Jim Henson's Turkey Hollow :
À l'occasion de Thanksgiving, la famille Emmerson - Ron (Jay Harrington), le père divorcé obnubilé par son travail, Tim (Graham Verchere), le garçon curieux, et Annie (Genevieve Buechner), sa grande soeur adolescente et sarcastique - se rendent dans la petite ville de Turkey Hollow pour rendre visite à leur tante Cly (Mary Steenburgen), une hippie écologiste végane et luddite, qui vit au milieu des bois. Bien vite, Tim et Annie s'intéressent à la légende locale du Hoodoo Hurlant, une créature terrifiante vivant dans la forêt. Mais alors qu'ils découvrent là l'existence de créatures étranges et inoffensives, ils mettent aussi à jour le sinistre complot criminel d'un voisin malhonnête, éleveur de dindes stéroïdées...
En 2014, totalement dépassée par les innombrables métrages de Noël produits à la chaîne par la concurrence, la chaîne Lifetime avait tenté une approche différente, et, outre un clone assumé de Christmas Story, avait produit le pitoyable Grumpy Cat's Worst Christmas Ever, un métrage opportuniste au possible, qui tentait de créer pour les films de Noël l'équivalent de Sharknado pour les films fantastiques : un truc tellement barré et risible que tout le monde en parle, tout le monde s'en moque, tout le monde twitte, et pendant ce temps-là, la chaîne gagne énormément de $$$ avec les publicités.
Sauf qu'apparemment, récupérer un meme du web, et le placer au coeur d'un film de Noël niais n'était pas suffisant pour créer le buzz, puisque Lifetime avait débauché Aubrey Plaza pour doubler le Grumpy Cat en question, et transformer le film en monument de cynisme se moquant ouvertement de ses spectacteurs, avec le Cat qui leur disait en substance, à plusieurs reprises, "bah oui, vous êtes en train de regarder un film de merde, mais bon, vous êtes trop cons pour zapper, donc restez encore un peu, le temps des publicités, histoire qu'on se fasse encore plus d'argent sur votre dos". Et le pari avait marché, les spectateurs ayant apparemment adoré être pris pour des cons, etc...
Cette année, toujours pour contrer la programmation envahissante de la concurrence, Lifetime a choisi l'approche inverse, en faisant un métrage hyper-sincère, adapté d'un concept de Jim Henson (et de son adaptation inachevée en film dans les années 60, puis en bande-dessinée, plus récemment) et qui aurait pu être directement diffusé sur une chaîne de télévision américaine dans les années 80, tant ça en a le cachet et le parfum.
Dans tout ce que ça a de mauvais, malheureusement.
Parce que malgré tout, cela reste une production Lifetime, et donc, le script est affreusement cousu de fil blanc. Pire, j'ai envie de dire qu'il est à déconseiller aux plus de 8 ans (ce qui est assez paradoxal, compte tenu du public de la chaîne).
Mais passe encore que le script soit niais, balisé, jamais drôle, mal rythmé, avec des personnages-clichés (le bad guy et ses deux sbires rednecks débiles, au secours), et tout un postulat de départ ultra-dérivatif (car, oui, l'adaptation du concept de Jim Henson est ici TRÈS libre, passant notamment à la trappe tout le caractère musical des monstres, et les chansons écrites à l'époque)... passe encore, du moment que l'intérêt principal du film réponde aux attentes du spectateur : les monstres.
Et là, patatras. Déjà, il faut une demi-heure pour qu'ils apparaissent. Ensuite, ils n'ont qu'un petit quart d'heure (20 minutes, au maximum) de présence à l'écran sur tout le film.
Et enfin... et bien ils ne sont pas très réussis, tout simplement. Oui, ce sont des marionnettes typiquement Hensoniennes dans leur apparence, mais elles sont malheureusement aussi très simplistes, sans réelle personnalité, se contentant de déblatérer des onomatopées puériles et de se promener dans les bois, cadrées suffisamment haut pour ne pas avoir à animer de jambes/pattes.
Ces créatures (des sortes de petits chats-gobelins poilus mangeurs de pierre) ne servent à rien pendant les 3/4 du film, leurs interactions avec les enfants sont ultra-limitées, et privés de leur musicalité, il est difficile de les trouver attachants ou intéressants.
Et comme en plus le récit est encadré par une narration nonchalante et décalée d'un Ludacris, tour à tour en voix off et sur fond vert, soulignant la prédictibilité du script et se disputant avec une marionnette, le tout s'avère particulièrement décevant et routinier, pour ne pas dire parfois mauvais, et grandement dépourvu de charme.
Encore une fois, peut-être qu'un enfant de 8 ans trouverait le tout fascinant... mais même là, j'en doute, tant les marionnettes sont sous-exploitées et anecdotiques, et que, de toute façon, un enfant ne regarderait probablement pas Lifetime, la chaîne des femmes en danger, des biopics fauchés et des reconstitutions façon "les coulisses Interdites" de séries populaires des 80s et 90s.
2/6
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