Dora (Chloe Rose), une adolescente totalement normale, découvre le jour d'Halloween qu'elle est enceinte de quatre semaines. Paniquée, elle rentre chez elle et, tandis que sa mère et son frère vont faire la tournée des maisons pour récolter des bonbons, elle reste seule. Bien vite, cependant, des enfants étranges et menaçants viennent frapper à sa porte, avec une seule demande : le bébé de Dora, qui grandit de manière précipitée et surnaturelle dans son ventre...
Un long-métrage canadien (du réalisateur de l'intéressant Pontypool) particulièrement frustrant et décevant, pour une raison toute simple : pour chaque bonne idée ou image marquante, il y a là une mauvaise idée et une image ratée.
Pour faire simple, ce Hellions marche directement dans les traces de l'excellent Trick'r'Treat, mais en adoptant une approche particulièrement onirique et... hum... psychédélique.
Il en résulte un film d'Halloween plutôt réussi visuellement, musicalement (l'ambiance sonore est excellente, notamment grâce à la bande originale composée de choeurs enfantins sinistres chantant des gnagnagnagnagnagnaaaaa entêtants), et finalement assez fascinant... mais aussi bourré de défauts très évidents.
Commençons par le plus évident : en s'ouvrant sur Dora dans un hôpital, affaiblie et malade, et s'approchant de la fenêtre de la maternité, les enjeux de tout le métrage tombent immédiatement à l'eau, puisqu'on comprend aussitôt que Dora va survivre à tout ce qui pourra arriver ensuite. D'autant que, pour en rajouter une couche, le film insiste régulièrement et très lourdement sur le fait que tout pourrait bien n'être qu'un rêve de Dora, une hallucination, bref, une grosse métaphore de ses peurs et de ses craintes vis à vis de sa maternité imprévue.
On se retrouve donc avec des scènes oniriques à répétition, des réveils en sursaut, des illusions et autres hallucinations, qui imposent une distance sérieuse entre le spectateur et ce que l'on voit à l'écran : puisque l'on ne peut rien prendre pour argent comptant - et surtout pas la menace des diablotins -, et puisque l'on s'attend constamment à découvrir que l'on regarde une séquence onirique, impossible d'éprouver la moindre peur ou angoisse pour les protagonistes du récit.
Ces problèmes de structure et de choix narratifs handicapent donc sérieusement ce Hellions, tout comme le filtre rosâtre assez laid utilisé pour 70% des images du film, servant à illustrer le caractère onirique des scènes, et, plus prosaïquement, à cacher le fait que la majeure partie du métrage a été tournée en nuit américaine.
Idem pour les nombreux effets de montage, de flou, d'accéléré, de colorisation, etc, qui appuient encore le surréalisme de cette oeuvre, mais finissent par ressembler à des techniques de meublage pour un récit qui perd rapidement en cohérence et en intérêt.
(accessoirement, ce manque de structure et ces effets visuels permettent au réalisateur de ne pas trop se soucier de la continuité et des détails, comme par exemple l'empreinte sanglante laissée sur la robe de Dora en début de film, et qui n'est jamais deux fois la même en fonction des scènes ; erreur de continuité, ou manifestation délibérée du caractère irréel du récit, le résultat est le même : ça se remarque.)
Et si l'on finit par se laisser un peu emporter par le métrage, c'est bien en dépit de son script, et de ses personnages sous-développés (mention spéciale à Robert Patrick, uniquement là pour servir de vecteur d'exposition à mi-film, et qui repart aussitôt).
Pire : de temps en temps, de très mauvaises idées surgissent, et arrachent le spectateur à cette ambiance étrange et malgré tout prenante. Ici, quelques images d'une ferme d'alpagas dans la campagne ; là, des images pseudo-échographiques du bébé monstrueux qui grandit dans le ventre de Dora ; là encore, une course dans un champ de citrouilles qui explosent dans des détonations numériques immondes ; ou encore un reflet dans un miroir, qui mange un foetus en plastique au bout d'une fourchette...
C'est d'autant plus frustrant que le film regorge d'idées visuelles et de plans splendides typiques d'Halloween, et que les diablotins ont un design et une présence indubitablement réussis et marquants (même si l'un d'entre eux lorgne très fortement sur le Sam de Trick 'r' Treat).
Mais tout cela est dilué dans cette overdose de surréalisme et d'onirisme sibyllin, qui finit par être épuisant pour le spectateur, et dans laquelle le récit se perd jusqu'à n'aller nulle part, sa conclusion énigmatique achevant de frustrer et d'agacer.
Le même soin apporté au visuel, avec un script plus fort, et on tenait là un nouveau classique d'Halloween. Là, malheureusement, c'est un coup pour rien.
2.5/6 (principalement pour l'ambiance et pour la direction artistique - teinte rosâtre exceptée)
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