actually est plus que superficiel, puisqu'il se contente de ces moments "coup de foudre", qui, dans le film, finissent par être le point culminant de chaque relation : on nous montre le coup de foudre, le début de la relation... et c'est tout, ça s'arrête là.
Je comprends le pourquoi du comment, "tomber amoureux c'est formidable", etc, mais c'est le véritable problème du film : il se concentre sur un "best-of" des premiers moments de chaque relation, et comme il a beaucoup trop de personnages à développer, beaucoup trop de sous-intrigues à gérer, beaucoup trop de chansons pop (datées) à placer, beaucoup trop d'acteurs à servir, et tout et tout, il finit par donner l'impression de survoler toutes ces intrigues, toutes ces relations, ainsi que le propos fondamental et la subtilité que les premiers jets du script (probablement deux fois plus long) devaient probablement avoir.
Généralement, lorsque l'on critique ce film, on se voit répliquer qu'on n'a rien compris à sa subtilité, que ce n'est pas qu'une simple comédie romantique, et que c'est un film sur l'amour au sens large, sous toutes ses formes : filial, fraternel, romantique, impossible, à sens unique, charnel, etc ; oui, mais malheureusement, il se concentre tellement sur une certaine idée de l'amour romantique, résumée à sa plus simple expression par des contraintes de temps, que la plupart des autres formes, plus subtiles, finissent par être anecdotiques ou éclipsées (seule exception faite de Neeson/Sangster).
Bref, un film pas assez subtil, pas assez mesuré, qui aurait sérieusement gagné à tailler sérieusement dans la masse de son script, et à ne garder que cinq ou six des neuf intrigues principales, pour mieux les développer, et les rendre plus satisfaisantes.
Ajoutez à cela une illustration musicale, qu'elle soit orchestrale ou pop, beaucoup trop envahissante et omniprésente, et l'on se retrouve avec une rom-com qui survit grâce à la force de sa distribution, à sa décontraction british, et à des ébauches d'idées jamais particulièrement abouties.
3/6 (en plus, Noël est vraiment un prétexte qui n'apporte rien au film, qui aurait probablement été plus pertinent placé à la Saint Valentin...)
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