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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Un film, un jour (ou presque) #1100 : Jay and Silent Bob Reboot (2019)

Publié le 20 Janvier 2020 par Lurdo in Action, Aventure, Cinéma, Comédie, Critiques éclair, Review, Science-Fiction

Au programme : un film par jour, cinq jours par semaine, et des critiques d'une vingtaine de lignes, tout au plus... ​​

Jay and Silent Bob Reboot (2019) :

Lorsqu'ils apprennent que Saban Films a prévu de relancer une nouvelle fois les aventures de Bluntman et Chronic au cinéma, et détiennent les droits de leurs noms, Jay et Silent Bob (Jason Mewes, Kevin Smith) décident d'empêcher ce projet de voir le jour. Pour cela, ils prennent la route pour rejoindre au plus vite la Chronicon, grande convention où le projet va être dévoilé par son réalisateur, Kevin Smith. Mais en chemin, le duo va devoir composer avec Milly (Harley Quinn Smith), la fille cachée de Jay, et ses amies (Treshelle Edmond, Aparna Brielle, Alice Wen)...

Je l'ai déjà mentionné sur ce blog, mais depuis qu'il a découvert la marijuana, Kevin Smith part gentiment en vrille, du moins créativement (sa production cinématographique est de plus en plus faible et sous-développée). Depuis son dernier film, Yoga Hosers, Smith a cependant eu une crise cardiaque massive, qui l'a amené à repenser un peu son existence, sa santé (il a perdu beaucoup de poids) et son travail (il se concentre désormais sur la réalisation télévisée, moins stressante et épuisante).

Avec ce Jay and Silent Bob Reboot, cependant, Smith semblait vouloir boucler la boucle de ses deux personnages fétiches, pour produire un baroud d'honneur, une sorte de film-somme revenant sur toute sa carrière, et sur les personnages de ses divers longs-métrages, de Mallrats à Dogma, en passant par Chasing Amy, Clerks, et autres films plus ou moins réussis...

Un film-somme clairement pensé par et pour les fans, et qui s'inscrit dans la continuité directe de Jay et Silent Bob Contre-attaquent : même format road-movie, même concept global, même défilé de visages familiers, et même fanservice particulièrement prononcé ; malheureusement, ce Reboot n'a pas le rythme ni la folie décomplexée de son modèle.

Étrangement nonchalant et parfois laborieux (avec de longs passages à vide sans réel intérêt - toute la visite chez le KKK), J&SBR semble tenter de concilier le format de Jay et Silent Bob Contre-Attaquent avec les digressions habituelles de Smith sur l'industrie hollywoodienne et la tendance aux reboots/remakes (régulièrement, des scènes maladroites voient les personnages expliquer et analyser les dessous de l'industrie, à un point tel qu'on a l'impression d'assister à l'un des stand-ups de Smith), et avec tout un propos sur la parentalité.

Car derrière son humour de stoner, ses caméos plus ou moins inspirés (plutôt moins que plus, d'ailleurs), ses personnages qui viennent, le temps d'une scène, expliquer ce qu'ils sont devenus depuis la fin de leur film (Damon reprend son personnage d'ange de Dogma et s'improvise narrateur le temps d'une scène, le cast de Clerks revient en noir et blanc pour un plan ou deux, Joey Laurel Adams et Ben Affleck réapparaissent pour apporter une conclusion aux personnages de Chasing Amy...), ce métrage reste un moyen, pour Smith, de mettre en parallèle le concept de reboot cinématographique à celui de reboot biologique : le fait d'avoir des enfants, de les voir ressembler à leurs parents, tout étant suffisamment différents pour exister indépendamment de ceux-ci (autrement dit, la thèse du film est qu'un bon parent donne lieu à un enfant qui est son reboot - des éléments similaires, mais un résultat différent et potentiellement meilleur, et qui apporte un autre éclairage à l’œuvre d'origine - alors qu'un mauvais parent donne lieu à un remake - le même, qui répète les mêmes erreurs et n'améliore en rien l'original).

Toute une thématique qui s'exprime au travers du personnage de Jay et de sa fille, une sous-intrigue qui, de manière étonnante, fonctionne très bien, car touchante et bien interprétée par Mewes et par la fille de Smith (et qui évoque un peu le travail de Smith sur Jersey Girl).

Après, tous ces éléments se marient de manière tout de même très bancale, et à moins d'être un über-fan de Smith, et de connaître tous ses films, le fanservice ne suffit pas vraiment pour en faire un tout cohérent et intéressant.

C'est décousu, c'est bordélique, ça tombe souvent à plat (ce qui n'est pas forcément surprenant, puisque le script de J&SBR est un patchwork composé de morceaux de scripts de Mallrats 2 et de Clerks 3, entre autres), c'est beaucoup moins drôle, malin et pertinent que ça semble penser l'être, mais ça se regarde tout de même, principalement parce que ça reste sincère, et que Smith maîtrise toujours très bien l'auto-critique et l'auto-dérision.

3/6 (parce que j'ai toujours de la sympathie pour la filmographie du réalisateur, et pour ses personnages, mais honnêtement, ça ne les vaut pas franchement)

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Et comme toujours, vous pouvez retrouver la liste complète de tous les films passés en revue sur ce blog dans le menu Index de haut de page, ou en cliquant directement sur ce lien (000-1000) et sur celui-ci (1001-2000)...

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