Noël approche, et comme tous les ans, c'est l'heure de la Christmas Yulefest sur le blog des Téléphages Anonymes, avec au programme un marathon de cinéma festif pendant toutes les fêtes de fin d'année...
Bad Santa :
Willie (Billy Bob Thornton) est un criminel à la petite semaine qui, chaque année, se déguise en Père Noël et, avec son partenaire (Tony Cox), se fait embaucher comme Père Noël de grand magasin, pour repérer les lieux, et les dévaliser après leur fermeture. Mais Willie, dépressif, alcoolique et erratique, est de moins en moins fiable, et cette année, pour son nouveau casse, il s'installe chez un jeune garçon pas très vif d'esprit (Brett Kelly), qui vit seul avec sa grand-mère (Cloris Leachman)...
Treize ans après sa sortie en salles, et alors que sa suite sort outre-Atlantique (et se fait gentiment démolir par la critique), j'ai cru bon de m'intéresser de nouveau à ce qui est devenu, chez nos amis anglosaxons, un classique du cinéma de Noël.
Un statut de film culte qui ne m'a jamais vraiment parlé, tant lorsque de mon premier (et unique) visionnage de ce métrage, il y a de cela bien des années, j'étais resté de marbre devant ce qui me semblait une comédie noire assez bancale et gratuite dans sa provocation, et surtout beaucoup trop cynique pour moi (ce n'est pas surprenant, d'ailleurs, de voir que toute une génération a adopté ce film comme film culte de Noël, tout en rejetant tout le reste du genre, trop sentimental et sincère à son goût).
Une première impression pas forcément injustifiée, tant Bad Santa a connu une gestation très compliquée : produit par Dimension & les Weinstein (réputés pour leur interventionnisme forcené) et par les frères Coen (responsable d'une refonte totale du script), réalisé par Terry Zwigoff, écrit et réécrit par plusieurs scénaristes non-crédités, Bad Santa, premier du nom, a connu trois montages différents. Le montage cinéma, de 91 minutes ; la version longue et unrated (de 98 minutes) ; et le director's cut, de 88 minutes... des versions qui souffrent toutes de problèmes divers et variés (le montage cinéma m'a toujours paru bancal, comme je l'ai dit, suite à l'interventionnisme du studio ; la version longue a été rallongée à l'arrache par Dimension pour la sortie d'un dvd, et ne fait que délayer inutilement le tout, avec des scènes pas très pertinentes ; et le director's cut saborde le film en éliminant de nombreux gags et moments drôles, pour s'apesantir fortement sur la noirceur et le cynisme du récit), et qui expliquent probablement pourquoi aucune version actuelle du film ne m'a jamais vraiment convaincu.
C'est difficile à expliquer, mais il se dégage vraiment du métrage une étrange impression d'inachevé, d'inabouti. Thornton se joue plus ou moins lui-même, donc il est bon, et l'enfant l'est tout autant, mais les autres personnages semblent tous survolés : Lauren Graham a un rôle très ingrat et quasi-inexistant, Bernie Mac n'apporte rien au film, Ritter est sous-utilisé, Leachman fait de la figuration, et Tony Cox... disons qu'il ne m'a jamais particulièrement convaincu comme acteur (c'est probablement pour cela que les Coen ne voulaient pas de lui dans le rôle).
Reste alors le ressort comique principal du film (un Santa libidineux, alcoolique et vulgaire), et son ressort dramatique (la relation Santa/enfant, qui mène à une semi-rédemption) : deux ressorts qui ne fonctionnent qu'à moitié, en partie à cause de la nonchalance de la réalisation, mais aussi parce que ces deux axes sont assez répétitifs, et balisés. Encore plus aujourd'hui, alors que Bad Santa a engendré d'innombrables clones dans tous les domaines (Bad Teacher/Grandpa/Dads/Moms etc, etc, etc), aux grosses ficelles toutes identiques, et qui s'affaiblissent mutuellement à mesure que le genre s'épuise et que la médiocrité s'installe.
Dans l'ensemble, Bad Santa reste distrayant, et son illustration musicale est plutôt amusante, mais quelle que soit la version, ça tourne beaucoup trop à vide pour moi.
Un petit 3/6
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