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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Un film, un jour (ou presque) #1227 : Vice (2018)

Publié le 12 Juin 2020 par Lurdo in Biographie, Cinéma, Comédie, Critiques éclair, Drame, Histoire, Review, Thriller, USA, Politique

Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus. ​​

Vice (2018) :

La vie et le parcours de Dick Cheney (Christian Bale), éminence grise du pouvoir républicain qui a tiré les ficelles du gouvernement américain pendant des décennies...

Un biopic signé Adam McKay, et très inspiré par son The Big Short : le casse du siècle de 2015 : même approche satirique et goguenarde, mi-documentaire mi-fiction, de son sujet, même recours à des artifices de réalisation, de montage, et à des excentricités visuelles en tous genres pour dynamiser le tout, et même distribution prestigieuse.

Et en théorie, ça aurait dû me plaire. Alors certes, quiconque a un peu suivi la vie politique américaine de ces 50 dernières années, que ce soit par les infos ou de manière plus approfondie, n'apprendra rien de vraiment nouveau, surtout dans un métrage aussi ouvertement partisan : oui, aux yeux de McKay, les Républicains sont des ordures finies et cyniques responsables de tous les maux actuels de l'Amérique, oui, les grandes figures du parti n'ont que faire du peuple américain et ne sont là que pour s'enrichir et satisfaire leur désir de pouvoir, oui, Dick Cheney est un personnage arriviste sans foi ni loi, oui, il a manipulé, triché, menti et tué (indirectement) pour parvenir à ses fins... what else is new ?

Pendant une grosse moitié de film, malgré des défauts parfois visibles (le film fait l'impasse sur le passage de Dick Cheney du statut d'étudiant raté et alcoolique à aide républicain maîtrisé et sobre, ou encore sur son travail de Secrétaire à la Défense durant la première Guerre du Golfe, le montage déstructuré n'est pas toujours pertinent, l'artifice du narrateur se résume finalement à un "tout ça pour ça"), j'étais plutôt amusé par ce métrage qui brosse ses spectateurs démocrates dans le sens du poil, mais qui le fait de manière dynamique, et est porté par une prestation impeccable de Christian Bale et d'Amy Adams.

Et puis progressivement, à partir du gag du faux générique de fin, j'ai commencé à perdre patience. Il faut dire qu'avec sa durée de 2h15, le film prend son temps développant notamment en long, en large et en travers l'après 11 septembre, et la manière dont Cheney a pris les rênes du pouvoir face à un W. Bush incompétent et idiot (Sam Rockwell) digne du SNL.

Le film tombe ainsi progressivement dans une routine frôlant parfois le résumé wikipedia des exactions de Cheney, une succession de vignettes parfois caricaturales, alternée avec des effets de style gratuits et complaisants dont l'accumulation m'a lassé : séquence écrite à la manière de Shakespeare, musique dissonante, montage mettant en parallèle le sort tragique des USA et l'opération cardiaque de Cheney, gimmick du narrateur (Jesse Plemmons), dîner métaphorique des Républicains dans un restaurant servant de la chair humaine, monologue de fin face caméra (bien moins efficace qu'il ne pense l'être), générique de fin sur du West Side Story, post-générique sur les spectateurs de la projection test du film, etc, etc, etc...

Bref, à trop multiplier les effets de manche humoristiques et les gimmicks de réalisation ou de montage, à trop forcer le trait, le film m'a semblé se déliter progressivement, et, dépourvu d'une véritable structure ou d'un fil narratif autre que "le déroulement chronologique de la vie de Cheney", il n'a pas su conserver mon intérêt.

D'autant que finalement, le message peu subtil et irrévérencieux du film reste toujours le même, manquant d'un certain recul ou d'une maîtrise à la Oliver Stone pour vraiment fonctionner (ou paraître sincère), et paraissant parfois étrangement évasif sur ce qui fait vraiment la personnalité de Cheney.

3/6 (pour l'interprétation)

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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...

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