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LES TÉLÉPHAGES ANONYMES

Il était une fois Lurdo & Sygbab, deux internautes passionnés de séries tv et de cinéma, et qui cherchaient un endroit où archiver leurs avis (semi) éclairés...

Les bilans de Lurdo : After Life, saison 1 (2019)

Publié le 18 Mai 2019 par Lurdo in Comédie, Drame, Les bilans de Lurdo, Netflix, Review, Télévision, UK

Comédie dramatique produite, réalisée et écrite pour Netflix par Ricky Gervais, After Life prend la forme de 6 épisodes de 25-30 minutes, intégralement centrés sur le personnage de Tony, interprété par Gervais, et sur la manière dont il gère le décès de son épouse...

After Life, saison 1 (2019) :

Profondément ébranlé par le décès de son épouse suite à un cancer, Tony (Ricky Gervais), reporter dans un journal local gratuit, peine à retrouver un sens à sa vie. Décidé à ne plus se laisser marcher sur les pieds par quiconque, et possiblement à faire souffrir autrui autant que lui souffre encore, Tony choisit alors de ne plus faire et dire que ce dont il a envie, quoi que son entourage puisse en penser...

Ce n'est pas nouveau : tout au long de sa carrière, Ricky Gervais a eu deux visages.

Tout d'abord, celui qu'il arbore sur scène et en interview, dans ses films et dans ses séries, un personnage misanthrope, sarcastique, clairement persuadé d'être entouré d'abrutis nettement plus bêtes que lui, une tête à claques égocentrique et moqueuse au petit sourire narquois, qui se targue d'être provocateur et de ne pas tenir compte des normes d'autrui.

Et puis il y a un second visage plus sincère, plus touchant et émotionnel, un pathétisme que l'on peut distinguer en filigrane, mais qui, trop souvent, est éclipsé derrière cette arrogance (de façade ?).

Généralement, les projets conçus en collaboration avec Stephen Merchant permettent aux deux hommes d'équilibrer leurs forces et leurs faiblesses respectives ; en solo, cependant, Gervais a tendance à laisser sa misanthropie prendre le dessus, ce qui peut le rendre assez agaçant.

Pour After Life, Gervais est en solo, et au premier abord, on est pile dans son personnage habituel de misanthrope, ici drapé dans des atours de veuf endeuillé. Et comme d'habitude, il est entouré d'idiots, auxquels il dit leurs quatre vérités, et devant lesquels il s'adonne ponctuellement à des sermons sur son athéisme, etc.

La routine, en somme, une routine un peu mélancolique (deuil oblige), et parfois émaillée de scènes touchantes avec sa chienne - à chaque fois que Tony veut se suicider, c'est son amour de cet animal qui l'empêche de passer à l'acte) - ou avec son père. Mais malgré une distribution convaincante, aux nombreux visages familiers - Tony Way, Ashley Jensen, David Bradley, Penelope Wilson, David Earl, Tim Plester, etc - les personnages secondaires restent trop souvent à peine esquissés, et éclipsés par Gervais (notamment Mandeep Dhillon, la journaliste débutante indienne, qui a un développement proche du néant).

C'est donc le Gervais show habituel, qui plaira aux amateurs et ne convaincra pas les sceptiques... mais progressivement, plus la saison avance, et plus Gervais semble remettre en question le personnage cynique et moqueur qui est le sien sur scène et dans la vie.

L'émotion commence alors à se frayer un chemin (malgré quelques moments sombres, comme la mort du SDF, par la faute de Tony), tandis que notre héros asocial connaît une prise de conscience, et revient "du côté clair" de la force, prêt à entamer une nouvelle vie plus sereine.

Le seul problème, c'est que, comme je le disais, Gervais manque d'équilibre en solo. Ce qui se traduit, ici, par une happy end sirupeuse et pataude pour tous les personnages secondaires, comme si Gervais cherchait à faire amende honorable, par le biais de son personnage, pour toutes les provocations qu'il a pu faire au fil des ans...

Au final, After Life s'avère une série assez inégale, et, comme son créateur, elle possède deux facettes qui se marient très maladroitement : ce n'est pas désagréable à suivre, le format fait que tout ça se regarde facilement, et c'est même assez amusant, mais c'est très imparfait, et ça aurait mérité l'influence d'un second scénariste pour aider Gervais à garder le contrôle de ses défauts d'écriture habituels...

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