Whiskey Tango Foxtrot :
Alors que les USA s'engagent de nouveau en Irak, en 2002, Kim Baker (Tina Fey) journaliste américaine désenchantée et malheureuse, est envoyée en Afghanistan malgré son inexpérience totale du terrain. Là, elle rencontre la seule autre femme reporter de terrain (Margot Robbie), sympathise avec son correspondant local Fahim (Christopher Abbott), et finit par tomber sous le charme de Iain (Martin Freeman), un photographe écossais à la réputation désastreuse...
Un film vraiment inégal et frustrant, tant il tente d'être tout et son contraire au cours de ses deux heures (une durée inutile, au vu du récit), et n'y parvient que très très épisodiquement.
Outre le côté biopic (le film est l'adaptation du livre auto-biographique de la véritable Kim Baker), W.T.F. tente d'être un travelogue façon Mange, Prie, Aime et compagnie, avec cette femme malheureuse en amour et dans la vie, et qui parvient à trouver un sens à cette dernière, et une certaine sérénité, en partant se confronter à un pays et à des traditions qui lui sont étrangères ; ce qui va de pair avec une comédie romantique assez basique, dans laquelle le photographe un peu goujat et rebutant au premier abord finit par s'avérer romantique, attachant et sympathique ; en parallèle, ça tente de jouer la carte de la comédie satirique, un peu à la M.A.S.H. avec une Tina Fey qui joue Tina Fey pendant une grosse partie du film ; sans oublier la carte du film de guerre bien dramatique, patriotique et sérieux, que le métrage joue régulièrement, et assez graphiquement, le tout saupoudré d'une banale histoire de trahison et d'ambition professionnelle (avec le personnage de Margot Robbie, semi-figurante, qui n'apporte pas grand chose, si ce n'est une antagoniste un peu artificielle vers la fin du film).
Le problème étant que chacune de ces approches est en demi-teinte, et qu'en tentant de ménager la chèvre et le chou, les réalisateurs et le scénariste (issus du SNL/30 Rock/Kimmy Schmidt et de Bad Santa/Comme Chiens et Chats) se retrouvent à jongler avec des tonalités qui contrastent vraiment brutalement.
Le voyage initiatique de découverte de soi et le biopic ? Difficile à apprécier lorsque l'héroïne est tour à tout montrée comme arriviste, manipulatrice, tête brûlée, voire un peu stupide, au gré des changements de direction du film.
La romance ? Elle fonctionne plus ou moins, grâce aux deux acteurs, mais est particulièrement téléphonée.
La comédie satirique ? Assez basique, plombée par des personnages particulièrement caricaturaux, et des réactions/répliques dignes d'un sketch assez moyen.
Quant au film de guerre, s'il est présent en filigrane, la guerre finit par passer au second plan, voire même par être éclipsée par le reste du métrage, au point que ça pourrait presque en devenir génant, par moments, de voir un film supposé se dérouler en Afghanistan être à ce point centré sur la bulle occidentale occupée par les journalistes de guerre : le pays, sa guerre, ne sont gère plus qu'une vague toile de fond qui n'intéresse pas vraiment la production, si ce n'est pour motiver l'évolution du personnage principal.
(qui plus est, on pourrait débattre du casting de deux occidentaux vaguement latins - Molina & Abbott - pour jouer les deux principaux Afghans du film, mais bon...)
Bref, un long-métrage hybride pas extrêmement bien filmé (ça fait parfois un peu trop téléfilm), qui se perd en chemin, et ne convainc que trop rarement, mais survit sur la force (et le capital-sympathie) de ses interprètes principaux.
3/6
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