Les débuts difficiles de Star Trek : The Next Generation, tels que vécus par les scénaristes et acteurs de la série...
Un documentaire d'une heure réalisé, écrit et présenté par Bill Shatner, et qui a pour objectif principal de démythifier Gene Roddenberry, au travers des témoignages quasi-unanimes de la majorité des scénaristes de STTNG, ainsi que de certains acteurs.
On nous y présente ainsi un Gene caractériel, qui avait mal supporté la traversée du désert séparant TOS du premier film, en gardait une certaine amertume, un certain égo surgonflé, et qui s'adonnait régulièrement à la drogue et l'alcool en quantités importantes lorsque CBS/Paramount ont voulu lancer Next Gen.
Une bonne grosse cure de désintox plus tard, et voici le Gene de retour (un peu à son insu) aux commandes la franchise, à se prendre la tête avec le président de la chaîne et les exécutifs, à remettre en question la moindre décision qui n'était pas de lui, et de manière générale, à faire un carnage dans la salle d'écriture de la série, virant les scénaristes à la pelle, et réécrivant des morceaux de scripts au dernier moment juste pour pouvoir apposer son nom sur ceux-ci (et toucher une partie des royalties ^^).
Pour ne rien faciliter, avec son état de santé déclinant, Roddenberry avait délégué beaucoup de pouvoirs à son avocat, une fouine haïe par tout le monde, qui écoutait aux portes, revenait la nuit pour lire les scripts et s'introduire sur les ordinateurs des scénaristes, espionnait ces derniers, et faisait ses propres corrections sur les scripts, corrections qu'il faisait passer pour celles de Gene.
Bref, ceci est un portrait très corrosif du personnage que Gene Roddenberry s'était créé : dans les années 60, de son propre aveu, il s'imaginait bien comme Kirk, dragueur et héroïque ; dans les années 80, son image de lui-même avait évolué, et il se voulait à mi-chemin entre Picard et Q, une sorte d'entité supérieure capable de mener l'humanité dans une direction meilleure ; comme le rappelent certains intervenants, Roddenberry connaissait bien L. Ron Hubbard, et lui aurait dit un jour que s'il l'avait voulu, il aurait pu faire de Star Trek sa propre Scientologie.
Au nombre des intervenants, on notera deux personnes qui prennent la défense de Gene plus que les autres : Richard Arnold, très proche de Gene de son vivant, placé par ce dernier à la tête des produits dérivés littéraires de Star Trek, et dont le surnom parmi la fanbase est celui de l'un des officiers nazis dans un vieil épisode de TOS (^^), et Maurice Hurley, le showrunner choisi personnellement par Gene, qui est persuadé que la meilleure chose arrivée à Star Trek, c'est son arrivée sur la franchise, ainsi que la manière dont il a su largement améliorer la vision utopique de Gene (jusqu'à dépasser le maître !), et qui est parti juste avant la s3, pour de nombreuses raisons, notamment la réaction toujours hostile des fans, avec leur "STTNG, ce n'est pas du Star Trek, Star Trek, ce n'est pas ça du tout, aux chiottes les scénaristes".
Heureusement qu'il est parti, et que Piller, que tout le monde adore dans le documentaire, est arrivé juste après.
Un documentaire qui est donc intéressant, bien que forcément un peu biaisé en l'absence inévitable de son sujet ; au niveau de la forme, on alterne entre interviews et reconstitutions animées assez amusantes, mais à la fin du documentaire, j'ai tout de même eu l'impression qu'il manquait 20 bonnes minutes pour bien couvrir tout ce qu'il y avait à dire sur le Grand Oiseau de la Galaxie. M'enfin bon.
4/6
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